Ce
qui est connu du grand public, qui a de la réputation. La célébrité
d’un savant, la célébrité d’un roman, la célébrité d’un
bandit. Il y a une nuance entre la célébrité et la gloire et il ne
faut pas confondre l’une avec l’autre. On peut devenir célèbre
en accomplissant une mauvaise action de grande envergure. Un grand
criminel, un grand général qui fit massacrer des millions
d’individus sur les champs de bataille, peuvent devenir célèbres
; mais ils ne seront jamais glorieux qu’aux yeux des populations
serviles, nationalistes et patriotes. Les terribles « Chauffeurs de
la Drôme » furent célèbres. Le nom de Poincaré est célèbre ;
celui de Pasteur est entouré d’une auréole de gloire
incontestable.
En
notre siècle de mercantilisme où tout se négocie, la célébrité
s’acquiert avec de l’argent. De la publicité autour du nom d’un
mauvais romancier, et le voici devenu célèbre. De grands savants,
des bienfaiteurs de l’humanité resteront obscurément abandonnés
durant toute leur existence, tandis que des charlatans, grâce au
bruit fait autour d’eux, seront universellement connus et fêtés.
Un homme célèbre n’est donc pas obligatoirement un grand homme et
c’est avec raison que Mme Necker a dit : « Il y a des célébrités
factices auxquelles on travaille toute sa vie et qui finissent à la
mort. Il y a des célébrités qui commencent au tombeau et ne
finissent plus ».
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