samedi 1 septembre 2018

Journal de la Commune


LA COMMUNE DE PARIS AUX DÉPARTEMENTS

Vous avez soif de vérité, et, jusqu’à présent, le gouvernement de Versailles ne vous a nourris que de mensonges et de calomnies. Nous allons donc vous faire connaître la situation dans toute son exactitude.
C’est le gouvernement de Versailles qui a commencé la guerre civile en égorgeant nos avant-postes ; trompés par l’apparence pacifiques de ses sicaires ; c’est aussi ce gouvernement de Versailles qui fait assassiner nos prisonniers, et qui menace Paris des horreurs de la famine et d’un siège, sans souci des intérêts et des souffrances d’une population déjà éprouvée par cinq mois d’investissement. Nous ne parlerons pas de l’interruption du service des postes, si préjudiciable au commerce, de l’accaparement des produits de l’octroi, etc., etc. Ce qui nous préoccupe avant tout, c’est la propagande infâme organisée dans les départements par le gouvernement de Versailles pour noircir le mouvement sublime de la population parisienne. On vous trompe, frères, en vous disant que Paris veut gouverner la France et exercer une dictature qui serait la négation de la souveraineté nationale. On vous trompe, lorsqu’on vous dit que le vol et l’assassinat s’étalent publiquement dans Paris. Jamais nos rues n’ont été plus tranquilles. Depuis trois semaines, pas un vol n’a été commis, pas une tentative d’assassinat ne s’est produite.
Paris n’aspire qu’à fonder la République et à conquérir ses franchises communales, heureux de fournir un exemple aux autres communes de France. Si la Commune de Paris est sortie du cercle de ses attributions normales, c’est à son grand regret, c’est pour répondre à l’état de guerre provoqué par le gouvernement de Versailles. Paris n’aspire qu’à se renfermer dans son autonomie, plein de respect pour les droits égaux des autres communes de France. Quant aux membres de la Commune, ils n’ont d’autre ambition que de voir arriver le jour où Paris, délivré des royalistes qui le menacent, pourra procéder à de nouvelles élections.
Encore une fois, frères, ne vous laissez pas prendre aux monstrueuses inventions des royalistes de Versailles. Songez que c’est pour vous autant que pour lui que Paris lutte et combat en ce moment. Que vos efforts se joignent aux nôtres, et nous vaincrons, car nous représentons le droit et la justice, c’est-à-dire le bonheur de tous par tous, la liberté pour tous et pour chacun sous les auspices d’une solidarité volontaire et féconde.
Paris, le 6 avril 1871.
La commission exécutive :
COURNET, DELESCLUZE, FÉLIX PYAT,
TRIDON, VAILLANT, VERMOREL.

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