Aux membres
de la Ligue d’union républicaine des droits de Paris
Citoyens,
Les
soussignés, chargés par vous d’aller présenter au gouvernement
de Versailles votre programme et d’offrir les bons offices de la
Ligue pour arriver à la conclusion d’un armistice, ont l’honneur
de vous rendre le compte suivant de leur mission :
Les délégués
ayant donné connaissance à M. Thiers du programme de la ligue,
celui-ci a répondu que, comme chef du seul gouvernement légal
existant en France, il n’avait pas à discuter les bases d’un
traité, mais que cependant il était tout disposé à s’entretenir
avec des personnes qu’il considérait comme représentant le
principe républicain, et à leur faire connaître les intentions du
chef du pouvoir exécutif.
C’est sous
le bénéfice de ces observations, qui constataient d’ailleurs le
véritable caractère de notre mission, que M. Thiers nous a fait sur
les divers points du programme les déclarations suivantes :
En ce qui
touche la reconnaissance de la République, M. Thiers en garantit
l’existence, tant qu’il demeura à la tête du pouvoir. Il a reçu
un Etat républicain, il met son honneur à conserver cet Etat.
En ce qui
touche les franchises municipales de Paris, M. Thiers expose que
Paris jouira de se franchises dans les conditions où en jouiront
toutes les villes, d’après la loi commune, telle qu’elle sera
élaborée par l’Assemblée des représentants de la France. Paris
aura le droit commun, rien de moins, rien de plus.
En ce qui
touche les franchises municipales de Paris, M. Thiers expose que
Paris jouira de ses franchises dans les conditions où en jouiront
toutes les villes, d’après la loi commune, telle qu’elle sera
élaborée par l’Assemblée des représentants de la France. Paris
aura le droit commun, rien de moins, rien de plus.
En ce qui
touche la garde de Paris, exclusivement confiée à la garde
nationale, M. Thiers déclare qu’il sera procédé à une
organisation de la garde nationale, mais qu’il ne saurait admettre
le principe de l’exclusion absolue de l’armée.
En ce qui
concerne la situation actuelle et les moyens de mettre fin à
l’effusion du sang, M. Thiers déclare que, ne reconnaissant point
la qualité de belligérants aux personnes engagées dans la lutte
contre l’Assemblée nationale, il ne peut ni ne veut traiter d’un
armistice, mais il dit que, si les gardes nationaux de Paris ne
tirent ni un coup de fusil, ni un coup de canon, les troupes de
Versailles ne tireront ni un coup de fusil, ni un coup de canon,
jusqu’au moment indéterminé où le pouvoir exécutif se résoudra
à une action et commencera la guerre.
M. Thiers
ajoute : quiconque renoncera à la lutte armée, c’est-à-dire
quiconque rentrera dans ses foyers en quittant toute attitude
hostile, sera à l’abri de toute recherche.
M. Thiers
excepte seulement les assassins des généraux Lecomte et Clément
Thomas, qui seront jugés, si on les trouve.
M. Thiers,
reconnaissant l’impossibilité pour une partie de la population
actuellement privée de travail de vivre sans la solde allouée,
continuera le service de cette solde pendant quelques semaines.
Tel est,
citoyens, le résumé succinct mais fidèle de la conversation de vos
délégués avec M. Thiers. Il n’appartient pas à vos délégués
d’apprécier, d’une façon quelconque, jusqu’à quel point les
intentions manifestées par M. Thiers répondent ou ne répondent pas
aux vœux de la population parisienne. Le devoir de vos délégués
consiste seulement à vous rapporter les faits sans commentaire, et
le présent exposé n’a et ne peut avoir d’autre objet que
l’accompagnement strict de ce devoir.
A. DESONNAZ,
BONVALLET, ARMAND, ADAM.
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