n. f. (latin metamorphosis)
Les métamorphoses sont des transformations profondes de l'aspect de certains
animaux subies au tours de leur évolution depuis leur sortie de l'œuf jusqu'à
leur forme définitive d'animal adulte et parfait. Ces transformations
paraissent surprenantes en certains cas parce qu'elles s'effectuent assez
brusquement sous nos yeux et que chaque forme différente dure un certain temps,
comme par exemple dans le cas du papillon vivant tout d'abord sa vie larvaire
de chenille rampante avant de se muer en chrysalide et de prendre son vol, mais
tous les êtres vivants, sans exception, passent par des transformations aussi
étonnantes, depuis la formation du germe qui les engendra jusqu'à leur forme
adulte et définitive. Chaque être actuel, étant le terme d'une longue série de
transformations subies par tous ses ascendants partis des formes les plus primitives,
résume plus ou moins nettement et brièvement une partie de ces formes
intermédiaires, parce que chacune d'elles est le produit des réactions
inévitables de la matière vivante en équilibre avec les forces
physico-chimiques du milieu. C'est ainsi que la segmentation de l'œuf, la
formation des cellules, l'assimilation, l'accroissement, etc., présentent, à
peu près, les mêmes particularités dans tout le règne animal. Les premières
manifestations de la vie des êtres soumis à des causes semblables se ressemblent
donc quelque peu, mais chaque espèce actuelle a sa forme d'équilibre spécifique
déterminée par la composition chimique de ses éléments, lesquels, par une suite
d'actions et de réactions avec le milieu ambiant, évoluent, se fixent et se
cristallisent en une forme ultime constituant l'animal adulte. Si l'être humain
passe ainsi par toutes sortes de transformations, celles-ci sont graduelles et
continues jusqu'à la formation du fœtus et s'effectuent hors de notre vue,
tandis que les métamorphoses sont des transformations apparentes, accélérées et
très accentuées. Chez certains insectes la différence entre la jeune larve et
l'individu parfait n'est pas très grande et consiste en une différence de
taille, ou d'apparition d'ailes. Tels sont les pucerons, sauterelles, criquets,
blattes. Par contre les abeilles, fourmis, scarabées, papillons ont, au sortir
de l'œuf, un aspect vermiforme et en cet état se montrent très voraces ; une
deuxième transformation les mue en nymphe presque immobile avant leur forme
finale. Lubbock suppose que tous les insectes proviennent d'une même forme
ancestrale, quelque peu semblable au tardigrade actuel et se rapprochant de
l'état larvaire . Ce n'est que leur adaptation ultérieure aux conditions
variables du milieu qui les aurait diversifiés et, de fait, la nourriture et la
température paraissent avoir une importance considérable sur leur évolution.
D'autre part les têtards de grenouilles, privés de leur glande thyroïde, ou
alimentés avec du thymus, grandissent sans jamais se métamorphoser ; mais ils y
parviennent à l'aide de l'iode : inversement, si on les alimente avec de la
thyroïde, la métamorphose s'effectue plus rapidement que la croissance et les
grenouilles restent naines. Des pucerons, normalement aptères, vivant sur des
rosiers arrosés avec des sels de magnésium, acquièrent des ailes. Certaines
chenilles, vivant habituellement sur le pêcher, transportées sur des acacias se
transforment en une espèce voisine de celle vivant sur ceux-ci. Chaque mue
serait ainsi déterminée par des réactions spéciales déterminées par le milieu,
s'ajoutant les unes aux autres et le polymorphisme, apparemment volontaire, des
abeilles, des termites et des fourmis s'expliquerait assez aisément. Les
phénomènes internes des métamorphoses sont entièrement effectués par les
globules du sang, fonctionnant comme phagocytes en lesquels se résorbent la
plupart des organes, muscles, glandes, etc. pendant la nymphose. Ces globules
eux[1]mêmes
doivent subir une modification chimique très caractéristique et leur équilibre
nouveau entraîne inévitablement des réactions nouvelles. C'est la période
d'histolyse. Pendant la période suivante d'histogenèse, les tissus et organes
se reforment et constituent l'être parfait. Les métamorphoses ne sont donc que
les effets apparents des modifications chimiques intérieures produites soit par
l'évolution même des êtres accumulant d'imperceptibles variations, soit par
l'influence directe du milieu extérieur provoquant ces mêmes variations. Les
métamorphoses de certains polypes, semblables à des plantes, en méduses
flottantes à forme de cloche munies de tentacules sont assez curieuses mais les
plus extraordinaires transformations paraissent réalisées par les Sacculines,
sorte de tout petits crustacés vivant en parasite sur le crabe vulgaire. À sa
sortie de l'œuf l'être microscopique prend la forme larvaire d'un nauplius,
c'est-à-dire un aspect ovale, transparent, avec un œil médian et trois paires
de membres munis de filaments. Après quatre mues l'animal, enfermé dans une
coquille bivalve semblable à une très petite moule, se fixe la nuit sous de
tout petits crabes ; puis, en une cinquième mue, rejetant la plupart de ses
organes, sauf les glandes sexuelles, il se change en une sorte de sac appelé
kentrogou. En trois mues successives ce sac vivant enfonce une aiguille creuse
à, travers la carapace du jeune crabe et par cet étroit canal les cellules
informes pénètrent dans leur hôte et là, se développent sous formes de
ramifications, envahissent totalement le crabe, depuis les pattes jusqu'aux
yeux, mais respectant le cœur et les branchies. Vivant de l'organisme même du
crabe, la Sacculine n'a presque plus d'organe propre et se réduit à quelques
muscles, des ganglions nerveux et des glandes sexuelles. L'accroissement du
parasite devient tel qu'il perce la carapace de sa victime et fait une énorme
saillie au dehors. C'est dans cette partie que se formeront les œufs, lesquels,
à leur maturité, se détacheront et recommenceront le cycle des transformations.
Les découvertes ultérieures de la biologie éclaireront d'une façon plus précise
le rôle des constituants chimiques de toute cellule et les conséquences
morphologiques de leurs modifications créant non seulement les métamorphoses
mais encore tous les phénomènes de la vie, y compris ceux de la sénilité et de
la mort. ―
IXIGREC
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