dimanche 2 janvier 2022

Les médecins maudits par Christian Bernadac

"À Auschwitz, je reçus le numéro 132266. Un soir on ordonna à tous les Juifs âgés de vingt à vingt-quatre ans de se présenter au bureau. Je n’y allai pas. Vingt prisonniers furent sélectionnés et durent se présenter à un médecin le jour suivant. Ils revinrent mais personne ne sut ce qu’on avait fait à ces vingt-là. Une semaine plus tard, vingt autres Juifs de vingt à vingt-quatre ans furent choisis. Mais cette fois la sélection fut faite par ordre alphabétique et je fus l’un des premiers. On nous amena à Birkenau dans le camp de travail des femmes. Là, un médecin de grande taille, en uniforme de l’Armée de l’Air arriva à motocyclette . Nous fumes contraints de nous déshabiller et nos organes sexuels furent placés sous un appareil pendant quinze minutes. Cet appareil chauffa fortement nos organes et les parties environnantes qui, plus tard, devinrent noires. Après ce traitement, nous dûmes reprendre notre travail immédiatement. Quelques jours après les organes sexuels de la plupart de mes camarades suppurèrent et ils eurent les plus grandes difficultés à marcher. Malgré cela ils durent travailler jusqu’à l’évanouissement ; ceux qui s’évanouirent furent envoyés à la chambre à gaz… 

…Deux semaines plus tard, nous fûmes conduits au block 20 d’Auschwitz. Là, on nous opéra. Nous reçûmes une injection dans le dos qui rendit insensible la partie inférieure du corps. On nous enleva les deux testicules. J’ai pu suivre toute l’opération dans le miroir d’une lampe.

 — Le Président : Témoin, n’ayez aucune crainte.

— Excusez-moi si je pleure… Pendant trois semaines je restai à l’hôpital. Nous y avions très peu de nourriture mais beaucoup de mouches et de vermine… Pendant la grande fête juive, soixante pour cent des malades furent transportés à la chambre à gaz. J’ai été libéré le 30 avril 1945 par les Américains. Je me sens très découragé et j’ai honte de ma castration. Le pire est que je n’ai aucun avenir… Je mange très peu et malgré cela je deviens très gras… J’ai entendu parler du procès et j’ai pensé que c’était mon devoir de venir témoigner… …Tout cela parce que j’étais Juif. Je demande au tribunal de ne publier mon nom en aucun cas. 

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