« Mais
pourquoi - demandera le lecteur - le mouvement spontané, qui va dans
le sens du moindre effort, mène-t-il précisément à la
domination de l'idéologie bourgeoise ? Pour cette simple raison que,
chronologiquement, l'idéologie bourgeoise est bien plus
ancienne
que l'idéologie socialiste, qu'elle est plus achevée sous toutes
ses formes et possède infiniment plus de moyens de diffusion.
Plus le mouvement socialiste dans un pays est jeune, et plus il faut
combattre énergiquement toutes les tentatives faites pour consolider
l'idéologie non socialiste, plus résolument il faut mettre les
ouvriers en garde contre les mauvais conseillers qui crient à la
"surestimation de l'élément conscient", etc. »
« Nous
devons entreprendre activement l'éducation politique de la classe
ouvrière, travailler à développer sa conscience politique. »
« La
question se pose : en quoi donc doit consister l'éducation politique
? Peut-on se borner à propager l'idée que la classe ouvrière est
hostile à l'autocratie ? Certes, non. Il ne suffit pas d'éclairer
les ouvriers sur leur oppression politique (comme il ne suffisait
pas de les éclairer sur l'opposition de leurs intérêts à
ceux du patronat). Il faut faire de l'agitation à propos de chaque
manifestation concrète de cette oppression (comme nous l'avons fait
pour les manifestations concrètes de l'oppression économique). Or,
comme cette oppression s'exerce sur les classes les plus
diverses de la société, se manifeste dans les domaines les plus
divers de la vie et de l'activité professionnelle, civile, privée,
familiale, religieuse, scientifique etc., etc., n'est-il pas évident
que nous n'accomplirons pas notre tâche qui est de développer
la conscience politique des ouvriers, si nous ne nous chargeons
pas d'organiser une vaste campagne politique de dénonciation
de l'autocratie ? En effet, pour faire de l'agitation au sujet
des manifestations concrètes d'oppression, il faut dénoncer ces
manifestations (de même que pour mener l'agitation économique, il
fallait dénoncer les abus commis dans les usines). »
« La
conscience de la classe ouvrière ne peut être une conscience
politique véritable si les ouvriers ne sont pas habitués à réagir
contre tous abus, toute manifestation d'arbitraire,
d'oppression, de violence, quelles que soient les classes qui
en sont victimes, et à réagir justement du point de vue
social-démocrate, et non d'un autre. »
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