Le
pouvoir exécutif vient de se rendre coupable d’un acte qui,
réfléchi, froidement médité, dépasse de bien loin les exécutions
sommaires auxquelles se laisse parfois entraîner, un jour
d’insurrection, la foule furieuse.
Il
a livré au gouvernement espagnol le député José Guisasola,
condamné à mort dans son pays, qui passait en France pour se rendre
au Brésil. Guisasola
a été arrêté sans mandat et par ordre du préfet de la Gironde,
sur un paquebot transatlantique, par le maire de Paulliac.
Le
préfet qui a donné l’ordre se nomme Backausen. Interrogé, il a
déclaré avoir reçu des instructions du ministre Picard. Les
députés républicains espagnols Orense, marquis d’Albaïda,
Castelar et autres ont adressé à M. Picard une dépêche pour
demander la mise en liberté de leur collègue.
Il
est douteux qu’ils l’obtiennent. Qu’a de commun la République
autoritaire, avocassière, ignorante, agioteuse, de M. Picard avec la
République intelligente et forte que réclament Castelar et ses amis
et qu’ils feront peut-être triompher bientôt. Il y a une dizaine
d’années, lorsque le ministre de Saxe, von Beuest, livra à
l’Autriche le Hongrois Taleki, l’Europe entière et sa diplomatie
s’en émurent. Taleki était prince, il ne courait aucun danger.
Guisasola, lui, sera laissé à la merci de ceux qui l’ont condamné
à mort, et M Jules Favre continuera de lancer ses lâches calomnies,
ses invectives aux insurgés qui, par leur courage et leur décision,
ont peut-être sauvé non seulement Paris, mais aussi l’avenir de
la Révolution.
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