jeudi 28 juin 2018

La vraie vie n'a pas peur des larmes


La ville n'offre pas les mêmes parenthèses pour tout le monde.

La misère des vies en ruines sous les lumières des néons.
Ceux qui agonisent du manque de reconnaissance.
La pluie qui salit ces silhouettes presque inexistantes.

Les inutiles encombrent les espaces et le temps.
Jouissent de leur inutilité indécente.
Nous imposent l'explosion de leur bêtise.
Nous ne voulons pas croire en leur existence.

Nous ne voulons pas que la lumière tombe sur eux.
Nous souhaitons pour eux l'anonymat qui meurtrit.
Qu'ils retombent enfin dans la fosse sceptique dont ils n'auraient jamais du sortir.

Leurs beuglements assourdissent les consciences.
La télé défiscalise la bêtise,
Elle dédouane les individualismes,
Elle court et se prosterne devant la haine.
Elle universalise les éliminations au faciès.
Elle vote sur la plastique non le talent.

Tout le monde doit pleurer lorsque le clap nous l'indique.
La dictature du rire sur commande masque la mortelle décrépitude de la vie en société.
Les espaces vides doivent absolument se combler.
Le loisir est programmé, chronométré, imposé.

L'internet relie les consciences vides de millions d'amis.
Le rien ou la banalité comblent des inexistences.
La censure devient conscience.
Ces gens portent les mêmes rêves qu'ils ont choisi dans le catalogue.
La spontanéité est défunte le jour où les peuples ont confié les clés à des professionnels de la démocrature.
Le nationalisme est dans les coursives, la sémantique a glissé vers la part fangeuse de l'animalité.
Les squales se régalent de voir les doux se débattre dans des filets qui se resserrent.
Les souffles sont courts lorsqu'ils hurlent à pleins poumons « Liberté ! ».

Nous ne faisons plus aucun effort pour nous aimer ou du moins nous tolérer.
Nous avons appris à nous délecter du spectacle de la haine.
Pour certains, nous avons conscience de ce vers quoi nous allons inexorablement. Et nous avons beau hurler au danger, ils nous regardent affectueusement en bougeant la tête comme pour nous dire : «  Nous savons mais qui pouvons nous ? »
Mais nous n'admettons pas de trembler.


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