LA
COMMUNE DE PARIS AUX DÉPARTEMENTS
Vous
avez soif de vérité, et, jusqu’à présent, le gouvernement de
Versailles ne vous a nourris que de mensonges et de calomnies. Nous
allons donc vous faire connaître la situation dans toute son
exactitude.
C’est
le gouvernement de Versailles qui a commencé la guerre civile en
égorgeant nos avant-postes ; trompés par l’apparence pacifiques
de ses sicaires ; c’est aussi ce gouvernement de Versailles qui
fait assassiner nos prisonniers, et qui menace Paris des horreurs de
la famine et d’un siège, sans souci des intérêts et des
souffrances d’une population déjà éprouvée par cinq mois
d’investissement. Nous ne parlerons pas de l’interruption du
service des postes, si préjudiciable au commerce, de l’accaparement
des produits de l’octroi, etc., etc. Ce qui nous préoccupe avant
tout, c’est la propagande infâme organisée dans les départements
par le gouvernement de Versailles pour noircir le mouvement sublime
de la population parisienne. On vous trompe, frères, en vous disant
que Paris veut gouverner la France et exercer une dictature qui
serait la négation de la souveraineté nationale. On vous trompe,
lorsqu’on vous dit que le vol et l’assassinat s’étalent
publiquement dans Paris. Jamais nos rues n’ont été plus
tranquilles. Depuis trois semaines, pas un vol n’a été commis,
pas une tentative d’assassinat ne s’est produite.
Paris
n’aspire qu’à fonder la République et à conquérir ses
franchises communales, heureux de fournir un exemple aux autres
communes de France. Si la Commune de Paris est sortie du cercle de
ses attributions normales, c’est à son grand regret, c’est pour
répondre à l’état de guerre provoqué par le gouvernement de
Versailles. Paris n’aspire qu’à se renfermer dans son autonomie,
plein de respect pour les droits égaux des autres communes de
France. Quant aux membres de la Commune, ils n’ont d’autre
ambition que de voir arriver le jour où Paris, délivré des
royalistes qui le menacent, pourra procéder à de nouvelles
élections.
Encore
une fois, frères, ne vous laissez pas prendre aux monstrueuses
inventions des royalistes de Versailles. Songez que c’est pour vous
autant que pour lui que Paris lutte et combat en ce moment. Que vos
efforts se joignent aux nôtres, et nous vaincrons, car nous
représentons le droit et la justice, c’est-à-dire le bonheur de
tous par tous, la liberté pour tous et pour chacun sous les auspices
d’une solidarité volontaire et féconde.
Paris,
le 6 avril 1871.
La
commission exécutive :
COURNET,
DELESCLUZE, FÉLIX PYAT,
TRIDON,
VAILLANT, VERMOREL.
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