samedi 1 janvier 2022

Les anarchistes : Ce qu’ils font et ce qu’ils ne font pas. Sébastien Faure Partie 2

 J'aimerais avant de commencer faire un petit commentaire sur l'introduction de ces jeunes libertaires.

Que le texte de Faure soit rhétorique n'est pas un problème en soit puisque cela veut dire qu'il est bien écrit et que cela nous changer de ceux qui ne savent ni parler ni écrire de nos jours. 

Qu'il soit enthousiaste n'est pas non plus une gêne en soit puisque, de nos jours, ce qui nous manque le plus c'est de l'enthousiasme a voulu participer à créer une autre société. La perte d'enthousiasme construit pierre après pierre par une éducation nationale aux ordres du libéralisme et des puissances, fait que nous en sommes où nous en sommes aujourd'hui. Chaque nouvel abandon d'un petit rien de ce que l'on est nous amène inévitablement à une défaite.

Et notre défaite principale est faite de ces multiples défaites.

Et maintenant le texte, prenez plaisir et réfléchissez et adaptez, vous en êtes largement capables.


Le texte de Sébastien Faure


On connait peu les anarchistes et, ce qui est pis, on les connait mal.

Interrogez cent personnes dans la rue et demandez leur ce qu'elles savent des anarchistes. Beaucoup répondront par un écartement des bras ou un haussement des épaules qui exprimeront leur ignorance. D'autres, ne voulant pas avancer qu'elles n'en savent rien et s'estimant suffisamment renseignées par le journal dont elles recueillent dévotement les informations, répondront:

"Les anarchistes sont de vulgaires bandits. Sans scrupumles comme sans pitié, ne respectant rien de ce qui, pour les honnêtes gens, est sacré: la propriété, la loi, la patrie, la religion, la morale, la famille, ils sont capables des pires actions. Le vol, le pillage et l'assassinat sont érigés par eux en actes méritoires."

"Ils prétendent servir un magnifique idéal: ils mentent. En réalité, ils ne servent que leurs bas instincts et leurs passions abjectes."

"Il se peut que dans leurs rangs se fourvoient quelques sincères. Ceux-là sont des impulsifs, des illuminés, fanatisés par les meneurs qui les précipitent au danger tandis qu'eux, les lâches, se tiennent jalousement à l'écart des responsabilités."

"Au fond, leur unique désire de vivre sans rien faire, après s'être emparé des biens que le travailleur économe a péniblement épargné. Ces gens-là ne sont que des bandits et des bandits parmi les plus dangereux et les plus méprisables, parce que, pour dissimuler le but véritable que se proposent leurs odieux forfaits, ils ont l'impudence d'évoquer les glorieux et immortels principes sur lesquels il est nécessaire et désirable que repose toute société: égalité, justice, fraternité, liberté."

Si les privilégiés qui tremblent sans cesse de se voir ravir les prérogatives dont ils bénéficient étaient les seuls à proférer de tels propos, cela s'expliquerait; encore que ce langage serait l'attestation de leur ignorance et de leur mauvaise foi.

Le malheur est que pensent et parlent de la sorte une foule, de moins en moins considérable il est vrai, mais tout de même, fort nombreux encore, de pauvres diables qui n'auraient à perdre et qui, au contraire, auraient tout à gagner, si l'organisation sociale actuelle disparaissait.

Et pourtant, la littérature anarchiste est déjà copieuse et riche en enseignements clairs, en thèses précises, en démonstrations lumineuses.

Depuis un demi-siècle, il s'est levé toute une pléiade de penseurs, d'écrivains et de protagonistes libertaires qui, par la parole, oar la plume et par l'action, ont répandu, en toutes langues et en tous pays, la doctrine anarchiste, ses principes et ses méthodes; en sorte que chacun devrait être à même d'adopter ou de repousser l'anarchisme, mais que personne, aujourd'hui, ne devrait l'ignorer.


C'est le sort de tous les porteurs de flambeau d'être abominablement calomniés et persécutés; c'est le sort de toutes les doctrines sociales qui s'attaquent aux mensonges officiels et aux institutions en cours, d'être dénaturés, ridiculisées et combattues à l'aide des armes les plus odieuses.


Vers la fin du XVIII° siècle, ce fut le cas des principaux ouvriers de la Révolution française et des principes sur lesquels ils prétendaient jeter les bases d'un monde nouveau; pendant la première moitié du XIX° siècle, qui assista à l'écrasement de la République "Une et indivisible"  par l'Empire, la Restauration et la monarchie de juillet, ce fut le cas des républicains , pendant la seconde moitié du XIX° siècle, qui vit éclore et se développer le triomphe de la démocratie qu'ils entendaient substituer au démocratisme bourgeois; à l'aurore du XX° siècle qui enregistre l'accession des socialistes au pouvoir, il est fatal que les anarchistes soient calomniés et persécutés et que leurs conceptions , qui s'attaquent aux mensonges et aux institutions en cours, soient dénaturées, ridiculisées, et combattues par les moyens les plus perfides.

Mais c'est le devoir des annonciateurs de la vérité nouvelle de confondre la calomnie et d'opposer aux coups incessants du mensonge la constante riposte de la vérité. Et, puisque les imposteurs et les ignorants -ceux-ci sous l'influence de ceux-là- s'obstinent à vilipender nos sentiments et à travestir nos conceptions, je crois nécessaire d'exposer, en un raccourci aussi net que possible: qui nous sommes, ce que nous voulons et quel est notre idéal révolutionnaire.



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