Droit
de suspension, d’interdiction, d’examen, sur les écrits, les
journaux, les livres, les pièces de théâtre, préalablement à
leur publication ou à leur présentation. La censure est une très
vieille institution et était considérée comme un des premiers
ordres de la magistrature chez les Romains. Son rôle avoué était
de corriger les abus que la loi n’avait pas prévus ; son rôle
réel - comme de nos jours du reste – était d’étouffer les
protestations des adversaires du pouvoir. En France, la censure
subsiste toujours bien qu’elle ait été légalement brisée en
1791, puis rétablie à plusieurs reprises ; mais elle ne s’exerce
préventivement que durant les périodes de trouble. Pendant la
dernière guerre, la censure permit aux gouvernements du monde de
poursuivre la boucherie, tout écrit devant être soumis à son
autorité pour obtenir l’autorisation d’être publié. La
suppression de la censure
préventive
n’implique pas la liberté d’écrire ou de penser, et ceux qui se
permettent, en France, comme dans les autres pays, de s’attaquer
aux institutions établies, en vertu de principes jugés subversifs
par les lois bourgeoises, sont victimes de la répression. Ce n’est
par conséquent qu’une question de mesure, et lorsque les
gouvernants des Etats bourgeois considèrent qu’il est de leur
intérêt de supprimer totalement la liberté de la presse, ils
n’hésitent jamais à ressusciter la censure préalable. C’est
donc le principe même de la censure qu’il faut combattre, car elle
est un abus dont usent les maîtres du pouvoir pour emprisonner la
pensée, et écraser toute liberté individuelle ou collective.
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