mercredi 5 janvier 2022

Les médecins maudits par Christian Bernadac

 "L’homme qui en 14-18, voulait à tout prix imposer cette forme de guerre, récidiva en 1941. Il inonda les maîtres du Reich de lettres, de rapports, de conclusions. Il était médecin colonel et s’appelait Winter : —En avril 1916, alors que j’étais médecin au quartier général du 21e corps d’armée, je soumis au ministère de la Guerre un mémorandum sur la guerre bactérienne et suggérai une attaque sur Londres et les ports anglais avec l’arme la plus efficace et la plus terrifiante : le bacille de la peste… Je me rendis auprès de l’adjoint du directeur du Service de Santé de l’Armée. Après avoir écouté en silence, il me congédia en disant que si nous prenions cette mesure, nous ne serions plus dignes d’exister en tant que nation. Une fois de plus, l’Allemagne se trouve au milieu d’une lutte sans merci. Il n’y a pas de retour en arrière possible. La lutte contre un tel ennemi exclut toute pitié et tous les traités deviennent nuls ; cela s’applique également aux échanges de notes entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne selon lesquelles, en accord avec le protocole de Genève du 27 juillet 1925, les deux pays se sont engagés à ne pas utiliser des gaz ou des bactéries dans la guerre. L’arme bactérienne cependant sera le seul moyen de combattre efficacement les Anglais et les Américains sur leur propre sol. Actuellement le nombre des opposants à une guerre bactérienne est encore élevé, moins à cause des raisons morales que par manque du sens de la responsabilité et par peur. La guerre totale ne permet pas de considérations morales. Elle connaît seulement la loi de détruire l’ennemi à tout prix et par tous les moyens qui offrent une chance de succès."

"Magnifique profession de foi ! Ce n’est pas tout. Après avoir démontré la résistance de plusieurs bacilles « efficaces et reproductifs » malgré un mois de vie au grand air, Winter poursuit : —J’ai travaillé soigneusement aux détails de la technique nécessaire que je ne décrirai pas ici pour la raison du secret. Le plan ultérieur doit être remis à une commission technique dans laquelle il n’y aura pas de place pour les âmes timorées à préoccupations professorales et scientifiques ou objections humanitaires. Une telle action réclame des hommes résolus, déterminés à tout risquer pour leur pays. Dans une lutte pour la vie, je cite le comte Rebenklow, on ne doit pas s’arrêter aux armes qu’on utilise ni aux valeurs qu’on détruit. La seule considération est le succès de la lutte. Après la paix, viendra la réparation des dommages. Je désire également préciser que la guerre bactérienne possède l’avantage du bon marché. Nous pourrions utiliser le bacille de la peste, qui est le plus dévastateur de tous. Et comment donc! Ainsi soit-il ! Kliewe brandit son paratonnerre-parapluie et répond : —Ces réflexions sur la guerre biologique écrites sous le coup d’un ardent amour de la patrie, contiennent des suggestions bien connues qui ont été discutées par les experts. Que la guerre bactérienne soit déclarée sous cette forme ou sous une autre, ou pas du tout, cela dépend du Führer."

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