"Nous avons vu que le fascisme doit être considéré comme un problème relevant de la psychologie de masse et non de la personnalité d’Hitler ou de la politique du parti national-socialiste. Nous avons expliqué de quelle manière une foule paupérisée peut se tourner avec impétuosité vers un parti archi-réactionnaire. Pour dégager pas à pas, sans risque d’erreur, les conséquences pratiques qui en résultent pour l’action politique sexuelle, nous devons d’abord nous pencher sur le symbolisme grâce auquel les fascistes réussirent à passer des menottes réactionnaires aux structures libérales des masses. Quant au mécanisme de leur action, ils ne l’ont jamais compris. Dans les SA [1] , le national-socialisme réunit de bonne heure des travailleurs à la mentalité vaguement révolutionnaire, pour la plupart des chômeurs et des jeunes, qui n’en étaient pas moins attachés au principe autoritaire. C’est pourquoi la propagande était contradictoire, différente selon les couches populaires auxquelles elle s’adressait. C’est seulement dans le maniement de la sensibilité mystique des masses qu’elle était logique et cohérente. Il suffisait de s’entretenir avec des partisans du national-socialisme, notamment avec des membres des SA, pour se rendre compte que la phraséologie révolutionnaire était le facteur décisif du ralliement de ces masses. Ainsi, certains national-socialistes niaient qu’Hitler représentât le capital. D’autres mettaient Hitler en garde de trahir la cause de la «révolution». Quelques membres des SA affirmaient qu’Hitler était le Lénine allemand. Les transfuges de la social-démocratie et des partis libéraux du centre, qui étaient venus au national-socialisme, appartenaient sans exception aux masses révolutionnaires qui avaient fait partie naguère du groupe des apolitiques et des indécis. Les communistes convertis au national-socialisme étaient souvent des éléments révolutionnaires qui n’avaient pas compris les mots d’ordre contradictoires du Parti Communiste allemand ou qui s’en étaient laissé imposer par le faste extérieur du Parti d’Hitler, par son allure militaire, par ses explosions de force brutale."
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