Pour
une Europe des luttes et non des urnes juin 2009
Au
soir du 7 juin, la chaloupe PS, coque de noix dérisoire et vestige
de l’alternance à l’européenne, tentait de rester à flot,
croulant sous le poids des éléphants naufragés. Coincés en pleine
mer, les pachydermes n’étaient donc pas légion sur les plateaux
de télévision. Ce pathétique décor planté, analysons les
chiffres, ceux qui comptent et signifient quelque chose. Sur les
graphiques qui défilaient sous nos yeux, celui qui retraçait
l’historique de la participation aux scrutins européens depuis
1979, nous démontrait que la mobilisation de l’électorat n’était
que déclinante. L’amnésie récurrente des acteurs du PAF avait eu
pour conséquence, l’oubli des chiffres de 2005 relatifs au
référendum sur le TCE (69,5 % de votants). Quand trois ans après
le NON
français,
une ratification parlementaire «UMPS» invalidait la sentence
populaire, que s’étonnait-on ensuite hypocritement de voir les
bureaux de vote désertés ?
Qui
s’est abstenu le dimanche 7 juin ? Les 18-24 ans, à 70%, les 25-34
ans à 72%, les 35-49 ans à 64%. Concernant les catégories
socioprofessionnelles. 69% des ouvriers, 66% des employés ne se sont
pas dérangés. Cette désertion illustre parfaitement le fait que
cette Europe n’est pas nôtre. Elle est celle du capitalisme
outrancier. Au sein de cet espace, nous subissons une politique qui
dévaste tout sur son passage et sert d’alibi au saccage de
l’ensemble des services publics, laissant le champ libre au secteur
marchand. La démocratie y mute en une gouvernance technocratique et
bureaucratique, cornaquée par les lobbies des multinationales.
Durant
les législatures précédentes, l’attelage PPE-PSE s’est obstiné
à ratifier de concert et ce, dans 97% des cas, des textes
encourageant le libre-échange, la concurrence économique dans tous
les azimuts et la mise au pilon de tous les acquis sociaux. L’oxymore
du «développement durable» encombre la paperasse officielle
bruxelloise et pourtant, cette Europe n’envisage l’écologie que
dans la perspective de profits juteux et sans remise en cause de
l’ordre économique hégémonique. Ce n’est certainement pas
l’arrivée de José Bové et d’Eva Joly qui y changera quoi que
ce soit. Sans doute la tarte à la crème qu’est l’«Europe
sociale» (autre oxymore s’il en est), ne manquera-t-elle pas de
faire son retour dans les mois qui viennent. Il ne s’agit que d’une
«utopie» lointaine pour les plus crédules et d’un «non sens»
pour les plus perspicaces, les faits suffisant largement à
disqualifier cette perspective plus que cinquantenaire et plus que
jamais reléguée au statut d’hypothèse de moins en moins
réaliste.
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