LE
GOUVERNEMENT DE VERSAILLES JUGÉ PAR LE SIÈCLE.
Les
journaux de la réaction nient l’inhumanité du gouvernement qui
siège à Versailles. Nous ne saurions mieux faire que de reproduire
sans commentaires les lignes suivantes, dues à la plume d’un homme
qui n’est pourtant ni socialiste, ni partisan de la commune :
L’Officiel
de Versailles contient ce qui suit :
«
Quelques hommes reconnus pour appartenir à l’armée, et saisis les
armes à la main, ont été passés par les armes, suivant la rigueur
de la loi militaire, qui frappe les soldats combattant leur drapeau.
» De toute l’énergie de notre âme, nous en appelons à M. Thiers
contre ces rigueurs. L’Assemblée et le gouvernement ont quitté
Paris. Paris s’est trouvé indépendant et belligérant. La qualité
de belligérant a été reconnue au Comité
central par le
gouvernement de Versailles, en vertu de l’affiche qu’il a fait
placarder ici par l’amiral Saisset.
Nous
sommes deux millions d’habitants qui nous trouvons sous le
gouvernement de la Commune. Ou bien Versailles doit nous considérer
tous comme des rebelles, ou bien il doit respecter tous les
prisonniers qui tombent en ses mains, même ceux qui ont appartenu à
l’armée impériale.
D’abord,
ce ne sont pas des déserteurs proprement dits. Ils n’ont pas
quitté l’armée de Versailles pour s’enrôler à Paris ; ce ne
sont des hommes habitant Paris depuis que Paris n’est plus gouverné
par Versailles. Ils obéissent à un ministre de la guerre installé
à Paris, qui les nourrit et qui les solde. Etaient-ils libres de
vous suivre à Versailles ? Sont-ils libres de ne pas combattre dans
les rangs des deux cents bataillons de la garde nationale qui
obéissent à la Commune ? Le droit des gens vous défend de toucher
à ces hommes ; et la bonne politique et le sens patriotique vous le
défendent aussi. Ne voyez-vous pas que vous excitez des représailles
?
Il
y a à Versailles des généraux qui, le 2 décembre, ont porté les
armes contre la loi, contre le pays, contre l’honneur. Ils
devraient se contenter de se faire oublier, et ne pas se montrer si
implacables envers des malheureux.
HENRI
CERNUSCHI
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire