Réunion
de plusieurs individus, groupes, gouvernements ou États, pour la
défense de leurs intérêts, contre un ennemi momentané. La
coalition offre ceci de particulier : qu'elle n'associe pas des
individus de même tendance ou de mêmes idées, des gouvernements de
même nature, des nations de même race s'orientant vers un même
but, mais qu'elle est formée le plus souvent d'adversaires
paraissant irréconciliables et qui font une trêve lorsqu'ils sont
menacés particulièrement par un danger commun ou que des intérêts
immédiats les placent côte à côte. On a vu, en certaines
circonstances, des hommes politiques les plus hostiles les uns aux
autres, dont les doctrines étaient diamétralement opposées,
s'associer pour combattre une force qui prétendait les écraser les
uns et les autres. Les élections législatives de mai 1924, en
France, donnèrent le jour à un bloc qui groupait des éléments de
toutes tendances, sauf les Anarchistes naturellement, et qui n'était
qu'une coalition des forces politiques de gauche contre celles de
droite. Il y a aussi les coalitions guerrières et, depuis l'entente
qui fut conclue en 1124 entre Henri I, roi d'Angleterre et l'empereur
Henri V, pour envahir la France, jusqu'en 1815 époque où Napoléon
fut définitivement battu, de nombreuses coalitions se formèrent
contre la France. La plus dangereuse ― et pour cause ― fut celle
qui menaça la Révolution et qui était inspirée par la crainte et
la terreur qui gagnaient l'aristocratie, la noblesse et les monarques
de toute l'Europe qui voyaient leurs trônes chanceler. C'est aussi
une coalition qui se forma en 1914 contre l'empire germanique qui eut
à se défendre contre toutes les grandes puissances d'Europe,
auxquelles vinrent se joindre certaines nations américaines et
asiatiques. Mais la plus monstrueuse des coalitions modernes fut
celle qui menaça, dès les premiers jours de 1918, le superbe
mouvement révolutionnaire des travailleurs russes. Tout fut mis en
oeuvre pour étouffer en son berceau ce foyer qui illuminait l'Est et
menaçait d'embraser tout le vieux Monde. Intervention militaire,
guerre économique, rien ne fut oublié. Sans égard pour les femmes,
les enfants ou les vieillards, la coalition de la bourgeoisie
interdisait l'exportation en Russie de toute matière quelle qu'elle
fût et c'est elle qui doit être tenue pour responsable de cette
désastreuse et terrible famine qui décima une grande partie de la
population slave.
À
côté de toutes ces associations politiques et nationales, aux buts
imprécis et éphémères, il y a cette constante coalition
économique qui ne vise qu'à écraser la classe ouvrière, pour que
le capitalisme puisse rester le maître absolu de toute la richesse
sociale. Toute l'industrie, tout le commerce, toute la finance,
au-dessus des diverses tendances politiques qui les animent, se
coalisent contre l'ennemi commun : le prolétariat ; et tentent, en
formant un bloc compact, d'endiguer l'évolution des classes
inférieures qui prennent chaque jour un peu plus conscience de leur
force et de leurs possibilités. La coalition de toutes les forces du
capitalisme est la plus dangereuse ; car elle n'hésitera pas à
abandonner toutes les luttes d'ordre politique ou national, pour se
trouver unie et puissante en face dé la classe ouvrière, lorsque
celle-ci, débordant des cadres de la légalité prendra le chemin de
la révolution.
Il
faut, pour triompher, se servir d'armes de valeur au moins égales à
celles de ses adversaires et c'est pourquoi à la coalition des
puissances d'argent la classe ouvrière, si elle veut sortir
victorieuse des batailles qu'elle aura à livrer à la bourgeoisie,
doit opposer la coalition solidement organisée de tous les
exploités.
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