samedi 15 septembre 2018

Edito A contre-Courant avril 2009


Du sommet à la base 

Qui se souvient qu’au début du mois d’avril, le 1er très exactement (ça ne s’invente pas !), s’est tenu à Londres un sommet en apparence de la plus haute importance, réunissant les soi-disant responsables des vingt principaux Etats de la planète, censés se concerter pour juguler la crise mondiale du capitalisme ? Comme toutes les manifestations du même genre, il s’est agi une fois de plus pour les gouvernants de faire semblant… de gouverner: ils ont voulu nous faire croire que sous les coups de boutoirs de la déconfiture financière et de la dépression économique, ils tenaient la barre bien en main. Ce qui est apparu, en fait, c’est leur division et leur indécision. Tandis que les uns ont plaidé pour une relance tous azimuts, les autres ont été d’abord préoccupés de purger la sphère financière des «actifs toxiques» (comme si ce n’était pas le capitalisme lui-même qui est toxique !) dont elle s’est gavée. D’où des mesures en demie teinte: loin de partir réellement en guerre contre des «paradis fiscaux» qui sont les hauts lieux du blanchiment de «l’argent sale» (comme s’il en existait du propre !), on se contentera de leur faire les gros yeux en espérant qu’ils se montreront plus discrets… Et, pour le reste, business as usual ! Qui se souvient davantage des «deux journées d’action interprofessionnelles » organisées fin janvier et mi-mars par les centrales syndicales pour répondre à l’inquiétude et à la colère d’une part grandissante du salariat face aux menaces pesant sur l’emploi et le pouvoir d’achat, ainsi que face au cynisme d’un patronat et d’un actionnariat qui continuent de s’en mettre plein les poches tout en jetant leurs salariés à la rue ? En quoi ces deux journées d’action ont bien atteint leur but aussi, selon une tactique éprouvée: organiser l’inaction en faisant baisser la pression. Et il en ira de même pour la prochaine, celle du 1ermai. En cette occasion, cependant, un esprit amnésique ou simplement distrait ferait bien de se souvenir d’une certaine strophe de L’Internationale qu’il aura peut-être l’occasion d’y chanter et qui dit: «Il n’est point de Sauveur suprême/ Ni Dieu, ni César, ni tribun/ Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes/ Déclarons le salut commun.» Car ce vieux chant révolutionnaire indique clairement la voie à suivre, aujourd’hui et demain, comme hier. Pour assurer notre salut, il ne faut compter ni sur les «grands de ce monde» qui ne sont grands qu’à l’aune de ce monde précisément, pas davantage sur les «dirigeants syndicaux» qui sont payés pour nous diriger dans une impasse. Il faut que nous prenions nos propres affaires en main ! Certains signes indiquent que l’idée fait son chemin chez les salariés qui ont renoué avec une bonne et saine tradition: celle de garder en otage les responsables immédiats de leur propre malheur. Il leur suffirait de poursuivre dans cette bonne voie: occuper leurs lieux de travail, décider entre eux de relancer la production, en lien avec les collectifs de travailleurs des entreprises qui leur servent de fournisseurs, de sous-traitants ou de clients. En lien aussi avec les populations dont il s’agit de satisfaire les besoins sociaux et dont il leur faut obtenir le soutien. Tout en exigeant un plan de financement de leurs activités socialement utiles par les pouvoirs publics. En un mot, lancer la dynamique de la socialisation des moyens de production, de l’autogestion des entreprises et de la planification démocratique de la production. Ça vous a quand même une autre gueule, comme programme, qu’un communiqué final du G20 ou qu’une déclaration commune à la Thibaut-Chérèque, non ?

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