Un
des deux édifices où, autrefois, se rendait la justice royale de la
Ville de Paris. Il y avait le grand et le petit Châtelet. Le grand
Châtelet semble avoir été bâti sous le règne de Louis le Gros;
mais en 1657 les bâtiments tombaient en ruine et un ordre du roi
arrêta que le tribunal qui y siégeait irait, durant les
réparations, s'établir dans le Couvent des Grands Augustins.
Pendant un an les moines résistèrent à l'Edit royal et aux arrêts
du Parlement et ce n'est que par la force qu'ils furent expulsés. En
1864 on ajouta de nouveaux bâtiments aux anciens et avant la grande
révolution il ne restait plus que quelques vieilles tours
entièrement désaffectées. En 1802 il fut complètement démoli.
Les prisons du Châtelet se divisaient d'abord en neuf parties puis
en quinze, dont les noms seuls évoquent la barbarie et la terreur.
On s'imagine ce que devaient souffrir les malheureux emprisonnés
dans les cachots dénommés : « Les Chaînes », « La Barbarie »,
« La Boucherie », « Les Oubliettes ». Dans un de ces cachots
appelés « La Fosse », il paraît que l'on faisait descendre les
prisonniers par un trou pratiqué dans le souterrain au moyen d'une
poulie, comme un seau dans un puits. Dans un autre cachot, appelé
Chausses d'Hypocras, les prisonniers avaient les pieds dans l'eau, et
ne pouvaient rester ni debout ni couchés. Le cachot désigné sous
le nom de Fin d'Aises était plein d'ordures et de reptiles.
(Lachâtre).
Le
petit comme le grand Châtelet fut le théâtre de scènes de
carnage. En 1418, ses prisonniers furent massacrés par les
Bourguignons. Ils tentèrent de se défendre à coup de pierres et de
tuiles; mais les assaillants les précipitèrent par les fenêtres et
les malheureux prisonniers étaient reçus sur les pointes des
piques. Par la suite, et jusqu'à la Révolution, le Châtelet devint
le siège de la prévôté, institution qui jugeait en premier
ressort les causes civiles des personnes attachées à la Cour du
roi. Il ne subsiste plus rien aujourd'hui de cette construction
hideuse dans laquelle s'accomplit tant de meurtres et de crimes.
Hélas, si le Châtelet a disparu, comme la Bastille, d'autres
châtelets et d'autres bastilles ont été construits et la
souffrance humaine se perpétue à l'ombre des chambres de torture,
qu'ignorent volontairement les grands de ce monde. C'est au peuple
qu'il appartient, en transformant la société, de raser toutes les
prisons, tous les bagnes qui ne sont que des Châtelets modernes,
dans lesquels le capital et le Gouvernement détiennent ceux qui se
révoltent contre l'Ordre établi.
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