Des
éclairs lumineux comme les lucioles flamboyantes des balles
traçantes.
Surtout
courir au devant de l'irrémédiable.
Pas
encore assez de distance.
Pas
encore assez de temps.
Le
retour était toujours possible en excuses lamentables, en volonté
de rédemption feinte et l'acteur qui feint de croire l'excuse.
Ils
n'en voulaient pas.
Aller
loin.
Aller
vite.
Au
delà de la limite de l'irréparable.
Le
silence avait balafré les volontés afin de les graver dans cette
foi irrépressible de l'inévitable.
Seul
l'inévitable pouvait justifier ce qu'il faisait.
Ils
ne pouvaient parler.
Parler,
c'était justifier ce qui n'est pas justifiable.
Parler,
c'était plaider une cause qu'ils savaient perdus.
L'horizon,
ils ne pouvaient le voir dans cette terrible nuit du mois de novembre
de leur vie.
Personne
n'aime le mois de novembre.
L'amour
n'aime pas le mois de novembre.
Ce
n'était donc pas une histoire d'amour.
Ou
alors, ils avaient décidé de l'écrire en partant de la conclusion.
Alors,
forcément, on allait, à un moment ou à un autre, revenir à la
lumière.
L'histoire
de Daniel et de Véronique ne peut pas être de celle qui se passe
que la nuit, que sous la pluie.
Ils
auraient pu mettre un terme à tout cela, ilsen avaient envie.
Une
terrible envie qui leur tenaillait les entrailles,
Qui
leur serrait le ventre.
Ils
n'avaient pas le choix, ils allaient devoir faire l'amour comme pour
conjurer un sort.
« Signer
par un rejet de suc séminal, le pacte du néant. »
Ils
devaient se frotter l'un à l'autre, se fondre dans les meurtrissures
de l'autre.
Ils
devaient finir rompus de sueurs, de fatigues, de douleurs et hurler
au ciel ténébreux, à la bruine crasseuse.
« Nous
aimons la Pluie,
Nous
aimons les ténèbres
Et
le néant...
Notre
amour sera le feu follet
De
l'automne de la vie.
Nous
ne réfléchirons jamais
Pour
encore pouvoir nous déplacer
Et
nous regarder...
Nous
nous aimons,
Et
les obstacles ne nous séparerons jamais. »
Ils
devaient vaincre les derniers kilomètres qui les mettraient à
l'abri d'un funeste retour, comme on tue un maître chanteur pour se
libérer d'un joug.
« Véronique...
-Tais
toi Daniel...Nous ne devons pas parler avant d'avoir encore une fois
signer le pacte.
« Signer
par un rejet de suc séminal, le pacte du néant. »
De
nouveau, il se concentra sur la route.
La
pluie les pourchassait.
Elle
les précédait, les attendait.
Parfois,
elle s'arrêtait de tomber pour redoubler de violence quelques
secondes après.
Sur
le bord de la route, l'enseigne d'un hôtel lança le SOS du non
retour.
Ils
allaient pouvoir s'arrêter.
Pouvoir
mettre sur pause leurs tensions animales.
A
peine entrés dans la chambre, il se jetèrent l'un sur l'autre comme
pour se prouver, comme pour prouver à Dieu ou au Diable, qu'ils ne
pourront jamais plus avoir peur.
Puis,
ils s'endorment dans d'horribles convulsions. Nous ne sommes pas
convaincus que ces amants connaîtront un jour le repos.
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