"Tout abandon de principes aboutit forcément à une défaite" Elisée Reclus "Le dialogue, c'est la Mort" L'injure sociale
vendredi 5 avril 2019
L'esprit public du XVIII siècles de Charles Aubertin
"Mettre en branle cette vivante machine de Marly, qui s’appelait la cour, n’était pas, qu’on le croie bien, une petite affaire : l’acte le plus simple d’une personne royale, le plus vulgaire incident d’une existence auguste exigeait un p.310 concours de figurants presque aussi savamment dressés qu’un chœur d’opéra. La seule maison civile du roi comptait, dit M. Raudot, quatorze cents officiers, et celle de la reine en comptait quatre cent cinquante 1 , tous possesseurs de charges, fastueuses ou ridicules, achetées à haut prix, tous enflés de l’honneur de vivre à la cour, et d’autant plus jaloux de leur prérogative et du bout de rôle qui leur était assigné, qu’ils sentaient mieux combien l’importance personnelle de chacun des acteurs s’évanouissait dans la grandeur du spectacle. De là, des empiétements fréquents, une éternelle dispute sur la borne précise qui séparait les droits limitrophes ; de là un froissement de vanités furieuses, une âpre émulation de tous ces inutiles à se tirer de leur pompeux néant, à courir après un air d’importance et un semblant d’utilité, à se donner à eux mêmes l’illusion flatteuse d’être ou de paraître quelque chose. Un mot, dans la langue du pays, exprimait ce conflit habituel de prétentions, ces misères de la domesticité royale : on appelait cela des difficultés. La science de l’étiquette avait donc pour objet principal de débrouiller cet enchevêtrement de fonctions parasites, de statuer au contentieux sur ces grandes affaires de l’amour-propre, et d’interposer l’autorité de la tradition dans une matière à procès où l’humeur des comtesses de Pimbesche pouvait si aisément se donner carrière."
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