Les fétiches
sont des idoles grossières, des animaux, des pierres, des arbres,
auxquels la superstition et la crainte prêtent une certaine
puissance, et qui sont adorés comme des dieux par les « sauvages ».
Le fétichisme est le culte des fétiches. Le fétichisme est très
répandu en Orient, et surtout dans le centre de l'Afrique, parmi les
populations nègres. S'il est vrai que « le fétichisme est la
première religion des hommes encore dans l'enfance de l'intelligence
» (Virey), il faut en conclure que l'intelligence de l'humanité
prise en son ensemble n'a que peu sensiblement évolué, car les
peuples modernes sont tout autant que les peuples des premiers âges
imbus de fétichisme. Les fétiches ont changé, mais l'esprit
d'adoration est resté le même. Quelle différence y a-t-il entre ce
chrétien civilisé qui adore l'image de la vierge, ou qui égrène
son chapelet, et ce nègre du Dahomey qui réclame l'assistance d'un
petit monstre en pierre pour chasser les génies invisibles et
malfaisants? Y a-t-il plus d'intelligence chez ce juif moderne qui se
couvre, pour faire ses prières, d'une écharpe appelée taleth, et
dont il embrasse les franges avec adoration, que chez cet habitant de
l'Asie centrale qui n'a pas encore été touché par les progrès de
la science? Chez les uns comme chez les autres, ce fétichisme est
une marque indélébile d'ignorance. Cette adoration aveugle des
fétiches déborde même des cadres de la religion. Le peuple est
imbu de fétichisme et ses superstitions se manifestent également
sur le terrain politique et social. Il n'adore plus les fleuves, les
rivières et les morceaux de bois, mais il se découvre avec piété
devant un morceau de chiffon. Le drapeau est un fétiche devant
lequel il courbe le genou, et pour lequel il s'est fait, se fait et
se fera encore tuer. « Ce qui distingue le fétichisme de
l’idolâtrie, nous dit le Larousse, c'est que les idoles ne sont,
au moins pour la partie éclairée de leurs adorateurs, qu'une
représentation de la divinité, un symbole au-dessus duquel plane
l'esprit divin ». Question de nuances sans aucune importance en
regard du résultat. Que le fétiche soit considéré comme une
divinité ou comme le représentant ou le symbole de cette divinité,
le fétichisme n'en est pas moins absurde, ridicule, et la vénération
d'un être ou d'un objet dont le pouvoir est purement imaginaire est
un facteur de régression sociale. Le culte des fétiches subsiste
encore dans les nations qui se parent d'un vernis de civilisation, et
c'est ce qui permet toutes les spéculations honteuses de la religion
et de la politique qui visent au même but : l'asservissement du
peuple. Il faut combattre tous les fétichismes, ce sont des sources
d'abrutissement et d'esclavage.
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