« Par exemple, un des objectifs et des espoirs de
l'anarchisme, consiste en la disparition du salariat ; mais des
générations de théoriciens et de militants n'ont pas hésité à
se fixer des buts sur la route qui mène à cet objectif et, ce
faisant, ils ont milité pour de meilleurs salaires, de meilleures
conditions de travail, des législations en faveur de la santé et la
sécurité des travailleurs et ainsi de suite. En fait, toute
l'aventure de l'anarcho-syndicalisme peut très légitimement être
décrite comme un effort constant pour tenter de faire coïncider des
semblables buts et l'objectif énoncé plus haut. À l'époque où
l'anarchosyndicalisme était très présent, il ne serait venu à
l'idée de personne de soutenir que, puisque les anarchistes en sont
venus à penser qu'il faut défendre les salariés, c'est qu'ils
estiment que l'anarchisme n'a simplement plus de prise sur le réel. »
« Pour tout dire, je suis convaincu que moins la
route est bordée de tombeaux, plus sûrement elle conduit à la
justice. »
A propos de l'éducation :
« Par ailleurs, Channel One a passé une entente
avec 12 000 écoles : en échange de matériel vidéo, les écoles
s'engagent à montrer 12 minutes quotidiennes de programme, pubs pour
bonbons et boissons gazeuses comprises. Quand on songe que le
problème d'obésité juvénile que connaît ce pays est déjà
alarmant... «
« La Banque de Montréal offre (gratuitement,
semble-t-il, mais avec un peu chance et de persévérance ils
obtiendront une subvention du ministère de l'Éducation...) aux
enfants du primaire le jeu « Mon argent au max ! » ; le Groupe
Investors leur propose un livre d'études : Les jeunes et l'argent.
Les parents ne peuvent que se confondre en remerciements devant la
générosité du donneur, à l'heure où les écoles manquent de
tout. Dans « Petit Magot », les enfants apprendront à placer et à
faire grossir leur magot, à devenir membre d'un club sous la
présidence d'un dirigeant de la banque ; ils apprendront les vertus
du philanthrope seules capables de pallier les injustices, mais
absolument pas celles d'une fiscalité équitable et progressive.
Rien ne sera dit du rôle qu'une telle fiscalité a pu jouer
historiquement dans la constitution des démocraties. Les enfants
apprendront aussi à se battre pour continuer à jouer, car une des
règles du jeu stipule que le perdant est simplement éliminé 31. Si
je ne m'abuse, l'appropriation des cerveaux qui est en train de se
commettre sous nos yeux s'appelle le crime parfait, puisque la
victime ne pourra même pas porter plainte, faute de savoir qu'elle a
été lésée. je ne résiste pas à la tentation de citer Albert
Einstein, qui a déjà traité de ce thème : « Rendre infirmes les
individus : voilà un des pires maux du capitalisme. Tout notre
système d'éducation souffre de ce mal. Une compétitivité
exacerbée est inculquée à l'élève, qu'on entraîne, pour le
préparer à faire face à l'avenir, à adorer le succès obtenu dans
l'accumulation de biens. » »
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