Le
Dictionnaire de l'Académie Française définit ainsi la danse :
«Mouvement du corps qui se fait en cadence, à pas mesurés et
ordinairement au son des instruments ou de la voix ». Définition
médiocre, qu'on retrouve à peu près dans les mêmes termes dans
tous les dictionnaires, elle décrit sèchement la mécanique de son
objet mais en laisse ignorer complètement le caractère. Larive et
Fleury, en la répétant, ont cependant ajouté que la danse est «
l'expression particulière de la sentimentalité » et « l'expansion
naturelle de la joie et de la gaieté ». Le véritable caractère de
la danse est indiqué par M. Zaborowski, qui la fait dériver
directement du besoin psychologique impérieux « d'épuiser par des
mouvements le surcroît d'influx nerveux engendre par toute émotion
vive ». C'est ce besoin qui a donné à la danse une importance
sociale telle qu'elle a toujours été mêlée aux circonstances les
plus diverses de la vie des individus et qu'il n'est pas, on peut
dire, d'événements publics ou privés auxquels elle ne participe.
La transformation des moeurs l'a modifiée plus qu'elle ne lui a
enlevé de son importance sociale, car elle est toujours l'exutoire
naturel, instinctif, des grandes
émotions.
Les peuples les plus « civilisés » retournent à elle dans les
temps de leurs plus grandes joies comme de leurs plus grandes
douleurs, et il n'est pas alors, d'obligations, de convenances
quelles qu'elles soient, qui puissent endiguer le flot du besoin
psychologique formulé par M. Zaborowski. L'individu danse comme il
chante, pour exprimer la joie qui déborde de lui, pour la
communiquer aux autres et en prendre à témoin tout ce qui
l'entoure. Et il danse comme il pleure, lorsqu'il ne peut plus
contenir sa douleur, qu'elle l'étouffe et lui donne un irrésistible
besoin de s'étourdir, d'oublier…La danse, hymne de la joie et de
la vie, est aussi la lamentation de la désespérance qui s'abandonne
jusqu'à l'oubli définitif, jusqu'à la mort. Le temps de la «
Grande Guerre » en a fait la démonstration la plus récente et la
plus complète.
Mais
le grand animateur de la danse, celui qui la domine comme il domine
la vie et tous les sentiments, c'est l'amour. C'est par lui que la
danse « multiplie les sens », comme disait Victor Hugo. Toutes les
danses auxquelles les femmes participent sont des danses d'amour ;
or, il n'est guère de danses véritables sans la participation de la
femme. Celles qui sont exclusives aux hommes sont généralement
d'origine guerrière et sont plutôt du sport. D'autres, d'origine
religieuse, ne sont que la manifestation d'une exaltation mystique
spéciale sortant de la commune mesure des sentiments humains, car
elles sont pratiquées par des hommes qui se sont mis hors de la
nature, soit en se mutilant, soit en ayant fait vœu de chasteté.
Dans
les développements successifs de la civilisation, la danse a pris
des aspects très divers et une importance des plus variable. Mais
chez tous les peuples elle a été, et est toujours, dans ses formes
les plus caractéristiques, la manifestation de l'amour, le moyen de
charmer et d'exciter les sens, qu'elle soit les pantomimes
néo-calédoniennes, la trimorodie polynésienne, la chika africaine,
les ébats lascifs des ghawazies égyptiennes et des bayadères de
l'Inde, le tango des lupanars argentins, ou qu'elle soit les rondes
villageoises, la pavane de cour, la valse des salons ou les pratiques
d'onanisme mondain des dancings actuels. La danse a été souvent
combattue ; on a voulu, pour des raisons appelées « morales », la
supprimer ou tout au moins limiter son domaine, mais on a fait de
vains efforts, tout comme si on avait voulu interdire aux hommes de
rire, de pleurer et d’aimer... Quelles que soient les conventions
sociales observées, il suffit qu’une émotion particulière passe
sur le monde pour que, du haut en bas de l'échelle sociale, l'homme
se mette à danser. On voit alors les gens les plus « respectables
», les plus décoratifs, les plus haut placés dans la hiérarchie,
retourner au vieil instinct avec une fureur et un oubli des
convenances qui n'existent habituellement que dans les bas-fonds
sociaux. Ce qu'on a réussi à faire a été de bannir la joie de la
danse, de lui enlever ce qu'elle avait de santé et de moralité. La
cafardise, en soufflant sur elle son haleine empoisonnée comme sur
toutes les formes de la vie, en a fait de plus en plus le
trémoussement d'une humanité composée de « cochons tristes ».
Aussi, est-il inexact de dire, comme M. Zaborowski, que « chez nous,
surtout dans nos grands centres urbains, elle n'est plus qu'une
survivance dénuée de signification ». M. Zaborowski, qui écrivait
avant la « Grande Guerre », ne se doutait pas de la place que la
danse reprendrait à l'occasion de cet événement parmi les formes
de la folie collective.
Une
légende dit que la danse fut inventée par Minerve, lorsqu'elle
manifesta sa joie de la défaite des Titans. Les êtres ont dansé
bien avant l'existence des temps mythologiques pour exprimer l'amour,
la joie et la douleur. D'après Lucien, « elle est née avec toutes
choses et elle est aussi ancienne que l'Amour, le plus ancien des
dieux ». Elle naquit, comme la musique, « du rythme de la vie » a
dit plus exactement Elisée Reclus. Les premières formes de la danse
ont été dans les mouvements cadencés des animaux, dans leurs
pantomimes amoureuses comme celles des oiseaux qui se pavanent en
saluant devant leurs femelles et que les hommes ont imitées. Elles
ont été dans les ébats des animaux et des enfants qu'a dépeints
Théocrite, ceux du jeune Daphnis qui : Sautait, battait des mains,
heureux et triomphant, Semblable au faon joyeux qui bondit vers sa
mère. Elles ont été dans les attitudes éplorées de la douleur,
la mimique de l'effroi et du désespoir en face de la mort. En
multipliant ses sentiments, l'homme a multiplié les motifs et les
formes de la danse. La guerre lui a apporté un premier élément
d'exaltation ; la religion, ensuite, l'a influencée de toute la
diversité de ses pratiques. Ce sont elles, la religion surtout, qui
ont développé ce qu'il y a de folie dans la danse. Elles ont
exaspéré les sentiments qu'elle exprime et l'ont conduite à ses
pires aberrations. A l'amour, à la joie et à la douleur, dont la
variété d'expression ait qu'elle est calme ou emportée, solennelle
ou vive, mesurée ou désordonnée, elles ont ajouté la cruauté et
la superstition ; elles lui ont inoculé le sadisme, pour en faire le
plus furieux mélange « du sang, de la volupté et de la mort »
célébré par M. Maurice Barrès, chantre des décompositions
esthétiques. Elie Reclus a dit, dans ses Primitifs, toute
l'importance de la danse chez ces peuples : « La danse, geste
cadencé auquel tout le corps participe, est l'art suprême par
excellence, le langage très expressif des populations primitives...
Ce que la poésie est à la prose, la danse l'est au geste.
Mouvements rythmiques l’une et l'autre, ils émanent de
l'intelligence et de la passion. Avec les yeux et le geste il est
moins facile de mentir qu'avec la langue et les lèvres ; le geste,
en tant qu'expression immédiate du sentiment, précède le langage
articulé ; d'où l'importance de la danse et de la pantomime chez
les sauvages ». Elie Reclus a aussi dépeint de nombreuses
cérémonies, de caractères très divers et toujours mêlées de
danses, des primitifs. Chez les Esquimaux, le prêtre apprend la
danse aux jeunes filles en même temps qu'il les initie aux plaisirs
de l'amour. On danse pour célébrer le souvenir des morts dans une
fête qui correspond à la Toussaint chrétienne. On danse aussi pour
le Nouvel An, au clair de lune, en dépouillant ses vêtements même
par les temps les plus froids, car « la nudité est le vêtement
sacré ; l'homme le revêt pour approcher la divinité ». Ce sont de
véritables ballets que représentent les Aléoutes dans les
réjouissances qu'ils offrent à leurs voisins et à leurs amis. La
danse est aussi d'une grande importance dans les cérémonies
nuptiales et funèbre chez les monticules des Nilgherris, dans
l'Inde. Elie Reclus remarque à leur sujet que « chez les Primitifs,
la distinction entre le plaisir et la peine, la douleur et la joie,
est moins marquée que chez nos civilisés. A leurs enterrements, nos
monticules chantent et dansent, dépensent toutes les provisions
qu'ils peuvent avoir, passent du rire aux pleurs et des sanglots à
la folle gaieté ». La coutume n'est pas complètement disparue chez
les civilisés, dans certaines campagnes, des repas qui suivent les
enterrements et où, grâce à des libations nombreuses, la joie
succède à la tristesse. Les Kolariens du Bengale jouent la comédie
du rapt des femmes dans laquelle ils dansent avec accompagnement de
chants. Chez les mêmes Kolariens, les divertissements de la paix et
de la guerre se confondent : « Les belligérants suspendent les
massacres pour se rencontrer à des fêtes de réjouissances où ils
se traitent avec courtoisie et s'amusent, semble-t-il, avec une
parfaite insouciance, pour s'entr'égorger le lendemain avec autant
de férocité que de bonne humeur ». C'est ce qu'on voit chez les
civilisés où on se bat, a dit Victor Hugo :
.....
pour des Altesses
Qui,
vous à peine enterrés,
Se
feront des politesses
Pendant
que vous pourrirez.
Il
n'y a pas très longtemps que les Kolariens ne procèdent plus à des
sacrifices humains en l'honneur des dieux. Les victimes sont
remplacées par des animaux. La danse du sacrificateur « qui se sent
envahi par son dieu » n'en a pas moins de violence. Le sacrifice est
suivi de réjouissances qui ont tous les caractères des saturnales
antiques et du Carnaval d'aujourd'hui. On y voit les Asadis
(danseuses et prostituées) monter à califourchon sur les épaules
des plus graves personnages comme on le voyait à Rome aux fêtes de
Saturne et comme on le voit de nos jours au bal de l'Opéra.
L'anecdote du Gai d'Aristote, née en Perse il y a deux mille ans, et
renouvelée par Zola dans Nana, est toujours actuelle, répétée
sous toutes les latitudes et chez les sauvages comme chez les
civilisés, avec le même oubli des différences sociales. La danse a
encore une grande place, chez les Primitifs, dans les pratiques de
sorcellerie et les manifestations démoniaques. Ces pratiques et
manifestations ont de nombreux rapports avec celles de la sorcellerie
civilisée, celles des messes noires en particulier. (Voir :
Sorcellerie). Citons encore, parmi les danses des Primitifs, celles
du feu, du scalp et des funérailles chez les Indiens d'Amérique.
Lorsque
aux excitations multiples des sens et de la passion, de la guerre et
de la religion, s'ajoute la fureur alcoolique chez les malheureux
Primitifs qui ont appris des Européens à « boire comme des blancs
», certaines de leurs cérémonies sont d'épouvantables orgies de
rut et de sang, mélangées de pernod, telle cette fête des «
Ga'nzas », ou de la circoncision et de l'excision, qu'on célèbre
dans la région de l'Oubangui-Chari, en Afrique Equatoriale
Française, et que M. René Maran a décrite dans Batouala. La danse
est devenue un art lorsqu'elle a commencé à s'accompagner de
musique. Le rythme, que l'homme avait appris du gorille frappant sur
une calebasse, la régularisa. Elle fut accompagnée d'abord de chant
vocal et d'un instrument primitif connue le sifflet, le chalumeau,
puis la lyre qui parut aux temps homérides. Elle était déjà un
art bien perfectionné lorsque Pan animait les ébats des nymphes en
jouant de sa flûte et que, suivant Théocrite, des génisses
dansaient au son de la flûte de Dametas et de la syrinx de Daphnis.
Successivement s'ajoutèrent d'autres instruments : tambourins,
crotales, sistres, etc.… La danse suivit ainsi les progrès de la
musique et, dans l'antiquité, particulièrement en Grèce, elle ne
tint pas une moins grande place. Elles étaient réunies dans toutes
les cérémonies. De cette union naquit la chorégraphie qui est «
l'application du rythme musical aux mouvements du corps » (Grande
Encyclopédie). Les Grecs lui donnèrent des règles qui la
distinguèrent de la pantomime « représentation dramatique réduite
à la gesticulation » (id.). En Grèce la danse fut cultivée dans
toutes les classes de la société ; aussi y prit-elle, avec le goût
des arts alors si répandu, une infinie variété. Les plus grands et
les plus célèbres personnages la pratiquèrent. Socrate l'apprit
d'Aspasie. Epaminondas était un bon danseur. Un professionnel de la
danse, Aristodème, fut ambassadeur d'Athènes auprès de Philippe de
Macédoine, et ce roi épousa la danseuse Larisséa. L'art grec a
laissé de très nombreux témoignages de la place que la danse a
occupée dans la vie de l'époque. Elle était personnifiée par la
muse Terpsichore, souvent représentée ainsi que nombre de divinités
amies de la danse : les autres muses, les Faunes, les Satyres, les
Nymphes, les Bacchantes, les Ris, les Amours, les Grâces, etc. …
A
Rome, la danse fut, en dehors des temples, le divertissement de la
plèbe. Les patriciens la méprisaient, lui préférant la pantomime
et les sports. Dans son Grand Dictionnaire historique (1759), Moreri
qui voyait les « vertus » romaines à travers le « plutarquisme »
pompeux du classicisme, a écrit : « Les Romains n'avaient que du
mépris pour cette sorte d'exercice et la gravité de leurs mœurs
faisait qu'ils y attachaient une espèce d'infamie ». Pour Cicéron,
un danseur était un homme ivre ou fou ; il reprochait au consul
Gabinius d'avoir compromis sa dignité en dansant. Tibère chassa les
danseurs de Rome et Domitien destitua de leur fonction des sénateurs
qui avaient dansé. Salluste blâmait Sempronia qui dansait avec une
grâce « inconvenante chez une honnête femme ». Mais les Romains,
comme tous ceux qui exagèrent la vertu, exagérèrent aussi la
licence, dans les temps des bacchanales entre autres. Ils montrèrent
dans la danse, comme en bien d'autres chocs, qu'ils manquaient du
sens de la mesure possédé à un si haut degré par les Grecs. Ils
étaient plus cabotins qu'artistes. Les anciens classaient les danses
en quatre catégories : particulières, religieuses, lyriques et
dramatiques. Nous allons résumer l'histoire de la danse dans cet
ordre, en divisant les danses particulières en danses populaires et
danses de société et en rattachant les danses lyriques aux danses
dramatiques.
LA
DANSE POPULAIRE
Toutes
les danses ont été, à leur origine, des danses populaires ; elles
sont nées du peuple comme un des moyens d'expression naturels de ses
sentiments. Populaire était la danse religieuse en l'honneur du feu,
du soleil, de la terre féconde, des esprits bienfaisants, avant que
le prêtre vint l'obscurcir de mystère et la souiller de sacrifices
sanglants. C'est une omelette que la population des Andrieux, dans
les Alpes françaises, offre encore aujourd'hui au soleil lorsqu'il
reparaît le 10 février au-dessus des montagnes qui enserrent leur
village et après une éclipse de cent jours. Cette fête de
l'offrande au soleil s'accompagne de danses. Elle était l'hommage de
l'homme primitif à l'astre qui lui apportait la lumière,
réchauffait ses membres, faisait mûrir la moisson, avant que les
sorciers religieux, ensanglantant ce culte naïf et simple, en
eussent fait ceux de Mythra, de Moloch, de Bouddha, d'Horus,
d'Apollon, de Jésus et de cent autres personnages créés par leur
imagination fertile en impostures. C'est du culte du feu et du soleil
qu'est sorti celui, druidique, de Beal et que s'est conservé l'usage
d'allumer des feux sur les montagnes. Sont aussi de même origine les
feux et les danses de la saint Jean et tant de fêtes qu'on retrouve
dans les coutumes de tous les pays comme les processions et danses
grotesques des ramoneurs de Londres à la Noël, et les calendo de
Provence avec leur cacho-fio, ou bûche de Noël, symbole de la
renaissance du feu. Les survivances sont aussi nombreuses des fêtes
qui célébraient les cultes d'animaux fabuleux ou les victoires
remportées sur eux, telles celles du serpent (l'Isère) et du dragon
(le Drac), qui menaçaient Grenoble : Le serpent et le dragon
Mettront Grenoble en savon. Celles de la tarasque (Provence), du
graouilli (Metz), de la gargouille (Rouen), etc. Il en est resté des
danses comme la moresque (Provence), le bacchu ber ou danse des
épées, à Gap, la bravado, à Riez, etc. ... Tous les esprits des
airs, de la terre et des eaux, ces êtres de rêve qui poétisent
encore les vieilles croyances populaires : les fées, les follets,
les sylphes, les lutins, les robolds, les gobelins, les elfes, les
djiners, les ondines, se présentaient toujours dansants à
l'imagination. Populaire aussi la danse de guerre et de chasse où
l'homme, fier de sa force et de son adresse, célébrait naïvement
sa victoire dans la lutte. Certains peuples allaient à la bataille
en dansant. On appelait danse persique la marche de la milice grecque
imitée des Perses. Après les festins, on exécutait en Grèce la
danse des Lapithes qui simulait leur combat contre les Centaures. Il
reste de nombreux souvenirs des danses guerrières représentant des
combats. Elles étaient surtout des pantomimes et des acrobaties. On
les retrouve à l'état primitif chez les peauxrouges, les
néo-zélandais, les nègres. Ceux-ci s'amusent fort à imiter de
façon grotesque les animaux dans leurs attitudes. Dans l'antiquité,
et depuis, ces danses furent surtout des exercices de préparation
guerrière. Elles donnèrent naissance aux sports et se confondirent
avec eux. Les Romains bannissaient de leurs gymnases la véritable
danse. Elle demeura plus ou moins dans les exercices militaires et
c'est ainsi qu'à plusieurs reprises des ordonnances les casernes
françaises. La dernière, en 1818, fut rendue pour encourager la
danse et l'escrime.
Mais
la danse populaire par excellence est celle d'amour et de joie, le
divertissement où l'on s'efforçait de plaire par son esprit et sa
grâce, où l'on se délassait du travail, se distrayait des soucis
journaliers et où l'on donnait libre cours à sa bonne humeur, à
son exubérance de corps et de sentiment. Cette danse d'amour et de
joie se trouva tout naturellement unie à la poésie et à la musique
pour produire la chanson (voir Littérature) inventée par les hommes
« qui eurent les premiers le sentiment des mouvements, des cadences,
des retours périodiques qui constituent le fond de tout art lyrique
» (Julien Tiersot). Il n'est pas de peuple chez qui la danse et la
chanson ne se soient ainsi manifestées comme un produit spontané du
lyrisme humain. Les primitifs kolariens chantent en exécutant leur
comédie du rapt des femmes :
Nous
étions trois filles,
Filles
à marier ;
Nous
nous en allâmes
Dans
un pré danser.
Au
pré mes compagnes,
Qu'il
fait bon danser !
Un
berger arrive, et d'autres, qui veulent embrasser les filles ; il y a
lutte, séduction, enlèvement : c'est le thème universel et
immortel de l'amour et de la chanson de danse, chez les civilisés
comme chez les sauvages. C'était celui des pâtres et de leurs
compagnes dansant au temps de l'Iliade en chantant : « Où
trouverai-je des roses ?... Où trouverai-je des violettes ?... » et
qui trouvaient l'amour. La description de leurs danses faite par
Homère, et leur représentation sur le bouclier d'Achille, sont les
images frappantes des caroles ou danses françaises du moyen-âge qui
s'accompagnaient de chansons semblables. C'est toujours dans les
éléments populaires que l'art de la danse s'est renouvelé et a
trouvé ses plus remarquables inspirations. Un journal citait
dernièrement cette opinion du musicien Maurice Ravel, assistant en
Suède à des danses populaires : « c'est plus beau que les ballets
suédois ». De même, les danses populaires françaises, russes,
nègres, sont plus belles que les ballets français, russes, nègres.
Elles ne sont pas la représentation de la joie ; elles sont la joie
elle-même. Le caractère de la danse populaire a varié avec celui
des populations, de leurs milieux, de leurs occupations et de leurs
goûts ; mais l'amour en est le fond immuable chez toutes. Il n'est
pas de contrée où l'on n'ait pas dansé et où l'on n'ait pas eu sa
danse de prédilection, même en Chine où la danse serait considérée
depuis longtemps comme un amusement ridicule et peu digne. A
Athènes, les danses dionysiaques reçurent du peuple cette variété
qu'elles devaient transmettre à la danse dramatique avec l'emmélie,
noble et grave, la cordace, plus vive, violente et licencieuse, qui
se retrouve dans la saltarelle romaine et la tarentelle napolitaine,
la sicinnis, véhémente et satirique. Dans le Pont et en Ionie, une
des formes de la sicinnis était la bachique, en l'honneur de Pan et
de sa compagnie de satyres, silènes, nymphes et ménades. Les
Lacédémoniens préféraient les danses guerrières, la pyrrhique en
particulier. Lycurgue voulait qu'elle fût apprise à l'enfant dès
l'âge de sept ans. Mêlée à des éléments dionysiaques qui la
rendirent moins violente, la pyrrhique se répandit dans toute la
Grèce. D'après une description d'Apulée dans les milésiennes, on
y retrouve les figures du quadrille. La pyrrhique est aujourd'hui
l'albanaise. Une de ses contrefaçons fut la bocane qui a donné son
nom au boucan. Les Syracusains et les Crétois portaient leur
préférence sur les danses lyriques accompagnées de chants sacrés
en l'honneur d'Apollon.
Indépendamment
des danses pratiquées dans les fêtes collectives qui avaient un
caractère religieux ou national, il y avait en Grèce toute la
variété des danses particulières, depuis la comique aposkélésis,
exécutée par des enfants, jusqu'à la funèbre danse des robes qui
a encore sa place dans les obsèques. Dans l'Epithalame d'Hélène,
Théocrite a dépeint les douze vierges qui, devant la porte des
époux :
….dansent,
la tête ceinte
D'une
molle couronne où fleurit l'hyacinthe. ….La jeune troupe, avec un
art ingénieux,
Croise
les pieds et bat le sol harmonieux ;
Sur
un seul rythme, avec ses doux chants entrainée,
Elle
emplit la maison d'un brillant hyménée ».
(Traduction
SENERS.)
Plus
ou moins mêlés de pantomimes et de tours de force étaient : le
mothon, violent et licencieux, spécial aux Lacédémoniens de bas
étage ; la phrygienne, danse paysanne avec chants et attitudes
grotesques, qui suivait des libations copieuses, de même que
l'angélique et la cidaris ; l'apokinos, ou « danse du pétrin ».
avec ses mouvements des reins et des hanches ; le callibas, dansé en
se frappant les flancs ; le bibasis, avec coups du talon ;
l'épilénios, ou « danse du pressoir », décrite dans Daphnis et
Chloé ; la lamprotera, accompagnée de chants licencieux ; la
morphasmos, imitation comique des animaux ; l'ascoliasmos, avec sauts
sur des outres pleines et frottées d'huile ; la kybistésis, marche
sur les mains et jet de feu par la bouche ; l’eclactismos,
élévation du talon au-dessus de l'épaule ; la thermistris, ou «
danse du creuset » avec les exercices de clownerie etc. ... A Rome,
les bergers dansaient le tripudium en frappant trois fois du pied.
Nous verrons plus loin comment le trouble et l'inquiétude apportés
par l'Eglise dans la joie populaire influencèrent la danse. L'Eglise
arriva à tarir ses sources chez le peuple, mais elle ne parvint pas
à la supprimer ; elle ne réussit qu'à lui faire prendre les formes
guindées et hypocrites de la « danse de société ». Avant d'en
arriver là, les danses populaires connurent un remarquable épano
uissement. En Italie, le peuple dansait la giga, la gagliarda, la
tarentella, la saltarello, la siciliano, la forlane, la bergamasque,
pour ne citer que des danses qu'on voit encore aujourd'hui.
Les
danses espagnoles ont toujours eu un caractère particulièrement
voluptueux qu'elles ont hérité des danseuses de Gadsé (Cadix)
d'origine phénicienne, et des danses maures apparentées à la chika
des nègres, grande danse exprimant toutes les péripéties de la
lutte d'amour. On retrouve la première influence dans le fandango et
le boléro ; la seconde dans la moresque, dansée aussi en Provence,
en Corse ct dans les Balkans. Il y avait encore le jaleo, à Xérès
; l'ole gaditano, à Cadix ; la rondeña, à Ronda, et les
différentes danses basques. Plus modernes sont les gamoelas, potto,
rastroso, gorrona, pena mora, zapaleado, gira, etc ... Eu escarraman,
qui sont passés du peuple au théâtre. Les séguidillas, moins
libres que les précédentes, ont fourni le fond des danses
populaires actuelles qui combinent la danse et le chant. En
Allemagne, la danse populaire se manifesta de bonne heure dans les
danses guerrières et les danses champêtres. Certaines ont un
caractère religieux comme la Siebensprung. La coutume sauvage des
duels d'étudiants paraît une survivance des jeux guerriers
germaniques que décrivait Tacite. Les danses champêtres, très
répandues au moyen-âge, paraissent avoir été empruntées à la
France.
L'Angleterre
et l'Ecosse ont des danses populaires originales de la plus grande
variété. Les oeuvres de Shakespeare et de Walter Scott contiennent
de fréquentes allusions à la danse. Les réunions d'hiver des
populations celtiques de
l'Highland
sont de véritables écoles où la jeunesse apprend les anciennes
danses nationales exécutées au son de la cornemuse. Au pays de
Galles, il n'y a pas longtemps qu'on dansait encore en célébrant la
primitive fête des lacs. Les Ecossais ont conservé, entre autres
danses de jadis, celle des épées où figurent les saints les plus
populaires qui chantent et dansent. Le Dancing-Master donnait en 1716
la description et les airs de 560 danses anglaises. En Scandinavie,
on a relevé environ 400 danses populaires. Une danse des elfes n'a
pas complètement disparu en Suède.
Dans
les Pays-Bas, la danse populaire la plus curieuse est celle des
matelots.
Chez
tous les slaves, la danse tient la plus grande place, Elle est « un
trait fondamental de leur psychologie » (Grande Encyclopédie). Elle
est profondément attachée aux coutumes locales et s'est maintenue
avec elles. C'est chez ces populations qu'on retrouve le plus de
danses anciennes. La Bohème a conservé longtemps la chodowska,
danse guerrière des paysans du Boehmenvald ; la husistska, danse
religieuse des hussites; l'umrleo, danse des morts qui remonte aux
temps païens. Les danses qui sont mêlées à la poésie populaire
ont subsisté, telles la strasak et la baborak. La Pologne a la
mazurka, la cracovienne, la polonaise, parmi les plus célèbres qui
sont passées du peuple dans les salons et au théâtre. En Russie,
chaque province a ses danses populaires. En Roumanie, la pumanieska
est la plus répandue. En Serbie, c'est le kolo.
Les
Magyars ont des danses apparentées à celles des Cosaques et
caractérisées par la musique tsigane. La csardas est leur danse
nationale ; toutes les classes la pratiquent. D'anciennes danses
étaient celle des trois cents veuves exécutée aux enterrements et
une danse des morts où l'on simulait la toilette d'un cadavre.
Chez
les Turcs, qui semblent, comme la Beauté de Baudelaire, haïr « le
mouvement qui déplace les lignes », la danse est surtout un
spectacle auquel ils assistent paresseusement. Ils aiment voir des
danses voluptueuses, telle la romaïque, ou « danse du mouchoir ».
En Egypte, le spectacle de la danse est donné par les ghawazies
(danseuses) et les oualems (chanteuses) qui vivent en parias dans des
quartiers spéciaux, mais se mêlent à la population à l'occasion
des fêtes. Dans son Voyage en Orient, Gérard de Nerval a dépeint
leur danse « représentation exacte de celle des femmes de Gadès
telle qu'elle est décrite par Martial et Juvénal » et telle que,
bien avant encore, les ghawazies la pratiquaient pour le
divertissement des premiers Pharaons, comme en témoignent les
sculptures de nombreux tombeaux. Gérard de Nerval a fait aussi le
récit d'une « Noce aux flambeaux », à laquelle ces danseuses
participaient, et celui d'une fête de la circoncision où les
ghawazies, que la famille trop pauvre n'avait pu payer, étaient
remplacées par des Nubiennes dansant pour leur plaisir au son des
tarabouks (tambours de terre cuite). Dans les pays d'Extrême-Orient,
les danses, même publiques, ont gardé un caractère religieux
primitif comme toutes les cérémonies. Les danses des bayadères,
qui s'exécutent dans les temples de l'Inde, n'en sont pas moins des
plus provocantes et d'un voluptueux raffinement. Méry, dans sa
Guerre du Nizam, a décrit la fête indienne de Dourga, déesse de la
destruction, célébrée dans le Bengale. La France a vu la plus
remarquable éclosion de la danse populaire dans son union intime
avec la poésie de même caractère. Toutes deux sont à l'origine de
l'oeuvre littéraire la plus belle du moyen-âge. Ensemble, elles se
sont répandues dans les pays voisins et les ont marqués d'une
influence profonde. L'ancien français avait de nombreux mots pour
désigner la danse ; aucun n'était d'origine latine. C'était
d'abord le mot dansee, qui venait, soit de l'allemand dansôn
(d'après Littré), soit de formes celtiques (Larousse), soit d'une
autre origine, inconnue d'après G. Paris. On disait aussi :
dansement, danserie. On employait en outre les mots tresce et tresche
avec leurs dérivés, les verbes trescier, treschier, treschoier, les
substantifs treschement, tresche assemblée. Il y avait encore
espringuier, d'origine allemande, qui signifiait ; trépigner,
frapper des pieds, sauter, sautiller, s'élancer. Ses dérivés : es
avait le sens de sauter, et espringuerie désignait une sorte de
danse haute. Mais le nom qui convenait le mieux à la danse populaire
et la caractérisait parfaitement était : carole, du verbe caroler
qui venait d'un mot grec dont la signification était : «
accompagner de la flûte une danse en rond ». En France, caroler
avait le sens spécial de « danser en rond en s'accompagnant de
chansons ». Des danses absolument semblables aux caroles françaises,
se voient encore en Grèce, telle la ronde des femmes de Souli qui
remonte à l'époque byzantine. Les caroles étaient exécutées,
soit par des femmes seules, soit par des groupes des deux sexes. Il y
avait un chanteur à qui les autres répondaient en reprenant le
refrain tout en formant une ronde qui tournait de droite à gauche
autour de lui. Parfois, la chaîne n'était pas fermée ; elle
formait une tresque et évoluait comme dans la farandole provençale.
Les plus anciennes caroles accompagnées de chansons héroïques et
guerrières mais plutôt romanesques et, de bonne heure, s'y mêlèrent
les chansons plus légères qui l'emportèrent. Ces chansons, qui
célébraient les joies de l'amour et du printemps, avaient leur
origine dans les fêtes païennes consacrées à Vénus et au
renouveau de la nature. Les caroles se dansaient aux fêtes de mai ou
du printemps et en étaient la partie la plus marquante. Ces fêtes
s'appelaient maieroles ou kalende de mai en pays de langue d'oïl.
Dans le Midi, elles étaient les kalendas mayas et, en Italie, les
calendimaggio. Elles se sont conservées dans certaines provinces,
dans des formes plus ou moins complètes, en même temps que les
autres anciennes fêtes où la danse était plus ou moins mêlée. On
les retrouve entre autres dans les jeux des petites filles qui
choisissent une « reine de mai » et qui dansent des rondes en
chantant par exemple : La belle rentre dans son jardin … Il y a
encore des traces des caroles en Allemagne d'où elles se sont
répandues en Danemark et en Norvège. Dans les îles Féroé, elles
sont restées telles qu'au moyen-âge.
En
même temps que la carole, on dansait le branle, autre danse chantée.
Chaque province avait son branle particulier, accompagné d'un
instrument, le violon en Bretagne, la cornemuse en Poitou, le
hautbois en Bourgogne et en Champagne, le tambour basque en Béarn,
le tambourin en Provence, etc. ... Chaque profession avait aussi son
branle. Les caroles et les branles ont été très souvent décrits
dans la littérature du moyen-âge. Dans la vie de Saint Chilian, on
a cité une chanson du XIIème siècle qui accompagnait des rondes de
femmes. Dans les Carmina Burana du XIIème siècle, dans les romans
de Raoul de Houdan, de Guillaume le Vinier, de Chrétien de Troyes,
de Guillaume de Lorris, de Froissart, dans les commentaires de l'Art
d’aimer d'Ovide au XIVème siècle, on en trouve des descriptions.
Ces écrits marquent les transformations de la danse et de la chanson
populaires devenues peu à peu aristocratiques ; ils donnent une idée
de plus en plus effacée de ce qu'elles étaient chez le peuple. Dans
leurs inspirations populaires, elles avaient été « de légères
merveilles de grâce et de poésie, pleines de la senteur du
printemps et de l'innocente gaieté de la jeunesse, du plaisir de la
danse et d'une sorte de mysticisme amoureux à la fois troublant et
enfantin » (G. Paris)... Elles devinrent de plus en plus savantes
avec l'amour « courtois » et la littérature, d'abord allégorique
du Roman de la Rose, ensuite pédante des rhétoriqueurs du XVème
siècle, jusqu'au moment où elles furent renvoyées à leur origine
première par « l'étiquette » de cour. Le peuple continua à
danser dans ses formes habituelles, avec la même ardeur, mais plus
avec la même originalité inventive.
Les
hommes de la Révolution française ne favorisèrent pas la danse
populaire et ne surent pas en tirer 1e parti qu'elle aurait pu
donner. La danse eut place dans les fêtes de la Révolution, mais
sous une forme solennelle, dans les cérémonies nationales. (Voir :
Les Fêtes et Chants de la Révolution Française, par Julien
Tiersot). Ces cérémonies ne comportèrent pas de danses proprement
dites. Leur gravité, et l'élévation des sentiments qu'elles
suscitaient, ne s'accommodaient que d'évolutions majestueuses autour
de l'autel de la patrie et de défilés de grandes foules. Les hommes
sévères qui honoraient comme des déesses antiques la Liberté,
l'Egalité, la Fraternité, la Raison, l'Etre Suprême et les héros
morts pour la Patrie, redoutaient les excès de la joie populaire.
Flaubert a raconté qu'une de ses parentes, ayant figuré la Liberté
dans une fête de la Révolution, portait un bonnet phrygien avec
cette inscription: « Ne me tournez pas en licence ». M. Mathiez a
parlé de « la gravité sévère et moralisante des cérémonies, du
sérieux des assistants » ; il a constaté que « la mascarade, les
scènes burlesques et gauloises ne se trouvèrent qu'à l'état
d'exceptions très rares, dans quelques grandes villes et surtout
dans la capitale ».
La
danse se retrouvait, avec la véritable joie populaire, en marge des
cérémonies et après. Elles prenaient des revanches inattendues
lorsque le mauvais temps interrompait la fête officielle ; le peuple
se mettait alors à danser sous la pluie comme on le vit pour la Fête
de la Fédération. Elles se retrouvaient encore mieux après les
cérémonies. C'est la joie populaire qui dressa spontanément le
fameux écriteau: « Ici on danse! » le soir de la prise de la
Bastille. C'est des bals parisiens qu'est sorti le Ça ira! chanté
pour la première fois par le peuple travaillant aux préparatifs du
Champ de Mars pour le 14 juillet 1790. « Ce chant, dit Michelet, fut
un viatique, un soutien, comme les proses que chantèrent les
pèlerins qui bâtirent révolutionnairement au moyen-âge les
cathédrales de Chartres et de Strasbourg ». L'air du Ça ira! était
celui d'une contredanse de Bécourt, appelée le Carillon national.
C'est aussi sur un air de danse populaire que se chanta la
Carmagnole. Cet air vint de Provence où il faisait danser les «
carmagnola », ouvriers italiens occupés aux travaux des champs. Les
Marseillais l'apportèrent à Paris en même temps que la
Marseillaise. La danse populaire ne fut aux la Révolution que pour
la plantation des « arbres de la Liberté ». A cette occasion,
Grétry composa une ronde sur des vers pompeux, dans le goût de
l'époque :
Que
ton emblème, ô Liberté,
Soit
le signal de la gaieté!
Plantons
l'arbre sacré, l'honneur de ce rivage! etc…
Nous
ne savons si villageois et villageoises chantèrent et dansèrent
beaucoup cette ronde. Depuis la Révolution, en France en
particulier, le peuple a abandonné la véritable danse qui était
née de lui pour s'adapter aux danses de société. Il en a été de
la danse comme de toutes les formes de la vie qui tiraient du peuple
leur caractère. La mode, qui a unifié les individus dans leurs
gestes et leurs apparences, a fait de la danse ce qu'elle fait de
tout ce qu'elle touche : une chose qui n'a plus d'âme et de beauté.
Le peuple s'est mis de plus en plus à danser sans joie véritable.
Il ne chante plus en dansant, mais il boit. La danse n'est plus unie
à la chanson, l'expression de ses sentiments ; elle est, arrosée
d'alcool, unes des marques de sa déchéance, une des formes de la
lamentable neurasthénie qu'il traîne dans tous ses plaisirs. C'est
ainsi que pour fêter « l'anniversaire de La liberté », le 14
juillet, aux carrefours et sous l'oeil réjoui du bistro, il noie sa
raison en « balançant ses dames ». Il en est arrivé à faire des
matches de danse où il tourne pendant cent heures, dans une sorte
d'abrutissement somnambulique, avec l'obstination des ivrognes qui
luttent devant un comptoir à celui qui avalera le plus de petits
verres.
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