samedi 8 septembre 2018

Journal de la Commune


FÉDÉRATION DES COMMUNES RÉPUBLICAINES
LE MOUVEMENT DE LIMOGES
Nous recevons de Limoges des nouvelles d’une haute gravité. Nous nous bornerons aujourd’hui à en faire le narré, tel que nous le tenons d’un habitant de cette ville, arrivé ce soir à Paris.
Le 4 de ce mois, un détachement de 450 hommes, appartenant au 9e régiment de ligne, reçut un ordre de départ pour Versailles. Les soldats se dirigèrent vers la gare aux cris de : Vive la République ! et tout le long de la route la foule les accueillit par des bravos mille fois répétés. Arrivés à la gare, ils déclarèrent qu’ils ne se battraient point contre leurs frères de Paris. Et au même instant, pour donner plus d’autorité à leur engagement, ils remirent à la foule, aux ouvriers qui les entouraient, leurs armes et leurs cartouches ; puis ils rentrèrent en ville. Leur retour, l’attitude énergique qu’ils venaient de prendre en présence de leurs officiers firent une telle impression sur le peuple, que des centaines de bras se levèrent pour les porter en triomphe ; ce n’était plus de l’enthousiasme, c’était un véritable délire patriotique.
L’autorité civile se réunit aussitôt à l’Hôtel-de-Ville, dans un effarement très facile à comprendre. On chercha longtemps, mais hélas ! en vain M. le préfet. Le représentant de Versailles avait déjà jugé opportun de prendre la fuite. Le maire ordonna au colonel des cuirassiers de charger la foule et de s’emparer des soldats mutinés. Cet ordre fut suivi, mais son exécution n’aboutit qu’à exaspérer le peuple. La mêlée devint bientôt générale ; dans la lutte le colonel fut tué et un capitaine grièvement blessé. Limoges est en pleine révolution. Le 9e régiment de ligne fraternise avec les
habitants de la ville. Nos renseignements s’arrêtent là.

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