lundi 15 avril 2019

La Fuite des amants M.A.


Des éclairs lumineux comme les lucioles flamboyantes des balles traçantes.

Surtout courir au devant de l'irrémédiable.
Pas encore assez de distance.
Pas encore assez de temps.

Le retour était toujours possible en excuses lamentables, en volonté de rédemption feinte et l'acteur qui feint de croire l'excuse.

Ils n'en voulaient pas.
Aller loin.
Aller vite.

Au delà de la limite de l'irréparable.

Le silence avait balafré les volontés afin de les graver dans cette foi irrépressible de l'inévitable.

Seul l'inévitable pouvait justifier ce qu'il faisait.

Ils ne pouvaient parler.

Parler, c'était justifier ce qui n'est pas justifiable.
Parler, c'était plaider une cause qu'ils savaient perdus.

L'horizon, ils ne pouvaient le voir dans cette terrible nuit du mois de novembre de leur vie.

Personne n'aime le mois de novembre.
L'amour n'aime pas le mois de novembre.
Ce n'était donc pas une histoire d'amour.

Ou alors, ils avaient décidé de l'écrire en partant de la conclusion.
Alors, forcément, on allait, à un moment ou à un autre, revenir à la lumière.

L'histoire de Daniel et de Véronique ne peut pas être de celle qui se passe que la nuit, que sous la pluie.

Ils auraient pu mettre un terme à tout cela, ilsen avaient envie.

Une terrible envie qui leur tenaillait les entrailles,
Qui leur serrait le ventre.

Ils n'avaient pas le choix, ils allaient devoir faire l'amour comme pour conjurer un sort.

« Signer par un rejet de suc séminal, le pacte du néant. »

Ils devaient se frotter l'un à l'autre, se fondre dans les meurtrissures de l'autre.

Ils devaient finir rompus de sueurs, de fatigues, de douleurs et hurler au ciel ténébreux, à la bruine crasseuse.

« Nous aimons la Pluie,
Nous aimons les ténèbres
Et le néant...

Notre amour sera le feu follet
De l'automne de la vie.

Nous ne réfléchirons jamais
Pour encore pouvoir nous déplacer
Et nous regarder...

Nous nous aimons,
Et les obstacles ne nous séparerons jamais. »

Ils devaient vaincre les derniers kilomètres qui les mettraient à l'abri d'un funeste retour, comme on tue un maître chanteur pour se libérer d'un joug.

« Véronique...
-Tais toi Daniel...Nous ne devons pas parler avant d'avoir encore une fois signer le pacte.

« Signer par un rejet de suc séminal, le pacte du néant. »

De nouveau, il se concentra sur la route.
La pluie les pourchassait.
Elle les précédait, les attendait.
Parfois, elle s'arrêtait de tomber pour redoubler de violence quelques secondes après.

Sur le bord de la route, l'enseigne d'un hôtel lança le SOS du non retour.

Ils allaient pouvoir s'arrêter.
Pouvoir mettre sur pause leurs tensions animales.

A peine entrés dans la chambre, il se jetèrent l'un sur l'autre comme pour se prouver, comme pour prouver à Dieu ou au Diable, qu'ils ne pourront jamais plus avoir peur.
Puis, ils s'endorment dans d'horribles convulsions. Nous ne sommes pas convaincus que ces amants connaîtront un jour le repos.

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