CITOYENS,
Aujourd’hui,
il nous a été donné d’assister au spectacle populaire le plus
grandiose qui ait jamais ému nos âmes : Paris saluait, acclamait sa
Révolution ; Paris ouvrait à une page blanche le livre de
l’histoire et y inscrivait son nom puissant. Deux cent mille homme
libres sont venus affirmer leur liberté et proclamer au bruit du
canon l’institution nouvelle. Que les espions de Versailles, qui
rôdent autour de nos murs, aillent dire à leurs maîtres quelles
sont les vibrations qui sortent de la poitrine d’une population
tout entière, comme elles emplissent la cité et franchissent les
murailles ; que ces espions, glissés dans nos rangs, leur rapportent
l’image de ce spectacle grandiose d’un peuple reprenant sa
souveraineté, et, sublime ambitieux, le faisant en criant ces mots :
Mourir
pour la Patrie !
CITOYENS,
Nous
venons de remettre en vos mains l’oeuvre que vous nous avez chargés
d’établir, et, à ce dernier moment de notre éphémère pouvoir,
avant de rentrer définitivement dans les attribution du Comité de
la garde nationale, attributions d’où les événements nous
avaient fait sortir, nous voulons vous dire un mot de remerciement.
Aidés
dans notre tâche par votre admirable patriotisme et par votre
sagesse, nous avons, sans violence, mais sans faiblesse, accompli les
clauses de notre mandat. Entravés dans notre marche par la loyauté
qui nous interdisait de faire acte de gouvernement, nous avons
néanmoins pu, en nous appuyant sur vous, préparer en huit jours une
révolution radicale. Nos actes vous sont connus, et c’est avec
l’orgueil du devoir accompli que nous nous soumettons à votre
jugement. Mais avant de passer nous-mêmes au tribunal de votre
opinion, nous voulons dire que rien n’a été fait en bien que par
vous ; nous voulons proclamer bien haut que, maître absolu et
légitime, vous avez affirmé votre force surtout par votre
générosité, et que, si vous avez réclamé et imposé les
revendications, vous n’avez jamais usé de représailles.
La
France, coupable de vingt années de faiblesse, a besoin de se
régénérer des tyrannies et des mollesses passées par une liberté
calme et par un travail assidu. Votre liberté, les élus
d’aujourd’hui la garantiront avec énergie, la consacreront à
tout jamais : le travail dépend de vous seuls ; les rédemptions
sont personnelles. Groupez-vous donc avec confiance autour de votre
Commune, facilitez ses travaux en vous prêtant aux réformes
indispensables ; frères entre vous, laissez-vous guider par des
frères ; marchez dans la voie de l’avenir avec fermeté, avec
vaillance ; prêchez d’exemple en prouvant la valeur de la liberté,
et vous arriverez sûrement au but prochain :
La
République universelle.
Hôtel-de-Ville
de Paris, 28 mars 1871.
Les
membres du Comité central :
AVOINE
FILS, ANT. ARNAUD, G. ARNOLD, ASSI, ANDIGNOUX, BOUIT, JULES BERGERET,
BABICK, BAROUD, BILLIORAY, BLANCHET, L. BOURSIER, CASTIONI, CHOUTEAU,
C. DUPONT, FABRE, FERRAT, HENRY FORTUNÉ, FLEURY, FOUGERET, C.
GAUDIER, GOUHIER, H. GERESME, GROLARD, GROLIER, JOURDE, JOSSELIN,
LAVALETTE, MALJOURNAL, ED. MOREAU, MORTIER, PRUDHOMME, ROUSSEAU,
RANVIER, VARLIN, A.
DU
CAMP.
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