« Ce n'est qu'en approfondissant un peu la
psychologie des foules qu'on comprend à quel point les lois et les
institutions ont peu d'actions pour elles ; combien elles sont
incapables d'avoir des opinions quelconques en dehors de celles qui
leur sont imposées ; que ce n'est pas avec des règles basées
sur l'équité théorique pure qu'on les conduit, mais en recherchant
ce qui peut les impressionner et les séduire. »
« On remarquera que, parmi les caractères
spéciaux des foules, il en est plusieurs, tel que l'impulsivité,
l'irritabilité, l'incapacité de raisonner, l'absence de jugement et
d'esprit critique, l'exagération des sentiments , et d'autres encore
, que l'on observe également chez les êtres appartenant à des
formes inférieures d'évolution, tels que la femme, le sauvage et
l'enfant ; mais là une analogie que je n'indique qu'en
passant. »
« Exagérée dans ses sentiments, la foule n'est
impressionnée que par des sentiments excessifs. L'orateur qui veut
la séduire doit abuser des affirmations violentes. Exagérer,
affirmer, répéter, et ne jamais tenter de rien démontrer par un
raisonnement, sont des procédés d'argumentation bien connus des
orateurs des réunions populaires . »
« L'autoritarisme et l'intolérance sont pour les
foules des sentiments très clairs, qu'elles conçoivent aisément et
qu'elles acceptent aussi facilement qu'elles les pratiquent, dès
qu'on leur impose. Les foules respectent docilement la force et sont
médiocrement impressionnées par la bonté, qui n'est guère pour
elles qu'une forme de la faiblesse. Leurs sympathies n'ont jamais été
aux maîtres débonnaires, mais aux tyrans qui les ont vigoureusement
écrasées. C'est toujours à ces derniers qu'elles dressent les plus
hautes statues. Si elles foulent volontiers aux pieds le des poste
renversé, c'est parce qu'ayant perdu sa force, il rentre dans cette
catégorie des faibles qu'on méprise parce qu'on ne les craint pas.
Le type du héros cher aux foules aura toujours la structure d'un
César. Son panache les séduit, son autorité leur impose et son
sabre fait peur.
Toujours prête à se soulever contre une autorité
faible, la foule se courbe avec servilité devant une autorité
forte. Si la force de l'autorité est intermittente, la foule,
obéissant toujours à ses sentiments extrêmes, passe
alternativement de l'anarchie à la servitude, et de la servitude à
l'anarchie. »
« Les foules qui font des grèves les font bien
plus pour obéir à un mot d'ordre que pour obtenir une augmentation
du maigre salaire dont elles se contentent. »
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