dimanche 25 novembre 2018

Vladimir Illitch Lenine Que faire ?






« La social-démocratie doit se transformer de parti de révolution sociale en parti démocratique de réformes sociales. Cette revendication politique, Bernstein l'a entourée de toute une batterie de "nouveaux" arguments et considérations assez harmonieusement orchestrés. Il nie la possibilité de donner un fondement scientifique au socialisme et de prouver, du point de vue de la conception matérialiste de l'histoire, sa nécessité et son inévitabilité; il nie la misère croissante, la prolétarisation et l'aggravation des contradictions capitalistes; il déclare inconsistante la conception même du "but final" et repousse catégoriquement l'idée de la dictature du prolétariat; il nie l'opposition de principe entre le libéralisme et le socialisme; il nie la théorie de la lutte de classes, soi-disant inapplicable à une société strictement démocratique, administrée selon la volonté de la majorité, etc. »

« Ceux qui ne ferment pas sciemment les yeux ne peuvent pas ne pas voir que la nouvelle tendance "critique" dans le socialisme n'est qu'une nouvelle variété de l'opportunisme. Et si l'on juge des gens, non pas d'après le brillant uniforme qu'ils ont eux-mêmes revêtu ou le nom à effet qu'ils se sont eux-mêmes attribué, mais d'après leur façon d'agir et les idées qu'ils propagent effectivement, il apparaîtra clairement que la "liberté de critique" est la liberté de la tendance opportuniste dans la social démocratie, la liberté de transformer cette dernière en un parti démocratique de réformes, la liberté de faire pénétrer dans le socialisme les idées bourgeoises et les éléments bourgeois. »

« La question se pose maintenant : étant donné ces particularités de la "critique" et du bernsteinisme russes, quelle devait être la tâche de ceux qui, réellement, et non pas seulement en paroles, voulaient combattre l'opportunisme ? Tout d'abord, il fallait songer à reprendre le travail théorique, qui, à peine commencé à l'époque du marxisme légal, retombait maintenant sur les militants illégaux; sans ce travail, la croissance normale du mouvement était impossible. Ensuite, il était nécessaire d'engager une lutte active contre la "critique" légale qui pervertissait à fond les esprits. Enfin, il fallait s'élever vigoureusement contre la dispersion et les flottements du mouvement pratique, en dénonçant et réfutant toute tentative de rabaisser, consciemment ou inconsciemment, notre programme et notre tactique. »

« Si vraiment il est nécessaire de s'unir, écrivait Marx aux chefs du parti, passez des accords en vue d'atteindre les buts pratiques, du mouvement, mais n'allez pas jusqu'à faire commerce des principes, ne faites pas de "concessions" théoriques. Telle était la pensée de Marx, et voilà qu'il se trouve parmi nous des gens qui, en son nom, essayent de diminuer l'importance de la théorie ! »
« Deuxièmement, le mouvement social-démocrate est, par son essence même, international. Il ne s'ensuit pas seulement que nous devons combattre le chauvinisme national. Il s'ensuit encore qu'un mouvement qui commence dans un pays jeune ne peut être fructueux que s'il assimile l'expérience des autres pays. Or pour cela il ne suffit pas simplement de connaître cette expérience ou de se borner à recopier les dernières résolutions : il faut pour cela savoir faire l'analyse critique de cette expérience et la contrôler soi-même. Ceux qui se rendent compte combien s'est développé le mouvement ouvrier contemporain, et combien il s'est ramifié, comprendront quelle réserve de forces théoriques et d'expérience politique (et révolutionnaire) réclame l'accomplissement de cette tâche. »

« Les ouvriers, avons-nous dit, ne pouvaient pas avoir encore la conscience social-démocrate. Celle-ci ne pouvait leur venir que du dehors. L'histoire de tous les pays atteste que, par ses seules forces, la classe ouvrière ne peut arriver qu'à la conscience tradeunioniste, c'est-à-dire à la conviction qu'il faut s'unir en syndicats, mener la lutte contre le patronat, réclamer du gouvernement telles ou telles lois nécessaires aux ouvriers, etc. Quant à la doctrine socialiste, elle est née des théories philosophiques, historiques, économiques élaborées par les représentants instruits des classes possédantes, par les intellectuels. Les fondateurs du socialisme scientifique contemporain, Marx et Engels, étaient eux-mêmes, par leur situation sociale, des intellectuels bourgeois. »

« Les phrases de ce genre ont toujours été l'arme préférée des bourgeois d'Occident qui, haïssant le socialisme, travaillaient eux-mêmes (comme le "social-politique" allemand Hirsch) à transplanter chez eux le trade-unionisme anglais, et disaient aux ouvriers que la lutte uniquement syndicale est une lutte justement pour eux et pour leurs enfants, et non pour de vagues générations futures avec un vague socialisme futur. Et voici que les "V. V. de lia social-démocratie russe" se mettent à répéter ces phrases bourgeoises. Il importe de marquer ici trois points qui nous seront d'une grande utilité dans notre analyse des divergences actuelles. »

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