samedi 1 septembre 2018

Journal de la Commune


Le comité central de la fédération républicaine de la garde nationale vient d’adresser la proclamation suivante aux habitants de Paris : Citoyens,
Ce qui se passe en ce moment est l’éternelle histoire des criminels cherchant à se soustraire au châtiment en commettant un dernier crime qui leur permette de régner, impunis, par l’épouvante !
Ils sont une poignée de parjures, de traîtres, de faussaires et d’assassins, qui veulent noyer la justice dans le sang. La guerre civile est leur dernière chance de salut ; ils la déchaînent : qu’ils soient mille fois maudits et qu’ils périssent !
Citoyens de Paris, nous voici revenus aux grands jours de sublime héroïsme et de vertus suprêmes ! Le bonheur du pays, l’avenir du monde entier sont dans vos mains. C’est la bénédiction ou la malédiction des générations futures qui vous attend.
Travailleurs, ne vous y trompez pas : c’est la grande lutte, c’est le parasitisme et le travail, l’exploitation et la production, qui sont aux prises. Si vous êtes las de végéter dans l’ignorance et de croupir dans la misère ; si vous voulez que vos enfants soient des hommes ayant le bénéfice de leur travail, et non des sortes
d’animaux dressés pour l’atelier ou pour le combat, fécondant de leurs sueurs la fortune d’un exploiteur, ou répandant leur sang pour un despote ; si vous ne voulez plus que vos filles, que vous ne pouvez élever et surveiller à votre gré, soient des instruments de plaisir aux bras de l’aristocratie d’argent ; si vous ne voulez plus que la débauche et la misère poussent les hommes dans la police et les femmes à la prostitution ; si vous voulez, enfin, le règne de la justice, travailleurs, soyez intelligents, debout ! et que vos fortes mains jettent sous vos talons l’immonde réaction !
Citoyens de Paris, commerçants, industriels, boutiquiers, penseurs, vous tous, enfin, qui travaillez et qui cherchez de bonne foi la solution des problèmes sociaux, le Comité central vous adjure de marcher unis dans le progrès. Inspirez vous des destinées de la patrie et de son génie universel.
Le Comité central a conscience que l’héroïque population parisienne va s’immortaliser et régénérer le monde.
Vive la République ! vive la Commune !
Paris, le 5 avril 1871.
Pour le Comité central
G. ARNOLD, ANDIGNOUX, AUDOYAUD,
AVOINE FIL, BAROUD, BOUIT, L. BOURSIER,
CASTIONI, CHOUTEAU, DU CAMP, FABRE,
FERRAT, FLEURY, FOUGERT, C. GAUDIER,
GROLARD, GOUHIER, GRELIER, GUIRAL,
JOSSELIN, LAVALETTE, MALJOURNAL, MOREAU,
PRUDHOMME, ROUSSEAU.

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