dimanche 14 avril 2019

Lignes n°58

La "crise des migrants"  éléments pour une analyse  par Ivan Segré

"Durant l'année 2017, l'UE a accueilli 538 millions de "visiteurs internationaux" pour une population "autochtone" chiffrée à 511,8 millions. Quant à la France, elle en a accueilli 88 millions pour une population "autochtone" de 67 millions. Et cet afflux de migrants est apparemment une aubaine, une sorte de manne plutôt qu'une montée des eaux.
Il semble donc que la question posée, ou le problème, ne soit pas tant celui des "migrants" par différence avec les "autochtones", que celui de la nature de la vague migratoire, ou plus exactement de la liquidité en cause: selon que vous serez venu en Europe pour dépenser votre argent, ou pour vendre votre force de travail, les dispositifs d'accueil et les discours autorisés divergeront du tout au tout.

Depuis les premières civilisations urbaines hiérarchisées, peu de choses, finalement, ont changé, quant à la relation des holmmes aux lois, décrets, polices. C'est du moins ce que donne à voir " la crise des migrants", une fois la représentation commune confrontée à quelques chiffres  mis en relation les uns avec les autres, et la situation en Syrie, en Irak, ou en Afghanistan, comme en Afrique, rapportée aux politiques néocoloniales. Pour les uns, hommes libres, les lois protègent, rendent libres et égaux; pour les autres, esclaves, elles contraignent, empêchent et brutalisent. Reste donc à proposer une vision alternative, par exemple la vision de Karl Marx, ici revisitée par Alain Badiou:
"[Marx]le disait brutalement: "les prolétaires n'ont pas de patrie". Comprenons: leur patrie est l'humanité. Ils doivent bien comprendre ça, tous ces jeunes qui partent du Mali, ou de la Somalie, ou du Bangladesh, ou d'ailleurs; qui veulent traverser les mers pour aller vivre là où ils pensent qu'on peut vivre, ce qu'ils ne peuvent plus faire dans leur pays d'origine; qui risquent cent fois la mort; qui doivent payer des passeurs brigands; qui traversent par trois, ou dix pays différents, la Libye, l'Italie, la Suisse ou la Slovénie, l'Allemagne ou la Hongrie; qui apprennent trois ou quatre langues, qui font trois ou quatre ou dix métiers. Oui, eux, ils sont le prolétariat nomade, et tout pays est leur patrie. Ils sont le coeur du monde humain d'aujourd'hui, ils savent exister partout où l'être humain existe. Ils sont la preuve que l'humanité est une, est commune. Et c'est pourquoi nous devons non seulement les accueillir comme des frères, mais comme une chance. Et nous organiser avec eux pour que l'humanité, enfin, commence sa vraie vie planétaire."

Aucun commentaire: