Copenhague,
compassion sans solution ? Décembre 2009
La
liturgie annoncée où les grands de ce monde auraient psalmodié en
choeur «Nous faisons tout pour sauver la planète» n’aura pas
lieu. Sarko, notre omni-président, après s’être présenté avec
force gesticulations comme le sauveur du monde de la finance,
s’apprêtait pourtant à officier en sauveur suprême de la
planète. Il se targuait d’avoir «expliqué à Obama qu’il
devait être présent à Copenhague », que la «portée du
symbole» valait le déplacement. Mais le cérémonial prévu
tourne à la cacophonie… Ils espéraient occulter le fiasco de
Kyoto, alors que l’effet de serre s’est accru de 35%, et que, par
conséquent, le marché spéculatif des droits à pollution n’est
pas la solution ! Ils comptaient masquer la logique du capitalisme
qui considère la nature comme un réservoir de ressources infini et
un dépotoir sans fonds où l’on peut déverser les déchets ! Ils
escomptaient sans vergogne assujettir les pays du Sud à leurs
marchandages de CO2 à l’aide de quelques charitables aumônes. Et
Sarko de croire qu’il suffisait de rallier les USA et la Chine à
la chimère de la financiarisation de la crise écologique ! Ses
fanfaronnades ont fait long feu. Et pourtant, la messe était bien
préparée. La présidence danoise s’était instituée grand prêtre
du bréviaire que tous devaient accepter. Mal lui en prit, une église
dissidente confectionnait en catimini un autre catéchisme
schismatique. Celui des pays du Sud. Ils réclamaient une aide
massive, des transferts de technologie et proclamaient: les pays
capitalistes du Nord, pollueurs depuis le 19ème siècle, devaient
pour l’essentiel supporter la réduction des émissions de CO2.
L’annonce d’une aide de 7milliards sur 3 ans faite par l’Europe
ne les a pas leurrés: «insignifiant !».
Au-delà
des murs gardés par une myriade de policiers, en dehors de ce
conclave feutré, se joue le vrai combat de Copenhague, celui de la
mobilisation des peuples. 522 organisations, représentant 67 pays
protestent: «Changer le système, pas le climat», «la
croissance infinie n’est pas possible dans un monde fini». Le
12 décembre, ils étaient 100 000 à manifester, jamais une telle
mobilisation n’avait été atteinte lors d’une conférence sur le
climat, même si, faut-il le préciser (!) les syndicats étaient peu
présents ! Et pourtant, la question écologique est un enjeu social.
Les victimes principales des tragédies climatiques seront les
populations les plus vulnérables, l’Afrique subsaharienne, l’Asie,
l’Amérique du Sud et les pays insulaires. Mais la ploutocratie
mondialisée et les dignitaires des Etats industrialisés n’ont
d’autres stratégies que celles faisant jaillir de nouvelles
sources de profits. La misère du monde, les catastrophes climatiques
à venir, ce n’est pas leur problème. C’est le nôtre, celui des
peuples du monde débarrassés du système capitaliste productiviste
et énergivore. Il ne s’agit plus de sortir de la crise du
capitalisme mais de sortir du capitalisme en crise pour éviter la
barbarie.
Rédigé
le 16.12.2009
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