samedi 8 septembre 2018

Journal de la Commune


LE GOUVERNEMENT DE VERSAILLES JUGÉ PAR LE SIÈCLE.
Les journaux de la réaction nient l’inhumanité du gouvernement qui siège à Versailles. Nous ne saurions mieux faire que de reproduire sans commentaires les lignes suivantes, dues à la plume d’un homme qui n’est pourtant ni socialiste, ni partisan de la commune :
L’Officiel de Versailles contient ce qui suit :
« Quelques hommes reconnus pour appartenir à l’armée, et saisis les armes à la main, ont été passés par les armes, suivant la rigueur de la loi militaire, qui frappe les soldats combattant leur drapeau. » De toute l’énergie de notre âme, nous en appelons à M. Thiers contre ces rigueurs. L’Assemblée et le gouvernement ont quitté Paris. Paris s’est trouvé indépendant et belligérant. La qualité de belligérant a été reconnue au Comité central par le gouvernement de Versailles, en vertu de l’affiche qu’il a fait placarder ici par l’amiral Saisset.
Nous sommes deux millions d’habitants qui nous trouvons sous le gouvernement de la Commune. Ou bien Versailles doit nous considérer tous comme des rebelles, ou bien il doit respecter tous les prisonniers qui tombent en ses mains, même ceux qui ont appartenu à l’armée impériale.
D’abord, ce ne sont pas des déserteurs proprement dits. Ils n’ont pas quitté l’armée de Versailles pour s’enrôler à Paris ; ce ne sont des hommes habitant Paris depuis que Paris n’est plus gouverné par Versailles. Ils obéissent à un ministre de la guerre installé à Paris, qui les nourrit et qui les solde. Etaient-ils libres de vous suivre à Versailles ? Sont-ils libres de ne pas combattre dans les rangs des deux cents bataillons de la garde nationale qui obéissent à la Commune ? Le droit des gens vous défend de toucher à ces hommes ; et la bonne politique et le sens patriotique vous le défendent aussi. Ne voyez-vous pas que vous excitez des représailles ?
Il y a à Versailles des généraux qui, le 2 décembre, ont porté les armes contre la loi, contre le pays, contre l’honneur. Ils devraient se contenter de se faire oublier, et ne pas se montrer si implacables envers des malheureux.
HENRI CERNUSCHI


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