Paris,
le 7 Avril 1871.
À
la garde nationale.
Citoyens,
Je
remarque avec peine qu’oubliant notre origine modeste, la manie
ridicule du galon, des broderies, des aiguillettes commence à se
faire jour parmi nous. Travailleurs, vous avez pour la première fois
accompli la révolution du travail par et pour le travail.
Ne
renions pas notre origine, et surtout n’en rougissons pas.
Travailleurs nous étions, travailleurs nous sommes, travailleurs
nous resterons. C’est au nom de la vertu contre le vice, du devoir
contre l’abus, de l’austérité contre la corruption que nous
avons triomphé, ne l’oublions pas. Restons vertueux et hommes du
devoir avant tout, nous fonderons alors la République austère, la
seule qui puisse et ait le droit d’exister.
Avant
de sévir, je rappelle mes concitoyens à eux-mêmes : plus
d’aiguillettes, plus de clinquant, plus de ces galons qui coûtent
si peu à étager si cher à notre responsabilité.
A
l’avenir, tout officier qui ne justifiera pas du droit de porter
les insignes de son grade, ou qui ajoutera à l’uniforme
réglementaire de la garde nationale des aiguillettes ou autres
distinctions vaniteuses, sera passible de peines disciplinaires. Je
profite de cette circonstance pour rappeler chacun au sentiment de
l’obéissance hiérarchique dans le service ; en obéissant à vos
élus, vous obéirez à vous-mêmes.
Paris,
le 7 avril 1871.
Le
délégué à la guerre :
G.
CLUSERET.
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