« Ce
qui apparaît le plus souvent aux yeux du grand public, ce sont des
groupes qui s'entre déchirent, qui vont dans les mouvements ou
comités pour faire de la "pêche à la ligne", qui
prétendent plus ou moins pour leur propre compte jouer au parti
d'avant-garde concurremment avec d'autres. Le militant ouvrier que
chaque groupe essaie d'influencer, de "coiffer", n'est pas
loin de penser que les "gauchistes" ne sont pas plus
efficaces que les partis de gauche traditionnels et réformistes. Ce
qui aggrave la situation, c'est que chaque groupe ou chapelle, face à
cette situation a tendance à se replier sur lui même et tente de
baser les actions unitaires sur les rapports de force. La tentation
est grande de sacrifier l'unité au développement de sa propre
"boutique" et la plupart y ont succombé. »
« André
GORZ dans son livre •Stratégie Ouvrière et Néo-Capitalisme"
(1964)emploie déjà ce terme de •réformes anti-capitalistes•.
Il s'agit pour lui, essentiellement, attendu qu'il estime une
insurrection armée impossible et -pensons· nous- une révolution
violente, de savoir s'il est possible d'imposer des solutions
anticapitalistes "de l' intérieur du capitalisme, c'est à dire
sans l'avoir préalablement abattu" qui ne soient pas aussit8t
"incorporées et subordonnées au système•• Car il y aurait
des réformes qui ne seraient pas réformistes pour autant qu'on les
revendiquerait •non pas en fonction de ce qui est possible dans le
cadre du système et d'une gestion donnée mais de ce qui doit être
rendu possible en fonction des besoins et des exigences humaines••
Leur aboutissement suppose une modification des rapports de forces,
"elles supposent que les travailleurs conquièrent des pouvoirs
ou affirment une puissance et des réformes de structures,• GORZ
ajoute qu'il existe néanmoins un danger de récupération, mais
qu'il faut en accepter le risque, car il n'y a pas d'autres
solutions. Il faudrait donc (GORZ : Les Temps Modernes n° 249)
instaurer une période de luttes pour des réformes qui
déboucheraient sur une période de transition.
Le
CONTROLE OUVRIER est défini par MANDEL comme la "réforme de
structure anti-capitaliste par excellence car le contrôle ouvrier
est le type même de revendication que le capitalisme ne peut ni
intégrer, ni digérer comme il a pu intégrer toutes les
revendications immédiates des soixante dernières années ».
« GORZ
est moins affirmatif, quant à l'impossibilité de "digestion"
par le capitalisme. Certes, et c'est important, ce •pouvoir
autonome• a pour perspective •la conquête du pouvoir
d'autogestion"• Mais, "il ne sera Jamais octroyé ni même
accordé. sans combat par le patronat 1 il doit être imposé de
haute lutte•. Quand il aura été imposé, il exigera une
mobilisation constante. GORZ qui est considéré par la "Ligue
Communiste" comme un réformiste pense donc qu'il est possible
que le Contrôle existe au sein du régime. Mieux, il s'agit pour lui
d'une stratégie de la conquête progressive du pouvoir" qui
n'exclut pas la prise du pouvoir révolutionnaire dans une étape
ultérieure. Il faut noter que cette théorie de GORZ a été
élaborée bien avant Mai 68, et que GORZ la justifie par
l'impossibilité, selon lui de la prise du pouvoir.
TROTSKY
affirme dans le programme de transition qu'aucune des revendications
de transition ne peut "être complètement réalisée avec le
maintien du régime bourgeois. C'est dire qu'elles peuvent être
réalisées partiellement ».
« GARAUDY
rapporte dans •Le Grand Tournant du Socialisme que le "double
pouvoir" dans l'entreprise provoquait la panique dans les rangs
des patrons qui négociaient à Grenelle. Il faut donc savoir si la
bourgeoisie se laissera imposer le "contrôle" et si elle
ne tente pas déjà une opération de récupération. »
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