« 207.
Parmi les hommes, il arrive que, pendant que certains soient
par nécessité forcés de travailler, d’autres soient abondamment
pour- vus de toutes choses par la peine et le
labeur des ceux qui leurs sont inférieurs. Or, chez ceux qui
occupent la position supérieure et aisée, si aucune occupation
appropriée n’est cultivée pour combler ce défaut de peine et de
labeur, si, au lieu de s’appliquer à toutes sortes de tâches
sociales (A.254) bonnes et honnêtes (comme les lettres, les arts,
l’agronomie, les affaires publiques, l’économie, etc.) 94,
ils négligent totalement tout devoir et toute occupation, alors
s’installent l’oisiveté, la mollesse et l’inactivité qui
doivent nécessairement produire un état relâché et dissolu et un
total désordre des passions et qui doivent jeter l’individu dans
les plus grands écarts de conduite que l’on puisse imaginer. »
« 209.
Or, si ce que nous avons avancé sur la constitution
interne est réel et juste et
s’il est vrai que la nature oeuvre selon un ordre et une régulation
justes aussi bien dans les passions et les affections que dans les
membres et les organes qu’elle forme, s’il apparaît aussi
qu’elle a ainsi constitué la partie interne que rien ne lui
est aussi essentiel que l’exercice et qu’aucun exercice n’est
aussi essentiel que celui de l’affection sociale ou
naturelle, il s’ensuit que, quand elle est affaiblie ou
supprimée, la partie interne doit nécessairement souffrir et
s’affaiblir. Qu’on s’applique à l’indolence, l’indifférence
et l’insensibilité comme à un art et qu’on les cultive avec le
plus grand soin, les passions ainsi entravées forceront leur prison
et, d’une façon ou d’une autre, recouvreront leur liberté et
trouveront un plein emploi. Il est sûr qu’elles se
créeront un exercice inhabituel et
contre nature si
elles sont séparées de celui qui est bon et naturel.
Ainsi, à la place d’une affection ordonnée et naturelle, une
affection nouvelle et contre nature sera cultivée et l’ordre et
l’économie internes seront détruits ».
« En
effet, celui qui est insociable et qui fuit volontairement la société
ou le commerce du monde doit nécessairement être morose et
méchant ».
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