Jetons
de l'huile sur le feu des luttes
Au
fil des semaines, au fur et à mesure où s’accumulent les
informations concernant les pertes colossales enregistrées, au cours
de l’année dernière ou de ces seuls derniers mois, par les
banques et les entreprises, que les plans de licenciements collectifs
se succèdent, que les chiffres du chômage explosent, que les
perspectives économiques s’assombrissent de plus en plus, on prend
la mesure de l’ampleur proprement extraordinaire et de la brutalité
inouïe de la récession qui est en train de s’installer un peu
partout dans le monde, après l’éclatement de la crise financière
de l’automne dernier, qui n’a d’ailleurs pas dit son dernier
mot. Il faut remonter aux années 1930 pour trouver des ordres de
grandeur identiques.
En
fait, la crise est à la mesure de la fantastique suraccumulation du
capital que trois décennies de politiques néolibérales ont
provoqué tant par la paupérisation relative du monde salarial
(impliquant la paupérisation absolue de certaines de ses couches)
que par le gonflement des profits et leur fuite vers la sphère
financière, créant des facilités tout à fait artificielles de
crédit, tant à la production qu’à la consommation. C’est à
l’écroulement de tout ce château de cartes de dimension
planétaire que l’on est en train d’assister.
Dans
ces conditions, des signes de panique se manifestent dans les rangs
mêmes de la bourgeoisie et de son personnel politique, responsables
en premier de la catastrophe et qui ne savent pas comment la
conjurer. On s’y inquiète d’un regain probable de conflictualité
sociale, qui pourrait aller jusqu’à l’éclatement de guerres
civiles dans certains Etats, attisée par l’incapacité des
dirigeants à trouver une solution à la crise, conduisant au repli
des Etats sur eux-mêmes, à la montée du protectionnisme et à
l’aggravation des tensions internationales1.
Cette
panique semble d’ailleurs avoir déjà gagné les leaders de la
soi-disant opposition de gauche. Ainsi a-t-on récemment entendu
Martine Aubry s’inquiéter de ce que « le sentiment de
ras-le-bol des Guadeloupéens et Martiniquais se diffuse ici [en
métropole]… Il faut tout faire pour que ça n’arrive pas.»2
Alors qu’il faudra au contraire tout faire pour que la magnifique
lutte des Antillais et Antillaises soit reprise et amplifiée en
métropole. Et c’est la même panique qui dicte aux directions des
confédérations syndicales leur attentisme qui les conduit à
différer au 19 mars la reprise de la mobilisation prometteuse
réussie lors de la journée de grève interprofessionnelle du 29
janvier. Pour notre part, nous sommes bien décidés, au contraire, à
jeter de l’huile sur le feu des luttes. C’est le meilleur moyen,
sinon le seul, de sortir de la mouise où nous enfoncent la
bourgeoisie, ses experts et ses agents serviles. Avec l’aggravation
de la crise, les conditions d’un nouveau cycle de luttes de grande
ampleur sont en train d’être réunies. Il nous appartient d’en
exploiter les potentialités en termes de mobilisation et
d’organisation, en avançant pour commencer un mot d’ordre très
simple : «Nous ne paierons pas la facture de la crise ! Que les
casseurs soient les payeurs», en exigeant une hausse généralisée
et substantielle des salaires, une revalorisation des prestations
sociales, l’arrêt du démantèlement des services publics, le tout
assorti d’un alourdissement de la fiscalité sur le capital, le
patrimoine et les hauts revenus.
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