Mot
d'origine anglaise. Anciennement, le club était une association de
bons camarades qui se réunissaient entre eux pour se distraire ;
mais petit à petit il évolua et devint, aux époques troublées, un
centre politique jouissant parfois d'une influence considérable. Le
premier club politique français se forma en 1782 sous le ministère
Calonne qui interdisait à ses membres de causer politique ou
religion. Presque immédiatement, se créèrent d'autres clubs, mais
ils furent tous dissous par ordonnance royale en 1789. Cependant,
l'orage politique et social qui pointait à l'horizon ne permettait
pas aux hommes qui allaient jouer un rôle dans la Grande Révolution
et qui prévoyaient les événements, de se tenir éloignés les uns
des autres. Un contact permanent leur semblait indispensable et,
malgré l'ordonnance royale de 89, d'autres clubs se reformèrent
presque aussitôt. Il en sortait de terre dans chaque centre, dans
chaque quartier, dans chaque rue. Ce fut d'abord le club des
Jacobins, le club de Montrouge qui comptait Mirabeau parmi ses
membres, le club du faubourg Saint-Antoine, le club de Clichy, le
club des Monarchistes, et combien d'autres. Mais les plus importants
de ces clubs, et qui jouèrent un rôle de premier ordre dans
l'histoire de la Révolution furent, sans contestation, le Club des
Cordeliers et le Club des Jacobins. Le premier comptait parmi ses
membres des hommes comme Camille Desmoulins, Marat et Danton. On peut
donc comprendre quelle fut sa puissance et qu'il dirigea pendant un
certain temps toute la politique révolutionnaire. Il fut cependant
supplanté par le club des Jacobins qui était animé par l'esprit et
la force de Robespierre, et était, en outre, le centre d'un
mouvement considérable. Un grand nombre de sociétés se
rattachèrent à lui et il avait des branches dans tous les grands
centres du territoire. Il avait son siège dans un couvent qui avait
auparavant été habité par les moines jacobins et toutes les
questions qui étaient présentées à la tribune nationale étaient,
avant, débattues et discutées à la tribune du club. Il exerçait
une telle influence, qu'il menaça à plusieurs reprises les pouvoirs
constitués. Quelles que soient les erreurs commises au sein de ces
différents clubs qui se déchiraient en défendant chacun une
politique différente, il faut cependant reconnaître qu'ils étaient
animés d'un sincère désir de voir triompher la Liberté dont ils
avaient, à notre point de vue anarchiste, une conception erronée.
C'est ce qui explique peut-être, dans une certaine mesure, les
ligues qui se formèrent contre eux et réussirent, à la fin, à les
détruire. La Révolution écrasée, le Consulat, l'Empire et la
Restauration ne tolérèrent pas l'organisation des clubs. Ils furent
remplacés par des sociétés secrètes.
Après
la Révolution de 1830, un grand nombre de citoyens essayèrent de
former « le club du ménage » de la rue Montmartre ; celui-ci fut
immédiatement fermé par ordre du gouvernement ; et ce n'est qu'en
1848 que nous voyons apparaître le club Blanqui et le club Raspail,
particulièrement fréquentés par les socialistes révolutionnaires.
Ils disparurent également avec la seconde république.
Le
club est redevenu aujourd'hui ce qu'il était à son origine : une
association ― le plus souvent d'aristocrates ― où se réunissent,
pour occuper leurs loisirs, les hommes d'un même « monde ». Le
club est presque devenu synonyme de cercle. Il y a, en Angleterre,
des clubs ouvriers dont l'unique but est d'offrir des distractions
collectives aux travailleurs, ou encore d'acheter, à meilleur
compte, pour les fêtes de Pâques et de Noël, les marchandises
indispensables au festin traditionnel. En France, il y a bien encore
quelques clubs politiques, mais ils ne présentent pas le caractère
des grands clubs du passé et n'exercent pour ainsi dire sur le
public aucune influence.
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