« Élosu a tôt fait d'affirmer que la violence n'est pas anarchiste ; et, s'il raisonne dans ce qu'on pourrait appeler l'absolu, s'il se cantonne dans le domaine de la spéculation philosophique et si, se refusant à faire état des réalités, il ne tient compte que de l'idée pure de l'Anarchisme en soi, il ne se trompe pas en déclarant que “la violence n'est pas anarchiste”, car, spécifiquement, intrinsèquement, l'Anarchisme n'est pas violent, de même que la violence n'est pas spécifiquement, intrinsèquement anarchiste.
« Sur le plan exclusivement spéculatif, j'irais volontiers plus loin qu'Élosu, je ne me bornerais pas à dire comme lui que la violence n'est pas anarchiste, j'affirmerais que la violence est anti-anarchiste.
« Notre idéal consiste à instaurer un milieu social d'où seront éliminées toute prescription ou interdiction s'exerçant par voie de contrainte ou de répression. L'Anarchisme réalisé, c'est la mise en application de la fameuse devise de l'abbaye de Thélème : "Fais ce que veux". Être libertaire, c'est ne vouloir être ni maître, ni esclave, ni chef qui commande, ni soldat qui obéit ; c'est tenir en égale horreur l'Autorité qu'on exerce et celle qu'on supporte ; c'est n'accepter aucune violence et n'en pratiquer soi-même sur personne.
« Il est donc certain que, spéculativement, qu'elle soit exercée ou subie, la violence est anti-anarchiste.
« On en peut encore trouver la preuve dans notre volonté ardente autant que sincère de briser à tout jamais la violence organisée, érigée en moyen de gouvernement. [...] Les anarchistes sont des tendres, des affectueux, des sensibles. S'il leur était possible d'espérer qu'ils réaliseront par la douceur et la persuasion leur conception de la paix universelle, d'entraide et d'ententes libres, ils répudieraient tout recours à la violence et combattraient énergiquement jusqu'à l'idée même de ce recours 30. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire