« Les
sentiments des prétendus païens pour leurs statues étaient très
probablement les mêmes que ceux inspirés aujourd'hui par les
crucifix et les statues de la Vierge et des saints, avec les mêmes
déviations chez les gens spirituellement et intellectuellement
médiocres. »
« Si
même il leur arrivait de croire la divinité totalement présente
dans de la pierre ou du bois, ils avaient peut-être parfois raison.
Ne croyons-nous pas Dieu présent dans du pain et du vin ? Il y avait
peut-être présence réelle de Dieu dans des statues exécutées et
consacrées selon certains rites ».
« La
véritable idolâtrie est la convoitise (en grec dans le texte)
Col. Ill, 5), et la nation
juive, dans sa soif de bien charnel, en était coupable dans les
moments mêmes où elle adorait son Dieu. Les Hébreux ont eu pour
idole, non du métal ou du bois, mais une race, une nation, chose
tout aussi terrestre. Leur religion est dans son essence inséparable
de cette idolâtrie, à cause de la notion de « peuple élu » ».
« La
comparaison si insistante de la Croix avec un arbre, de la
crucifixion avec la pendaison, doit avoir rapport a des mythologies
aujourd'hui disparues. Si
le poème scandinave La
Rune d'Odin est
antérieur a toute contamination chrétienne (ce qui est
invérifiable), il contient aussi une prophétie très frappante : «
Je sais que j'ai pendu a un arbre balancé par le vent, neuf nuits
entières, blessé [26] d'une lance, offert à Odin, moi-même à
moi-même. A cet arbre dont nul ne sait de quelle racine il sort. «
Nul ne m'a donné du pain, ni une corne pour y boire. J'ai regardé
en bas, je me suis appliqué aux runes, en pleurant je les ai
apprises, puis je suis descendu de là. » (Première Edda.) ».
« Le
Christ a dit : « Enseignez les nations et baptisez ceux qui croient
», c'est-à-dire ceux qui croient en Lui. Il n'a jamais dit : «
Obligez-les à renier tout ce que leurs pères ont tenu pour sacré,
et à adopter comme livre saint l'histoire d'un petit peuple inconnu
d'eux. » On m'a affirmé que les Hindous ne seraient nullement
empêchés par leur propre tradition de recevoir le baptême, si les
missionnaires ne leur imposaient comme condition de renier Vishnou et
Shiva ».
« L'action
missionnaire telle qu'elle est menée en fait (surtout depuis la
condamnation de la politique des Jésuites en Chine au XVIIe siècle)
est mauvaise, sauf [38] peut-être dans des cas particuliers. Les
missionnaires même martyrs sont accompagnés de trop près par les
canons et les bateaux de guerre pour être de vrais témoins de
l'Agneau. Je n'ai pas connaissance que l'Église ait jamais
officielle-ment blâmé les actions punitives entreprises pour venger
les missionnaires. Personnellement,
jamais je ne donnerais fût-ce vingt sous à une œuvre de
missionnaires. Je crois que pour un homme le changement de religion
est chose aussi dangereuse que pour un écrivain le changement de
langue. Cela peut réussir, mais aussi avoir des conséquences
funestes ».
« C'est
comme si deux hommes, placés dans deux chambres communicantes,
voyant chacun le soleil par la fenêtre et le mur du voisin éclairé
par les rayons, croyaient chacun qu'il est seul à voir le soleil et
que le voisin en a seulement un reflet ».
« L'Église
reconnaît que la diversité des vocations est précieuse. Il faut
étendre cette pensée aux vocations situées hors de l’Église.
Car il y en a ».
« Comme
en Occident le mot Dieu, dans son sens usuel, désigne une Personne,
des hommes dont l'attention, la foi et l'amour portent presque
exclusivement sur l'aspect impersonnel de Dieu peuvent se croire et
se dire athées, bien que l'amour surnaturel habite dans leur âme.
Ceux-là sont sûrement sauvés. Ils se reconnaissent à leur
attitude à l'égard des choses d'ici-bas. Tous ceux qui possèdent à
l'état pur l'amour du prochain et l'acceptation de l'ordre du monde,
y compris le malheur, tous ceux-la même s'ils vivent et meurent en
apparence athées, sont sûrement sauvés. Ceux qui possèdent
parfaitement ces deux vertus, même s'ils vivent et meurent athées,
sont des saints. Quand on rencontre de tels hommes, il est inutile de
vouloir les convertir. Ils sont tout convertis, quoique non
visiblement ; ils ont été engendrés à nouveau a partir de [42]
l'eau et de l'esprit, même s'ils n'ont jamais été baptisés ; ils
ont mangé le pain de vie, même s'ils n'ont jamais communié ».
« Tout
se passe comme si avec le temps on avait regardé non plus Jésus,
mais l'Église comme étant Dieu incarné ici-bas. La métaphore du «
Corps mystique » sert de pont entre les deux conceptions. Mais il y
a une petite différence : c'est que le Christ était parfait, au
lieu que l'Église est souillée de quantité de crimes ».
« Cette
double souillure presque originelle explique toutes les souillures
qui rendent l'histoire de l'Église si atroce au cours des siècles.
Une chose aussi horrible que la crucifixion du Christ ne pouvait se
produire que dans un lieu où le mal l'emportait de très loin sur le
bien. Mais aussi l'Église née et grandie dans un tel lieu devait
être impure dès l'origine et le rester ».
« Il
n'y a pas de salut sans « nouvelle naissance », sans illumination
intérieure, sans présence du Christ et du Saint-Esprit dans l'âme.
Si donc il y a possibilité de salut hors de l'Église, il y a
possibilité de révélations individuelles ou collectives hors [53]
du christianisme. En ce cas, la vraie foi constitue une espèce
d'adhésion très différente de celle qui consiste à croire telle
ou telle opinion. Il faut penser a nouveau la notion de foi ».
« Il
n'y a aucune raison de supposer qu'après un crime aussi atroce que
le meurtre d'un être parfait l'humanité ait du devenir meilleure ;
et en fait, globalement, elle ne semble pas être devenue
meilleure ».
« L'esclavage
était un état si violent qu'il n'était supportable que pour des
âmes écrasées par l'absence totale d'espérance. Dès qu'une lueur
d'espérance surgissait, la désobéissance devenait endémique ».
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