lundi 3 septembre 2018

Daniel Poncet Deuxième gauche, réformisme et lutte de classes


L’HR n°811 –mardi 24 janvier 1978- explique pourquoi « Notre participation aux élections » est « Une attitude léniniste » -page 6-. Un autre article page 8 « Les marxistes-léninistes et la question du salariat » indique notamment :
« Les communistes authentiques se battent pour la disparition du patronat et du salariat. Un des fondements du capitalisme, c’est de donner aux ouvriers un salaire. Si nous voulons détruire les rapports de production capitalistes, nous devons donc détruire le système du salariat. Nous ne nous battons pas, comme les dirigeants du PCF ou du PS et les dirigeants de la CFDT et de la CGT, pour un ‘‘bon’’ salaire ou un ‘‘juste’’ salaire. Concrètement, les communistes militent activement pour la défense des revendications immédiates des ouvriers, notamment sur la question des salaires et des problèmes qui s’y rattachent. ».

C’est en page une, puis dans la rubrique « La bataille politique de 1978 » qu’est publié dans l’HR n°816 –mardi 31 janvier 1978- un compte-rendu du meeting du 27 janvier à la Mutualité, sous le titre « Un riche contenu ». En page 5, le PCRml, invité au meeting, fait une intervention au nom de sa Fédération de Paris, déclare notamment : « D’ailleurs, le PCF n’a pas d’autre souci que de dissimuler aux yeux des masses son véritable projet. N’en vient-il pas, même maintenant, à parler d’autogestion, à courtiser les écologistes, après avoir annexé les restes du PSU et les quelques groupuscules gaullistes (…) ».
-LE QUOTIDIEN DU PEUPLE n°653 -dimanche 12 - lundi 13 mars 1978- déclare le « Scrutin truqué » et en donne les raisons :
« Truquées, les élections le seront aussi longtemps que la classe au pouvoir sera la bourgeoisie. Mais celles de dimanche le sont particulièrement, et de divers points de vue. Le trucage, c’est d’abord l’affaire qui a éclaté, du vote des « Français de l’étranger », étrangement manipulé et qui donne lieu actuellement à une série de procès qui ne sont même pas finis au moment où s’ouvrent les bureaux de vote. Mais plus encore, il y a la manière dont, cette fois-ci, les états-majors vont se servir lundi, et dans les semaines à venir, des suffrages qu’ils auront obtenus. C’est à gauche, le PCF qui aura refusé jusqu’à la dernière minute, d’indiquer exactement les conditions dans lesquelles, probablement, il se désistera pour le PS : ceux de ses militants qui, aujourd’hui croient encore à l’absence de concessions à la social-démocratie, risquent de se trouver bien déçus.
Mais c’est aussi le Parti socialiste qui, après s’être redonné à bon compte un visage de gauche par la signature du Programme commun, s’arrange aujourd’hui pour éviter de se prononcer sur la politique qu’il mènera demain. A droite, le tableau n’est pas plus reluisant : tandis que le RPR prétend qu’il croit à la victoire de la « majorité », il se prépare en fait à jouer les « recours » contre la gauche, et les giscardiens, en toute solidarité « majoritaires », préparent les combinaisons socialo-centristes d’après-demain. Trucage, bien plus grave sur le fond. Car, si le résultat de dimanche, comme il est probable, donne une avance à la gauche, ce sera un chèque sans provision qu’elle aura fait accepter à des millions de travailleurs. Au delà de leurs divergences, PS et PCF ne sont en effet disposés ni l’un ni l’autre à réaliser les changements auxquels ceux-ci aspirent profondément ; ils veulent au contraire gérer la crise chacun à leur manière. Dans ce flot de tromperies, la possibilité aura été donnée à un certain nombre parmi notre peuple, de faire entendre leur volonté d’en finir avec cette société pourrie, grâce à la présence de l’UOPDP. Que ce mouvement amorcé, continue et se développe demain sur le terrain des luttes, c’est la garantie pour qu’enfin les travailleurs de ce pays aient tous les moyens de faire entendre effectivement leurs voix. »


« Un théoricien de la collaboration de classe » l’HR n°858 –vendredi 31 mars 1978- publie une photo des négociateurs de Grenelle en Mai 68, avec ce commentaire :
« Voilà un des visages de la concertation de Delors ». L’article indique que Delors était interviewé mardi à propos de l’Ouverture sociale de Giscard : « M. Jacques Delors est sans conteste, un des meilleurs théoriciens de la collaboration de classe. Conseiller social du Premier ministre Chaban-Delmas, il fut le ‘‘père’’ de la participation et de la politique contractuelle pratiquée par ce gouvernement d’après Mai 68. Depuis ce monsieur Delors a pris du service aux côté d’Attali et Rocard parmi les conseillers de Mitterrand. Autant dire que quand il parle de concertation et de démagogie sociale il connaît son sujet (…) Quel meilleur moyen pour détourner les syndicalistes de la lutte que de les occuper dans des négociations interminables : ‘‘Pour ’instant, la section syndicale n’a pas de débouchés. Il faut lui donner des possibilités concrètes de négocier. Par exemple, le programme annuel d’amélioration des conditions de travail, le plan de formation ou la politique de l’emploi dans l’entreprise.’’ Mais au fait, c’est bien ça le nouveau programme d’action proposé par le Bureau national de la CFDT. Delors serait-il aussi conseiller social d’Edmond Maire ? » -page 4-
Cette évolution de la situation internationale, provoque des contradictions qui sont également présentes dans la CGT, mais en plus de par ses liens avec le PCF, elles ont certains aspects de sa crise (les conséquences de la rupture du Programme commun (septembre 1977) et de l’échec de 1978.).
L’évolution ultérieure de la CGT, ses ruptures avec la FSM, et certains liens avec la direction du PCF, ont leurs origines dans cette période (septembre 1977 – octobre 1978). C’est lors du 40e congrès à Grenoble, que les bases de l’évolution future (cfdtisation de la CGT) se mettront en place. Cette évolution va se réaliser dans une CGT qui est depuis de nombreuses années soumise organisationnellement et politiquement aux évolutions et aux trahisons du PCF. Les critiques concernant la FSM, les pays de l’Est et les rapports avec le PCF ont un double aspect : -l’un est sur une base s’appuyant sur une base marxiste -l’autre est sur une base foncièrement anticommuniste Les ML vont être très critiques vis-à-vis de la FSM et vont même demander le retrait de la CGT de cette fédération. Ces critiques « antirévisionnistes » seront évidemment interprétées et utilisées pour dénigrer le marxisme dans son ensemble, par tous les courants directement anticommunistes et antisoviétiques, mais aussi par toute une frange de militants issus du PCF. En définitive, il semble bien que c’est l’aspect « anticommuniste » qui va dominer dans les critiques et les rapports PCF/CGT, comme dans les analyses sur les dissidents, la Pologne, l’Afghanistan…Tout cela contribuera aux « bouleversements idéologiques des années 70-80 » qui vont favoriser la fin de l’URSS et la « défaite du socialisme » par la suite.

L’article de la page 4 : « Les maîtres des forges veulent rayer Longwy de la carte » précise que « Depuis 1976, la sidérurgie lorraine est frappée de plein fouet par un premier plan acier mis sur pied par le vicomte Davignon. Ce premier plan a déjà permis le licenciement de 20 000 travailleurs dans les usines lorraines ; en particulier par la liquidation de l’usine Chiers à Longwy, qui était une unité de 3 500 personnes. C’est aussi la liquidation d’Usinor-Thionville il y a un an, ce premier plan acier a été rendu possible en particulier par la « convention sociale » (signée par FO) qui mettait en licenciement d’abord des travailleurs âgés de 56 ans, puis ensuite d’autres âgés de 54 ans. Aujourd’hui, un deuxième plan acier est en route, il prévoit une nouvelle fois la suppression de 20 000 emplois dans la sidérurgie lorraine. ».

L’article du QDP n°812 -vendredi 15 décembre 1978- en page 4 : « Sidérurgie (Longwy) SOS Emplois » est illustré par
une photo du « SOS lumineux avec des lettres de 2,50 m, placé sur un crassier par des militants CFDT ». L’article indique :
« Mardi 12 décembre, 15h30 : au local de l’UL-CFDT, la nouvelle attendue vient de tomber : 4 700 emplois supprimés à Usinor-Longwy, et suppression de la phase liquide (hauts fourneaux, aciérie) d’ici 1980. A l’usine de Thionville, une coulée continue sera réalisée mais elle n’empêchera pas 250 nouvelles suppressions d’emplois. Et les 1 000 travailleurs de Thionville mutés l’an dernier sont aujourd’hui particulièrement menacés, alors que près de 4 000 suppressions d’emplois ont eu lieu, soi-disant pour sauver Longwy. Ici, ce n’est plus une surprise. La presse locale bien informée, avait annoncé le détail du plan restructuration, il y a plusieurs jours. Et déjà lundi, ces prévisions concernant Chiers-Chatillon avaient été confirmées : construction de l’aciérie à Neuves-Maisons, mais fermeture de l’usine de la Chiers de Longwy (1 850 emplois supprimés).
Les actions de sensibilisation sont en cours. Depuis samedi , le crassier d’Usinor, qui surplombe de 170 mètres les usines et Longwy-bas, est orné d’un S.O.S. lumineux haut de 2,50 mètres. Au pied du crassier, des militants CFDT sont présents jour et nuit. Car cette initiative ne plait guère à Usinor qui voudrait faire respecter son droit de propriété : les gardes accompagnés d’un huissier, ont prétendu intimider les travailleurs présents, mais sans grand succès.
Il faut croire que cette action ne plait guère non plus à la municipalité PCF, qui a refusé de prêter du matériel pour installer ce campement de la CFDT. Comment vont réagir les sidérurgistes et la population ? C’est difficile à dire aujourd’hui : colère, résignation, division sont présentes chez ces ouvriers qui, samedi matin, ont été interrogés par les militants CFDT dans le cadre de leur campagne de sensibilisation.
Ce qui semble nécessaire, pour engager la riposte, c’est de créer les moyens de surmonter les divisions entre usines, entre français et immigrés… et de préciser les objectifs de lutte. (Correspondant Thionville) »

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