n. m. (du latin : lupus), fém.
louve Espèce animale du genre chien, qui peuplait il n'y a pas encore bien
longtemps, les grandes forêts de l'Europe, mais qui en a à peu près disparu
aujourd'hui. On en rencontre beaucoup en Russie, en Sibérie, et dans le nord de
l'Asie, ainsi qu'en Amérique septentrionale. Le pelage du loup est d'un fauve
grisâtre, mais varie selon les climats, en roux ou blanchâtre. Plus grand, plus
robuste que le chien, cet animal n'en diffère pas cependant très sensiblement
et d'ailleurs des accouplements peuvent avoir lieu et les hybrides obtenus
restent indéfiniment féconds, ce qui prouve un voisinage de race assez intime.
En deux ouvrages absolument remarquables de vie et d'observation : L'appel de
la forêt et Croc Blanc, l'écrivain américain Jack London, présente : là un
chien de trait, retournant auprès des loups, ses ancêtres, à l'appel de la
forêt ; et ici le fils du chien, redevenu loup, se faisant chien par nostalgie
de la société des hommes. Les loups vivent solitaires, dans les steppes, les
fourrées des grandes forêts, les ravins. Ils se reposent le jour, et la nuit
entrent en chasse ; l'hiver, ils se réunissent en bandes et, pressés par la
faim, s'attaquent aux bêtes les plus robustes, aux bœufs, aux chevaux, aux
moutons, et aussi, aux hommes ; mais « une fois le besoin ou le danger passé,
ils se séparent et retournent en silence à leur solitude. C'est en hiver que
les louves deviennent en chaleur ; plusieurs mâles suivent la même femelle et
se la disputent cruellement : ils grondent, ils frémissent, ils se battent, ils
se déchirent, et il arrive souvent qu'ils mettent en pièces celui d'entre eux
qu'elle a préféré. Ordinairement, elle fuit longtemps, lasse tous ses aspirant,
et se dérobe pendant qu'ils dorment, avec le plus alerte ou le préféré. Le loup
n'aboie pas, il hurle ; il a l'ouïe très bonne, la vue perçante et l'odorat
exquis ; il chasse, portant partout le nez au vent, avec plus d'avantage que le
chien. Toujours en garde contre les surprises, l'expérience lui a appris à se
défier des hommes, et si l'on ne prend des précautions pour lui dérober le
sentiment des pièges, si la moindre odeur d'homme ou de fer vient frapper son
odorat, il évite les embûches. Fort et vorace, il attaque les animaux plus gros
que lui. Naturellement poltron, il ne brave le danger que lorsqu'il est pressé
par la faim. Il emploie la ruse pour approcher des troupeaux, saisir des
moutons, des chèvres, des vaches, des chevaux. Le loup a beaucoup de force,
surtout dans les parties antérieures du corps, dans les muscles du cou et de la
mâchoire » (Buffon). Le loup fossile existe dans le diluvium des trois
continents où il vit encore aujourd'hui, avec des formes variables mais
suffisamment rapprochées de celles des espèces actuelles. Outre le loup
ordinaire, les naturalistes distinguent un assez grand nombre d'autres espèces
: le loup noir, le loup odorant, le loup des prairies, le loup rouge, le loup
du Mexique, le loup de Java, le culpeu, le Koupara ou chien crabier, le petit
Koupara, le corsac, le Karagan et le Kenlic. Nombreux dans les forêts du centre
de la France et de l'Est, les loups, destructeurs des troupeaux, furent
combattus comme un véritable fléau. Sous la royauté, leur destruction était
confiée à l'un des grands officiers de la couronne, qui prenait le nom de
Grand-louvetier. Cette charge disparut avec la monarchie et des primes
importantes furent attribuées aux chasseurs pour chaque tête de loup. Le
Dictionnaire universel de Lachâtre nous donne les prix suivants : 18 francs
pour une louve pleine, 15 francs pour une louve non pleine, 12 pour un loup, 6
pour un louveteau. Il est à noter que c'est là à peu à peu près le seul profit
que les chasseurs retiraient de leur travail, car la chair du loup est immangeable
et dégage une odeur insupportable. Seule, la peau peut être utilisée pour faire
des fourrures chaudes et durables, mais grossières. « Le loup joue un grand
rôle dans la fable et les traditions des peuples. Chez les Egyptiens, il était
particulièrement adoré à Lycopolis (vile du loup), ce qui n'empêchait pas
d'employer la figure de cet animal dans les hiéroglyphes comme le signe du
voleur. Les Grecs voyaient dans le loup Lycaon, transformé par Jupiter en bête
féroce. Chez eux, cet animal était consacré à Apollon ; chez les Romains, il
l'était au dieu Mars ; Romulus et Remus, fils de ce Dieu, avaient été allaités
par une louve. Il y a, au musée du Capitole, un groupe dit : louve de Romulus,
représentant selon la légende, une louve allaitant Romulus et Remus exposés au
pied du Palatin. Ce groupe avait été placé sur le Palatin, en 296 av. J.-C. Le
loup est le personnage le plus sympathique d'une des meilleures fables de La
Fontaine, Le loup et le chien, où le grand fabuliste (voir fable), oppose
l'amour de la liberté, même dans l'incertitude du lendemain, à la sécurité et
l'abondance dans la servitude : « Attaché! dit le loup : vous ne courez donc
pas Où vous voulez? - Pas toujours : mais qu'importe? - Il importe si bien que
de tous vos repas Je ne veux en aucune sorte, Et ne voudrais pas même à ce prix
un trésor. » Cela dit, maître loup s'enfuit, et court encore. Le puissant
écrivain, poète et philosophe : A. de Vigny, a consacré un de ses plus beaux
morceaux à La mort du loup, et l'on connaît la fermeté hautaine et l'ultime
fierté de l'apostrophe qui le clôture : « Gémir, pleurer, prier est également
lâche Accomplis jusqu'au bout ta longue et lourde tâche Dans la voie où le sort
a voulu t'appeler, Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler ». Loup,
est employé métaphysiquement dans nombre de locutions familières : Il fait un
froid de loup : un froid très rigoureux. Marcher à pas de loup :
silencieusement, et à dessein pour surprendre. Connu comme le loup gris, ou
blanc : être bien connu de tout le monde. Entre chien et loup : sur le soir, au
moment du crépuscule, pendant lequel on entrevoit encore les objets sans
pouvoir les distinguer. Se jeter dans la gueule du loup : s'exposer, de
soi-même, à un péril évident, qu'on pouvait éviter. Enfermer le loup dans la
bergerie : mettre, laisser quelqu'un dans un lieu, dans un poste où il peut
faire beaucoup de mal. Signifie aussi : laisser se refermer une plaie avant
qu'il en soit temps, ou faire rentrer un mal qu'il fallait faire sortir au
dehors. La faim fait sortir le loup du bois : la nécessité contraint à faire
bien des choses pour se procurer de quoi vivre. La lune est à l'abri des loups
: dans les rangs élevés de la société on n'a rien à craindre des personnes de «
basse condition ». A chair de loup, sauce de chien : il faut traiter les gens
selon leur mérite. Quand le loup est pris, tous les chiens lui lardent les
fesses : symbole de la lâcheté générale ; quand un homme fort, ou redouté est
tombé, tous ceux qui s'aplatissaient bassement à ses genoux et encensaient sa
puissance sonnent l'hallali et se précipitent sur lui comme des chiens à la
curée. Les hommes indépendants frappés par le pouvoir, les victimes des erreurs
judiciaires connaissent cette lapidation morale et parfois physique de la foule
avilie. Le loup mourra dans sa peau : il ne faut pas s'attendre à voir les
méchants s'amender. Hurler avec les loups : s'accommoder aux manières, aux
mœurs, aux opinions de ceux avec lesquels on vit on avec lesquels on se trouve,
quoiqu'on ne les approuve pas entièrement et faire chorus avec eux. Les loups
ne se mangent pas entre eux : les méchants ne font pas de mal aux méchants
cette locution trouve sa justification dans l'état social actuel, où les
maîtres évitent de se dévorer les uns les autres, même lorsque d'idées
opposées, ils paraissent le plus se combattre. Quand il s'agit de duper ou
d'exploiter le peuple, tous les politiciens se mettent d'accord. L'homme est un
loup pour l'homme : (Homo homini lupus) pensée de Plaute (250-184 av. J.-C.;
Asinaria, II, 4, 88) reprise et illustrée par Bacon et Hobbes, et qui revient à
dire que l'homme fait beaucoup de mal à son semblable. Avec l'organisation actuelle
de la propriété et l'Etat qui en est la conséquence nécessaire, l'homme est, en
effet, un loup pour l'homme. La Fraternité est un mot vain, quand les produits
du travail des multitudes peuvent être appropriés par quelques-uns ; car les
possédants doivent pour conserver leurs privilèges, sans cesse lutter contre la
tendance révolutionnaire des non possédants ; ceux-ci, pour pouvoir seulement
subsister, doivent lutter aussi sans un instant de répit contre les exigences
du maître toujours et nécessairement insatiable, d'où un état d'instabilité
permanent, de drames affreux, de douleurs sans cesse renouvelées, où succombe
le plus faible, souvent le meilleur. L'homme est un loup pour l'homme! Pour que
l'homme s'élève à son expression véritable d’homme, il faut qu'il renonce à
dominer ses pareils et qu'au lieu de chercher à les assujettir à son autorité,
il leur tende une main solidaire. LOUP Demi-masque de velours ou satin noir,
que mettaient autrefois les dames lorsqu'elles sortaient et qu'on met encore aujourd’hui
au bal masqué, en temps de carnaval. - Faute, erreur dans un travail.
Agglomération de matière mal fondue qui se forme dans le minerai en fusion. -
Constellation australe, comprenant 51 étoiles ; certaines se voient à l'ouest
et au-dessous du Scorpion. –
A. LAPEYRE
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