Au procès d'Alexandre Jacob et de ses complices à Amiens.
Pelissard interrogé le jour du procès:
"-Pélissard, vous avez quelque chose à déclarer pour votre défense?
-Je n'ai pas à me défendre. Je suis un enfant de la Nature, ennemi de celle des hommes...
Les lois naturelles feraient de la terre un paradis. Les lois humaines en font un enfer.
Je suis surpris d'être trainé devant vous pour des jeux d'enfant, après ce qui me fut enseigné au régiment. Au Tonkin, je vis des soldats français se ruer sur des indigènes inoffensifs, les égorger furieusement, après avoir incendié leurs villages où ils étaient réfugiés, et cela parce qu'ils refusaient de porter nos bagages à des centaines de lieues de là, loin de leur foyer...
La bourgeoisie est une association de malfaiteurs légale qui empêche les autres de prendre le pouvoir...
La presse est une meute, aboyant au service de la police, qui tolère ses rapines et ses chantages.
La police? Le plus puissant moyen pour rendre un peuple vil et lâche.
La justice: une balance qui pèse plus ou moins pour le même fait, selon qu'on est riche ou pauvre...
L'anarchie est l'idéal sublime de ceux qui gémissent, et la poésie des esprits féconds.
C'est tout ce que j'avais à dire."
Témoignage de Baudy:
"Cela ne faisait que repousser le problème. Le dilemme où je me trouvais était en réalité provoqué par la police: "vivre ou mourir? Mais mourir comment? En crevant de faim dans une rue au coin d'une borne, comme un chien, ou bien échapper à cette agonie par une mort violente maisd chaleureuse, le suicide? V ivre? Mais alors, c'était enfreindre les lois que le code réprime. Des deux maux, j'ai chois le moindre: après un violent combat contre tous mes scrupules, l'instinct de conservation aidant, j'eus recours au vol comme moyen de salut. Loin de moi l'idée d'élever le vol en principe, comme je l'éxècre, ainsi que tout ce qui est contraire à la loyauté et à la franchise. J'estime que tout être valide doit, selon sa force et ses capacités, contribuer pour sa quote-part aux richesses sociales, et que quiconque, bénéficiant de ces mêmes richesses, se soustrait à ses obligations, est un usurpateur. Le droit impose des devoirs. Mais logiquement, peut-on accuser d'être voleur celui qui , n'ayant pas d'autres ressources, prend par besoin ce qu'on lui refuse par le travail? Je ne crois pas que les présidents ders assises aient été d'accord."
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