1976
:
Vers
le 37e congrès de la CFDT d’Annecy le 25-29 mai 1976
Front
Rouge mensuel n°2 (nouvelle série) décembre 1975 « Préparons
le 37eme congrès de la CFDT ! » -pages 28-29-30-31-32-33-
Dans l’introduction de l’article il est précisé que
«
Le 37e congrès CFDT se tiendra en mai 1976 à Annecy. A
l’ordre du jour de cette assemblée de syndicats : « la
pratique syndicale », « l’union des forces populaires et
les objectifs significatifs de la transition socialiste »…
C’est assez dire que ce sera l’occasion d’une sévère lutte
de lignes sur le bilan de l’opération lancée par le Parti
Socialiste en direction de la Confédération, depuis les
présidentielles de 74, et sur les perspectives politiques dont doit
se doter la centrale : « autogestion » ou révolution, tel
est l’enjeu ! ».
Plus
loin l’article revient sur l’origine de la CFDT :
«
C’est plus de 80 ans qu’il a fallu à la Confédération
Française et Démocratique du Travail (CFDT) pour se dégager des
principes de collaboration de classe ouverte qui avait présidé à
la création en 1887 du premier syndicat des Employés du Commerce
parisien, berceau « chrétien social » de la CFTC,
fondé en 1919, mais qui ne connut ses premières « sections
ouvrières » qu’en 1936, dans le textile du nord. Ce n’est
pas avant 1964, fût-ce au niveau d’un texte
d’orientation, que l’on trouve cette timide reconnaissance dans
une intervention d’Eugène Descamps : « Nous savons
que la lutte des classes est une réalité dans le système
capitaliste… ». (…) « bien vite tempérée d’une
mise en garde fortement teintée d’anti-communisme : «
Si cette lutte est nécessaire pour accéder à plus de justice,
autre chose est de la développer systématiquement, au risque de
sauter dans une société totalitaire».
Le
35e congrès et les acquis de la CFDT
L’article
se poursuit par une présentation et une appréciation du 35e congrès
:
«
En fait seul le 35e Congrès confédéral de 1970 marquera un
choix politique plus nettement prononcé, exprimé en particulier par
les affirmations suivantes : « C’est en organisation
anti-capitaliste que nous avons à ajuster nos comportements,
à définir des objectifs et des moyens d’action afin de permettre
l’avènement d’une société socialiste » et, «
la stratégie de la CFDT est une stratégie offensive tendant, à
travers la lutte des classes, à hâter l’instauration de
cette société ».
Front
Rouge précise ce qu’il considère comme étant les acquis de
la CFDT :
«
C’est de se moment-là qu’on peut dater sous
l’impulsion d’une syndicalisation de jeunes travailleurs,
d’ouvrières et employées, d’immigrés (après mai 68), un
certains nombre d’acquis : un style de travail
souvent plus « démocratique » que la CGT (assemblée
générale, comité de grève…) la reconnaissance de
revendications « non hiérarchisées » et contre les
conditions de travail…
la
conduite de lutte « dures » (Girosteel, Joint Français,
Penarroya…).
l’impulsion
d’actions porteuses d’une « nouvelle légalité ouvrière
» (Lip, Cerisay sur le thème « On produit, on vend, on se paie »…
).
Le
courant qui, au sein de la CFDT, était plus spécialement porteur de
ces aspirations légitimes des masses, a vite éclaté face
aux manoeuvres de l’Union de la Gauche, car aux côtés de
syndicalistes révolutionnaires, on trouvait surtout des
anarcho-syndicalistes et sociaux-démocrates « de gauche »,
regroupés un moment en un ensemble disparate. Ils furent chargés de
louanges par les groupes trotskistes qui les considérèrent pendant
longtemps comme un seul bloc sous l’étiquette de «
Gauche Syndicale ». Face aux partisans inavoués de la
CFTC, symbolisés par Gaspard, ancien dirigeant du syndicat des
enseignants (le SGEN-CFDT), et qui a scissionné l’année
dernière sur une critique de droite de l’alignement sur le PS….
Il est certain qu’il existait une gauche, animée par des «
baroudeurs » syndicaux, au style ouvert et accrocheur
comme l’était par exemple le militant chrétien de gauche F.
Krumnov et beaucoup de responsables de son équipe (militants
de la Fédération Habillement –Cuirs et Textile, de
la Santé, du Commerce, du Centre Confédéral de la Jeunesse…)
Les
pressions politiques exercées par le P« C » F pour que la CFDT se
rallie au programme commun, la reconstitution des forces de la
social-démocratie après le congrès du soi-disant « nouveau
» PS (Epinay) 1971, eurent tôt fait d’amener une
recomposition des courants politique dans la CFDT et un certain
nombre de « révisions tactiques » en retrait (sur
les mots d’ordre, le style de travail…), sous prétexte de
clarification des objectifs de la Confédération ! »
Une
remise en cause
Dans
le passage ci-dessous de l’article de FR mensuel n°2 de décembre
1975, il est noté dans le chapitre : « Une remise en cause » :
«
Le dernier congrès de la CFDT, le 36ème tenu à Nantes en 1973
fut considéré avec satisfaction par G. Séguy comme une
première et précieuse remise en ordre, au service de l’Union de
la Gauche. L’accord interconfédéral du 26 juin 74, plus
couramment et clairement connu sous le nom d’« accord
anti-Lip », n’a été en ce sens que la sanction du
« nettoyage » amorcé par les sociaux démocrates
dans ce qu’ils ont considéré un peu vite comme « leur »
boutique syndicale. »
L’article
de FR se poursuit à la page 29 par une présentation de cet «
Accord du 26 juin 74 » sous le titre « Deux
conceptions de l’ ‘‘unité syndicale‘‘ » il y
est précisé que « l’accord conclu « dans la foulée » de la
campagne présidentielle, sous la pression politique et idéologique
du P"C"F et du PS qui mettaient l’accent sur «
l’enthousiasme que devrait susciter chez les travailleurs le
courant puissant qui portait la candidature de la Gauche » et qui
selon la direction de la CGT à l’époque, « devait se continuer
par un renforcement de l’unité syndicale »… De fait, il liait
les mains aux militants CFDT en les amarrant à une plate-forme
revendicative qui reflétait totalement les visées politiques
contre-révolutionnaires de l’Union de la Gauche. Elle prenait par
exemple positions :
●
contre
les comités de grève et la souveraineté des Assemblées des
travailleurs…
●
contre
les Comités de soutien qui ne s’en tiendraient pas à un rôle «
purement technique »…
●
contre
les mots d’ordre d’augmentations uniformes…
Le
chapitre suivant de FR n°2, détaille « L’initiative d’un
courant d’opposition syndicale révolutionnaire pour l’unité
syndicale sur des bases de lutte de classe »
et notamment le rôle et le soutien des marxistes-léninistes de
Front Rouge à la lutte des travailleurs de Lip, le lancement d’un
projet de construction d’un courant d’opposition syndicale
révolutionnaire.
L’article
retrace dans le chapitre « L’opération des Assises »
quelques points historiques et en précise le contexte et le but.
A
la page 30 sous le titre « La réplique syndicaliste
révolutionnaire s’organise » est rappelé le rôle du
PCRml et des syndicalistes révolutionnaires dans la CFDT. Le
chapitre « A propos des positions internationales de la CFDT »
précise en 6 points, les liens quelle entretient avec la CMT, la
CISL, la FST, la CES (les différentes structures syndicales
internationales), la complicité des réformistes avec le sionisme,
la nécessité de démasquer l’orientation confédérale…
Dans
le chapitre qui commence en fin de page 31 et qui est intitulé « Où
va la CFDT ? » indique très justement à la page 33
«
Le 37e Congrès est préparé par les dirigeants
réformistes de la confédération sur la base d’une réactivation
de « L’Union des Forces Populaires » (fondée sur
l’espérance d’un rééquilibrage de la gauche, favorable
à la social démocratie) et de l’adoption souhaitée de
cette « stratégie de la transition au socialisme ».
Transition par étapes (au même titre que la « démocratie avancée
» du P« C »F), pacifiquement (par la combinaison de « luttes de
masse » et de « débouchés électoraux »), en associant les
travailleurs au maintien de leur exploitation (sous couvert de «
pouvoir de décision ») : voilà comment se mettrait en place la «
stratégie autogestionnaire » d’aménagement du
capitalisme, élaborée par les réformistes comme alternative
au projet révisionniste de capitalisme d’État et au «
libéralisme musclé » giscardien ! ».
Ces
très larges extraits de l’article de FR nous montrent que la
présence des militants révolutionnaires au sein de la CFDT, ne fut
pas « un long fleuve tranquille » mais le résultat d’un
contexte, d’un choix et d’une lutte. Il éclaire également sur
le rôle néfaste du soutien à l’Union de la gauche et au
Programme Commun dans les stratégies de la CGT et de la CFDT.
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