samedi 15 septembre 2018

Edito A Contre-Courant Juin 2009


Pour une Europe des luttes et non des urnes juin 2009

Au soir du 7 juin, la chaloupe PS, coque de noix dérisoire et vestige de l’alternance à l’européenne, tentait de rester à flot, croulant sous le poids des éléphants naufragés. Coincés en pleine mer, les pachydermes n’étaient donc pas légion sur les plateaux de télévision. Ce pathétique décor planté, analysons les chiffres, ceux qui comptent et signifient quelque chose. Sur les graphiques qui défilaient sous nos yeux, celui qui retraçait l’historique de la participation aux scrutins européens depuis 1979, nous démontrait que la mobilisation de l’électorat n’était que déclinante. L’amnésie récurrente des acteurs du PAF avait eu pour conséquence, l’oubli des chiffres de 2005 relatifs au référendum sur le TCE (69,5 % de votants). Quand trois ans après le NON
français, une ratification parlementaire «UMPS» invalidait la sentence populaire, que s’étonnait-on ensuite hypocritement de voir les bureaux de vote désertés ?
Qui s’est abstenu le dimanche 7 juin ? Les 18-24 ans, à 70%, les 25-34 ans à 72%, les 35-49 ans à 64%. Concernant les catégories socioprofessionnelles. 69% des ouvriers, 66% des employés ne se sont pas dérangés. Cette désertion illustre parfaitement le fait que cette Europe n’est pas nôtre. Elle est celle du capitalisme outrancier. Au sein de cet espace, nous subissons une politique qui dévaste tout sur son passage et sert d’alibi au saccage de l’ensemble des services publics, laissant le champ libre au secteur marchand. La démocratie y mute en une gouvernance technocratique et bureaucratique, cornaquée par les lobbies des multinationales.
Durant les législatures précédentes, l’attelage PPE-PSE s’est obstiné à ratifier de concert et ce, dans 97% des cas, des textes encourageant le libre-échange, la concurrence économique dans tous les azimuts et la mise au pilon de tous les acquis sociaux. L’oxymore du «développement durable» encombre la paperasse officielle bruxelloise et pourtant, cette Europe n’envisage l’écologie que dans la perspective de profits juteux et sans remise en cause de l’ordre économique hégémonique. Ce n’est certainement pas l’arrivée de José Bové et d’Eva Joly qui y changera quoi que ce soit. Sans doute la tarte à la crème qu’est l’«Europe sociale» (autre oxymore s’il en est), ne manquera-t-elle pas de faire son retour dans les mois qui viennent. Il ne s’agit que d’une «utopie» lointaine pour les plus crédules et d’un «non sens» pour les plus perspicaces, les faits suffisant largement à disqualifier cette perspective plus que cinquantenaire et plus que jamais reléguée au statut d’hypothèse de moins en moins réaliste.

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