mardi 6 novembre 2018

L'esprit public du XVIII°siècles de Charles Aubertin





« Il y a deux sortes d’auteurs de Mémoires : il y a les chroniqueurs passionnés, d’une véhémence ou d’une aigreur intéressée, dont la personne, les idées, l’ambition sont fortement engagées dans les événements en train de s’accomplir, et qui prennent à partie les contemporains comme des ennemis ou des rivaux ; Saint-Simon et d’Argenson lui-même sont de ceux-là. Il y a les simples curieux, que le spectacle attire et qui ne demandent à leur Journal que la satisfaction du barbier de Midas ou le plaisir plus noble, vanté par Horace et cher à Lucilius : ce bonheur de pouvoir dire son mot et d’épancher son coeur dans la plus secrète des intimités, celle de l’écrivain avec lui-même, et en vue de cette vague postérité qu’on ne désire pas et qu’on n’est pas sûr d’avoir pour public posthume. De ce nombre est Barbier, en compagnie de Buvat et de Mathieu Marais ».

« Il n’est ni aussi secourable ni aussi terrible que le peuple aux gouvernants. Sa vraie fonction est de réveiller, aux époques languissantes, l’opposition découragée, et de dissiper les prestiges dont le pouvoir éblouit les multitudes, comme aussi d’amortir, à la façon d’un corps mou qui résiste par sa mollesse même, la furie populaire et les impatiences des novateurs ».



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