samedi 16 juin 2018

Gustave Le Bon Psychologie des foules




« Ce n'est qu'en approfondissant un peu la psychologie des foules qu'on comprend à quel point les lois et les institutions ont peu d'actions pour elles ; combien elles sont incapables d'avoir des opinions quelconques en dehors de celles qui leur sont imposées ; que ce n'est pas avec des règles basées sur l'équité théorique pure qu'on les conduit, mais en recherchant ce qui peut les impressionner et les séduire. »

« On remarquera que, parmi les caractères spéciaux des foules, il en est plusieurs, tel que l'impulsivité, l'irritabilité, l'incapacité de raisonner, l'absence de jugement et d'esprit critique, l'exagération des sentiments , et d'autres encore , que l'on observe également chez les êtres appartenant à des formes inférieures d'évolution, tels que la femme, le sauvage et l'enfant ; mais là une analogie que je n'indique qu'en passant. »

« Exagérée dans ses sentiments, la foule n'est impressionnée que par des sentiments excessifs. L'orateur qui veut la séduire doit abuser des affirmations violentes. Exagérer, affirmer, répéter, et ne jamais tenter de rien démontrer par un raisonnement, sont des procédés d'argumentation bien connus des orateurs des réunions populaires . »

« L'autoritarisme et l'intolérance sont pour les foules des sentiments très clairs, qu'elles conçoivent aisément et qu'elles acceptent aussi facilement qu'elles les pratiquent, dès qu'on leur impose. Les foules respectent docilement la force et sont médiocrement impressionnées par la bonté, qui n'est guère pour elles qu'une forme de la faiblesse. Leurs sympathies n'ont jamais été aux maîtres débonnaires, mais aux tyrans qui les ont vigoureusement écrasées. C'est toujours à ces derniers qu'elles dressent les plus hautes statues. Si elles foulent volontiers aux pieds le des poste renversé, c'est parce qu'ayant perdu sa force, il rentre dans cette catégorie des faibles qu'on méprise parce qu'on ne les craint pas. Le type du héros cher aux foules aura toujours la structure d'un César. Son panache les séduit, son autorité leur impose et son sabre fait peur.
Toujours prête à se soulever contre une autorité faible, la foule se courbe avec servilité devant une autorité forte. Si la force de l'autorité est intermittente, la foule, obéissant toujours à ses sentiments extrêmes, passe alternativement de l'anarchie à la servitude, et de la servitude à l'anarchie. »

« Les foules qui font des grèves les font bien plus pour obéir à un mot d'ordre que pour obtenir une augmentation du maigre salaire dont elles se contentent. »



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