lundi 24 mai 2021

La psychanalyse de masse du fascisme par Wilhelm Reich

 "Tous les enfants de toutes les sociétés patriarcales sont sans exception les victimes de cette inhibition sensuelle. Aucune activité sexuelle, si bruyante et si apparemment «libérale» soit-elle, ne peut dissimuler à l’expert cette inhibition implantée en profondeur; mieux, beaucoup de manifestations morbides de la vie sexuelle ultérieure, telles que le choix au hasard du partenaire, l’instabilité sexuelle, la tendance aux déviations sexuelles, dérivent souvent de l’inhibition de l’aptitude à l’expérience orgastique. L’aboutissement inévitable de l’inhibition inhérente à toute éducation autoritaire («impuissance orgastique») par des sentiments de culpabilité inconscients et l’angoisse sexuelle, est une nostalgie orgastique indéracinable et inconsciente qu’accompagnent des sensations physiques de tension au niveau du plexus solaire. La localisation populaire de la nostalgie dans la poitrine et dans le ventre trouve ainsi une explication physiologique."


Kurt Hutten: « Première constatation : le bolchevisme culturel s’acharne en premier lieu contre la religion. Car la religion, pour peu qu’elle soit vivante, est le rempart le plus puissant contre ses objectifs… Elle place toute la vie humaine sous une entité extra-humaine, sous une autorité éternelle. Elle exige renoncement, sacrifice, mise en sommeil des désirs personnels. Elle plonge la vie humaine dans une atmosphère de responsabilité, de culpabilité, de jugement, d’éternité. Elle s’oppose au déchaînement incontrôlé des instincts humains. La révolution culturelle est la révolution de la culture de l’homme, l’assujettissement de tous les domaines de la vie à l’idée du bonheur » [italiques de W. R.].

Ce passage exprime clairement le refus du bonheur terrestre. Le réactionnaire a conscience du danger que fait peser la révolution sur l’ancrage structurel du mysticisme impérialiste («culture»); sa perception de ce danger est plus précise et plus profonde que la perception de ces objectifs par le révolutionnaire, parce qu’il met ses forces et ses connaissances d’abord au service de la transformation de l’ordre social. Le réactionnaire voit le danger qui menace, de la part de la révolution, la famille autoritaire et le moralisme mystique, tandis que le révolutionnaire moyen est fort loin de se douter de ces conséquences de la révolution. Avouons-le: le révolutionnaire social se sent parfois gêné par de telles perspectives. Le réactionnaire défend l’héroïsme, l’acceptation de la souffrance et des privations dans l’absolu, pour l’éternité, et il représente de cette façon les intérêts de l’impérialisme, qu’il le veuille ou non (cf. Japon). Pour réaliser son programme, il a besoin du mysticisme, c’est-à-dire, en dernière analyse, de la renonciation sexuelle. Le bonheur pour lui, c’est la satisfaction sexuelle, et il a sur ce point raison. Le révolutionnaire exige aussi le renoncement, le devoir, l’abnégation, parce que les chances de bonheur doivent d’abord être conquises par la lutte. En travaillant les masses, le révolutionnaire oublie parfois, dans la pratique – et parfois à dessein – le but final de ses efforts qui n’est pas le travail (la liberté sociale ramènera progressivement la durée du travail), mais le jeu et la vie sexuels sous toutes leurs formes, depuis l’orgasme jusqu’aux performances les plus sublimes de l’esprit. Le travail est et demeure la base de l’existence, mais dans la société libre, l’homme y consacre moins de temps pour le confier de plus en plus à la machine. C’est là la quintessence de la rationalisation du travail. Les publications mystiques et réactionnaires fourmillent de phrases comme celle que nous citons ci-dessous, mais elles ne sont pas toujours formulées avec autant de netteté que chez Kurt Hutten: « Le bolchevisme culturel ne date ni d’hier ni d’aujourd’hui. Il se fonde sur une aspiration inscrite au cœur de l’homme depuis que l’homme existe : sur la nostalgie du bonheur. C’est le désir douloureux et éternel de retrouver le paradis sur terre… La religion de la foi cède la place à la religion du plaisir.» Nous répondons par la question: Pourquoi refuser le bonheur sur terre ? Pourquoi le plaisir ne serait-il pas le contenu de la vie ? Qu’on organise un vote de masse sur cette question! Aucune philosophie réactionnaire n’y résisterait!"

Kurt Hutten:  « Pour que l’homme puisse assumer la responsabilité (pour les conséquences du plaisir), la société humaine a créé l’institution du mariage, qui en tant qu’union pour la vie, fournit le cadre protecteur à la relation sexuelle.» « Le mariage comme lien, la famille comme exigence, la patrie comme valeur autonome, la morale comme autorité, la religion comme obligation qui a sa source dans l’éternité.»


 

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