Du
sommet à la base
Qui
se souvient qu’au début du mois d’avril, le 1er très exactement
(ça ne s’invente pas !), s’est tenu à Londres un sommet en
apparence de la plus haute importance, réunissant les soi-disant
responsables des vingt principaux Etats de la planète, censés se
concerter pour juguler la crise mondiale du capitalisme ? Comme
toutes les manifestations du même genre, il s’est agi une fois de
plus pour les gouvernants de faire semblant… de gouverner: ils ont
voulu nous faire croire que sous les coups de boutoirs de la
déconfiture financière et de la dépression économique, ils
tenaient la barre bien en main. Ce qui est apparu, en fait, c’est
leur division et leur indécision. Tandis que les uns ont plaidé
pour une relance tous azimuts, les autres ont été d’abord
préoccupés de purger la sphère financière des «actifs
toxiques» (comme si ce n’était pas le capitalisme lui-même
qui est toxique !) dont elle s’est gavée. D’où des mesures en
demie teinte: loin de partir réellement en guerre contre des
«paradis fiscaux» qui sont les hauts lieux du blanchiment de
«l’argent sale» (comme s’il en existait du propre !), on
se contentera de leur faire les gros yeux en espérant qu’ils se
montreront plus discrets… Et, pour le reste, business as usual !
Qui se souvient davantage des «deux journées d’action
interprofessionnelles » organisées fin janvier et mi-mars par
les centrales syndicales pour répondre à l’inquiétude et à la
colère d’une part grandissante du salariat face aux menaces pesant
sur l’emploi et le pouvoir d’achat, ainsi que face au cynisme
d’un patronat et d’un actionnariat qui continuent de s’en
mettre plein les poches tout en jetant leurs salariés à la rue ? En
quoi ces deux journées d’action ont bien atteint leur but aussi,
selon une tactique éprouvée: organiser l’inaction en faisant
baisser la pression. Et il en ira de même pour la prochaine, celle
du 1ermai. En cette occasion, cependant, un esprit amnésique ou
simplement distrait ferait bien de se souvenir d’une certaine
strophe de L’Internationale qu’il aura peut-être
l’occasion d’y chanter et qui dit: «Il n’est point de
Sauveur suprême/ Ni Dieu, ni César, ni tribun/ Producteurs,
sauvons-nous nous-mêmes/ Déclarons le salut commun.» Car ce
vieux chant révolutionnaire indique clairement la voie à suivre,
aujourd’hui et demain, comme hier. Pour assurer notre salut, il ne
faut compter ni sur les «grands de ce monde» qui ne sont
grands qu’à l’aune de ce monde précisément, pas davantage sur
les «dirigeants syndicaux» qui sont payés pour nous diriger
dans une impasse. Il faut que nous prenions nos propres affaires en
main ! Certains signes indiquent que l’idée fait son chemin chez
les salariés qui ont renoué avec une bonne et saine tradition:
celle de garder en otage les responsables immédiats de leur propre
malheur. Il leur suffirait de poursuivre dans cette bonne voie:
occuper leurs lieux de travail, décider entre eux de relancer la
production, en lien avec les collectifs de travailleurs des
entreprises qui leur servent de fournisseurs, de sous-traitants ou de
clients. En lien aussi avec les populations dont il s’agit de
satisfaire les besoins sociaux et dont il leur faut obtenir le
soutien. Tout en exigeant un plan de financement de leurs activités
socialement utiles par les pouvoirs publics. En un mot, lancer la
dynamique de la socialisation des moyens de production, de
l’autogestion des entreprises et de la planification démocratique
de la production. Ça vous a quand même une autre gueule, comme
programme, qu’un communiqué final du G20 ou qu’une déclaration
commune à la Thibaut-Chérèque, non ?
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