Une
peur fondatrice Par Daniel Borillo
« Un livre sur l'homosexualité aurait été une
problématisation de l'homosexualité. Or, ma démarche était
contraire. J'étais impressionné par Jean-Paul Sartre qui disait
qu'il n'y a pas de question juive, et que le véritable problème est
l'antisémitisme. Pour moi, il n'y a rien à dire sur l'homosexualité
puisque ce n'est pas un problème. Le vrai problème est l'homophobie
alors qu'on n'en parle jamais. Je trouve même que parler
d’homosexualité est indécent. Faire parler des homosexuels ou des
transsexuels comme on montre des bêtes de foire, et les faire passer
pour des personnes malades qu'il faut faire évoluer, ou qu'il faut
comprendre et tolérer, cela me gêne. »
« Je pense que le terme « homophobie »
n'est pas bon. Mais il est consacré. Si on prend l'étymologie de ce
mot, la racine latine « homo » renvoie à l'humain et la
racine grecque « phobie » renvoie à la peur, à
l'angoisse. Ainsi, le terme « homophobie » désignerait
la peur humaine, ce qui n'a pas de sens. »
« Oui, car la ligne de partage n'est pas
homo/hétéro mais actif/passif. Dans l'identité sexuelle
patriarcale, c'est l'homme qui pénètre qui domine. »
« Ce n'est pas un phénomène qui a toujours
existé. Il était absent du monde païen, des civilisations
précolombiennes ou autochtones australiennes. »
La dernière encyclique sur la famille signée par le
pape, qui a une certaine autorité morale, précise que les
homosexuels doivent être tolérés mais que l'homosexualité doit
être fermement condamnée . On est face à une communauté homophobe
très structurée, autour de l'église catholique et d'autres
courants religieux. »
« Par la conjonction des débats entre ces deux
formes d'homophobies, une homophobie beaucoup plus civilisée
apparaît : l'homophobie libérale. Elle consiste à dire qu'il
ne faut pas faire de mal aux homosexuels bien qu'ils soient
dangereux. »
Mais pour moi, la tolérance est la version laïcisée
de la charité chrétienne, de la pitié. Tolérer signifie supporter
à contre-coeur. C'est une concession faite sur laquelle on peut
revenir, puisque ce n'est pas un droit. »
« Quant à l'homophobie stalinienne, elle est
basée pour les communistes sur l'idée que l'homosexuel est un
bourgeois décadent, tandis qu'il est l'ouvrier décadent pour les
capitalistes ».
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