La
ville n'offre pas les mêmes parenthèses pour tout le monde.
La
misère des vies en ruines sous les lumières des néons.
Ceux
qui agonisent du manque de reconnaissance.
La
pluie qui salit ces silhouettes presque inexistantes.
Les
inutiles encombrent les espaces et le temps.
Jouissent
de leur inutilité indécente.
Nous
imposent l'explosion de leur bêtise.
Nous
ne voulons pas croire en leur existence.
Nous
ne voulons pas que la lumière tombe sur eux.
Nous
souhaitons pour eux l'anonymat qui meurtrit.
Qu'ils
retombent enfin dans la fosse sceptique dont ils n'auraient jamais du
sortir.
Leurs
beuglements assourdissent les consciences.
La
télé défiscalise la bêtise,
Elle
dédouane les individualismes,
Elle
court et se prosterne devant la haine.
Elle
universalise les éliminations au faciès.
Elle
vote sur la plastique non le talent.
Tout
le monde doit pleurer lorsque le clap nous l'indique.
La
dictature du rire sur commande masque la mortelle décrépitude de la
vie en société.
Les
espaces vides doivent absolument se combler.
Le
loisir est programmé, chronométré, imposé.
L'internet
relie les consciences vides de millions d'amis.
Le
rien ou la banalité comblent des inexistences.
La
censure devient conscience.
Ces
gens portent les mêmes rêves qu'ils ont choisi dans le catalogue.
La
spontanéité est défunte le jour où les peuples ont confié les
clés à des professionnels de la démocrature.
Le
nationalisme est dans les coursives, la sémantique a glissé vers la
part fangeuse de l'animalité.
Les
squales se régalent de voir les doux se débattre dans des filets
qui se resserrent.
Les
souffles sont courts lorsqu'ils hurlent à pleins poumons
« Liberté ! ».
Nous
ne faisons plus aucun effort pour nous aimer ou du moins nous
tolérer.
Nous
avons appris à nous délecter du spectacle de la haine.
Pour
certains, nous avons conscience de ce vers quoi nous allons
inexorablement. Et nous avons beau hurler au danger, ils nous
regardent affectueusement en bougeant la tête comme pour nous dire :
« Nous savons mais qui pouvons nous ? »
Mais
nous n'admettons pas de trembler.
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