Qu'est
ce que tu fous vieille taupe ? Juillet 2009
On
devrait vous prédire que le mécontentement des exploités va être
à l’origine d’une forte mobilisation déstabilisant les
exploiteurs; on devrait affirmer que la rentrée va être rouge,
forcément rouge. En plus modéré, c’est la rhétorique utilisée
par tout bureaucrate soucieux de faire croire qu’il défend encore
les intérêts de ses mandants. C’est aussi, d’ailleurs,
l’exercice que s’imposent habituellement bon nombre de militants
de base, soucieux, eux, de (re)créer une dynamique par des propos
encourageants.
Mais
cette fois-ci, on a vraiment du mal à sacrifier au rituel, même en
y mettant toutes les nuances et la dialectique dont on est capables
(si, si !),même en sachant que ça nous permettrait de vendre plus
de papier.
Vous
avez vu avec quelle facilité les appareils syndicaux ont pu nous
balader de manifs en manifs ? Où était l’indispensable
autonomie du mouvement social ? Quand on dit que cette autonomie
peut s’élaborer dans des coordinations qui déborderaient les
bureaucraties, on n’est plus guère entendus.
Vous
avez vu avec quelle facilité les fauteurs de chaos continuent à
nous donner des leçons et à imposer leurs balivernes libérales
pour nous faire accepter, finalement, de payer leur crise ? Et cher,
très cher. Des salariés ont bien tenté de récupérer quelques
dizaines de milliers d’euros par la tactique dite de «la bonbonne
de gaz». Certains ont réussi. Tant mieux: c’est toujours ça que
les patrons n’auront pas.Mais la méthode est faible, très faible,
quand on la compare par exemple à la stratégie que les LIP avaient
mise en oeuvre. Le contexte idéologique est très différent,
direz-vous. C’est sûr,mais ne serait-ce pas à nous, ceux d’en
bas, d’ouvrir de nouvelles perspectives ? Vous avez vu avec quelle
facilité les dirigeants ont pu se servir des élections et des
institutions pour faire croire que leur domination reste légitime ?
Le NPA s’est fait piéger. Classique, hélas. Résultat ?... Ses
dirigeants s’apprêtent à recommencer dans quelquesmois, aux
régionales. Désespérant. En redonnant vigueur à la «vieille
taupe» de Shakespeare, Marx, Rosa Luxemburg et d’autres
révolutionnaires lui attribuèrent l’aptitude à nous offrir de
belles surprises, mystérieusement et souterrainement préparées et
qui modifient le cours de l’histoire. Mais qu’est-ce qu’elle
fout donc cette vieille taupe ? On n’attendait pas qu’elle nous
creuse des galeries aussi rectilignes que les Champs-Élysées
qu’emprunte le défilé militaire du 14 juillet, mais
s’égarer
à ce point, alors que le chaos capitaliste fait tant de dégâts !
Perverse, la bête ?... En tout cas elle n’arrivera pas à nous
faire dire, comme Viansson-Ponté en mars 68, que tout le monde
s’ennuie. Non, on piétine de rage… Allez, il faut se calmer et
chercher, avec d’autres, à mieux comprendre les caprices apparents
de la bestiole…en espérant que d’éventuelles explications
présenteront une utilité politique. En espérant surtout qu’elle
finira, malgré tout, par nous surprendre une nouvelle fois, la
vieille…
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