« Il
y a deux sortes d’auteurs de Mémoires : il y a les chroniqueurs
passionnés, d’une véhémence ou d’une aigreur intéressée,
dont la personne, les idées, l’ambition sont fortement engagées
dans les événements en train de s’accomplir, et qui prennent à
partie les contemporains comme des ennemis ou des rivaux ;
Saint-Simon et d’Argenson lui-même sont de ceux-là. Il y a les
simples curieux, que le spectacle attire et qui ne demandent à leur
Journal que la satisfaction du barbier de Midas ou le plaisir plus
noble, vanté par Horace et cher à Lucilius : ce bonheur de pouvoir
dire son mot et d’épancher son coeur dans la plus secrète des
intimités, celle de l’écrivain avec lui-même, et en vue de cette
vague postérité qu’on ne désire pas et qu’on n’est pas sûr
d’avoir pour public posthume. De ce nombre est Barbier, en
compagnie de Buvat et de Mathieu Marais ».
« Il
n’est ni aussi secourable ni aussi terrible que le peuple aux
gouvernants. Sa vraie fonction est de réveiller, aux époques
languissantes, l’opposition découragée, et de dissiper les
prestiges dont le pouvoir éblouit les multitudes, comme aussi
d’amortir, à la façon d’un corps mou qui résiste par sa
mollesse même, la furie populaire et les impatiences des
novateurs ».
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