mardi 13 novembre 2018

Tribune anarchiste N°4 4° trimestre 1970




« Ce qui apparaît le plus souvent aux yeux du grand public, ce sont des groupes qui s'entre déchirent, qui vont dans les mouvements ou comités pour faire de la "pêche à la ligne", qui prétendent plus ou moins pour leur propre compte jouer au parti d'avant-garde concurremment avec d'autres. Le militant ouvrier que chaque groupe essaie d'influencer, de "coiffer", n'est pas loin de penser que les "gauchistes" ne sont pas plus efficaces que les partis de gauche traditionnels et réformistes. Ce qui aggrave la situation, c'est que chaque groupe ou chapelle, face à cette situation a tendance à se replier sur lui même et tente de baser les actions unitaires sur les rapports de force. La tentation est grande de sacrifier l'unité au développement de sa propre "boutique" et la plupart y ont succombé. »

« André GORZ dans son livre •Stratégie Ouvrière et Néo-Capitalisme" (1964)emploie déjà ce terme de •réformes anti-capitalistes•. Il s'agit pour lui, essentiellement, attendu qu'il estime une insurrection armée impossible et -pensons· nous- une révolution violente, de savoir s'il est possible d'imposer des solutions anticapitalistes "de l' intérieur du capitalisme, c'est à dire sans l'avoir préalablement abattu" qui ne soient pas aussit8t "incorporées et subordonnées au système•• Car il y aurait des réformes qui ne seraient pas réformistes pour autant qu'on les revendiquerait •non pas en fonction de ce qui est possible dans le cadre du système et d'une gestion donnée mais de ce qui doit être rendu possible en fonction des besoins et des exigences humaines•• Leur aboutissement suppose une modification des rapports de forces, "elles supposent que les travailleurs conquièrent des pouvoirs ou affirment une puissance et des réformes de structures,• GORZ ajoute qu'il existe néanmoins un danger de récupération, mais qu'il faut en accepter le risque, car il n'y a pas d'autres solutions. Il faudrait donc (GORZ : Les Temps Modernes n° 249) instaurer une période de luttes pour des réformes qui déboucheraient sur une période de transition.
Le CONTROLE OUVRIER est défini par MANDEL comme la "réforme de structure anti-capitaliste par excellence car le contrôle ouvrier est le type même de revendication que le capitalisme ne peut ni intégrer, ni digérer comme il a pu intégrer toutes les revendications immédiates des soixante dernières années ».

« GORZ est moins affirmatif, quant à l'impossibilité de "digestion" par le capitalisme. Certes, et c'est important, ce •pouvoir autonome• a pour perspective •la conquête du pouvoir d'autogestion"• Mais, "il ne sera Jamais octroyé ni même accordé. sans combat par le patronat 1 il doit être imposé de haute lutte•. Quand il aura été imposé, il exigera une mobilisation constante. GORZ qui est considéré par la "Ligue Communiste" comme un réformiste pense donc qu'il est possible que le Contrôle existe au sein du régime. Mieux, il s'agit pour lui d'une stratégie de la conquête progressive du pouvoir" qui n'exclut pas la prise du pouvoir révolutionnaire dans une étape ultérieure. Il faut noter que cette théorie de GORZ a été élaborée bien avant Mai 68, et que GORZ la justifie par l'impossibilité, selon lui de la prise du pouvoir.
TROTSKY affirme dans le programme de transition qu'aucune des revendications de transition ne peut "être complètement réalisée avec le maintien du régime bourgeois. C'est dire qu'elles peuvent être réalisées partiellement ».

« GARAUDY rapporte dans •Le Grand Tournant du Socialisme que le "double pouvoir" dans l'entreprise provoquait la panique dans les rangs des patrons qui négociaient à Grenelle. Il faut donc savoir si la bourgeoisie se laissera imposer le "contrôle" et si elle ne tente pas déjà une opération de récupération. »

Aucun commentaire: