«Tout
homme qui observe sans prévention, a dû s’apercevoir que nos
ennemis ont deux manières d’exciter des troubles : la première,
en protégeant de véritables conspirations, comme celle du camp de
Jalès, comme celle qui vient d’éclater dans les départements de
la Vendée, de la Mayenne, de la Loire ; la seconde, en fomentant
toutes les causes de division ou d’anarchie, sans cherchera donner
aucune direction aux mouvements qui peuvent en résulter. Celte
seconde manière, qu’ils emploient avec succès, depuis 1789 au
moins, est peut-être la plus dangereuse, parce que se bornant alors
à flatter, à exaspérer les passions de tous les partis, à
propager toutes les fausses opinions, leurs agents se confondent avec
les citoyens égarés, avec les intrigants de toutes les classes ».
« Ils
cherchent à diviser d’intérêt les riches et les pauvres, dont
ce-pendant l’intérêt commun est l’établissement de l’ordre
et la prospérité publique. Ils excitent la défiance des uns et la
haine des autres, par-ce qu’ils savent que c’est là l’écueil
fatal contre lequel ont échoué les efforts des peuples qui ont
vainement voulu reconquérir la liberté ou la conserver ; parce
qu’ils savent qu’en Angleterre, c’est en calomniant les
niveleurs, c’est en les accusant de vouloir attenter aux
propriétés, qu’on parvint à rendre odieux ceux qui, connaissant
la vraie liberté, savaient par quel moyen il fallait l’assurer à
leur patrie ; ceux enfin qui voulaient sincèrement établir une
constitution républicaine ».
« Ils
calomnient les amis de la liberté, et s’acharnent avec plus de
fureur contre ceux qui, capables de former des plans et de les
suivre, pourraient, s’ils avaient la confiance du peuple, sauver
l’État dans des circonstances orageuses et difficiles. Or, il est
aisé de voir que de tels moyens perdent toute leur force dès
l’instant où il existe une constitution adoptée par le peuple, où
tous les pouvoirs agissent suivant le mode qu’elle leur a fixé, et
restent dans les limites qu’elle leur a données ».
« L’esprit
actuel de la nation française est l’amour de l’égalité et de
l’indépendance personnelle, la haine de toute autorité qui
présente la moindre apparence d’arbitraire ou de perpétuité, le
désir de voir toutes les institutions nouvelles favoriser les
classes les plus pauvres et les plus nombreuses, et celui de
fraterniser avec les hommes de tous les pays qui aiment la liberté,
ou qui veulent la recouvrer ».
« Que
jamais elle ne se laisse soupçonner de pouvoir partager cette
opinion absurde, qu’il existe entre l’ordre et la liberté une
incompatibilité réelle ; qu’elle cherche, au contraire, à
détruire ce préjugé si funeste à la liberté, lorsqu'après de
longues agitations, le retour de l’ordre de-vient un besoin
impérieux pour la généralité du peuple ».
« Tous
les membres ont un même objet : l’établissement d’une
république fondée sur l’égalité et le maintien de la plus
entière unité. Personne n’a songé, ni à partager la France en
républiques confédérées, ni à soumettre les départements à la
capitale, ni à établir, sous une forme quelconque, une autorité
indépendante de la représentation nationale ».
« Ne
pouvant, ni entraîner par leur éloquence, ni triompher dans les
discussions par leurs lumières ou leurs talents, ils employèrent
leur adresse à supposer à leurs adversaires ou à leurs rivaux des
intentions secrètes et perverses. Au lieu de prouver leur opinion,
de résoudre les objections qu’on leur proposait, ils trouvaient
plus court d’établir que ceux qui n’étaient pas de leur avis
trahissaient la cause du peuple, et voulaient détruire la liberté ».
« Toute
assemblée représentative, dont les membres ne pourraient conserver
l’indépendance entière de leurs opinions, où ils seraient
obligés de garder le silence quand ils ne veulent être les
instruments d’aucun parti, et qu’ils ne peuvent en être la dupe,
une telle assemblée n’a plus cette liberté qu’exigent la nature
de ses fonctions et le succès de ses travaux. Or, le plus léger
doute sur la liberté d’une assemblée délibérante, ôte à ses
décisions cette autorité de confiance, non moins nécessaire que
l’autorité qui vient de la loi, et celle-ci même ne pour-rait
alors subsister longtemps ».
« Étranger
à tout parti, m’occupant à juger les choses et les hommes avec ma
raison et non avec mes passions, je continuerai de chercher la vérité
et de la dire ».
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