dimanche 3 février 2019

No Pasaran Numéro spécial Anti-Patriacat

Viol : une justice sexiste

"Quand un terme argotique utilisé par des violeurs pour désigner leur crime est adopté "spontanément" par les médias et, du coup, par une bonne partie de la population, cela révèle un malaise. Substituer "tournante" à "viol collectif" fait peut-être plus "actuel" mais cela exprime d'abord le sexisme ( et le racisme) de la société: on noie la notion de viol-ence dans un mot "exotique" ( et donc une pratique) exportée de la "banlieue""

"La seconde étape est une expertise psychiatrique. Initialement prévue pour mesurer les séquelles psychologiques de l'agression, elle sert au fond à établir si nous sommes fabulatrices. Le viol est le seul cas où ces évaluations de la crédibilité de la plaignante d'un crime sont requises. Soulignons qu'à l'inverse, l'expertise de personnalité à laquelle est soumis le violeur sert essentiellement à la défense pour découvrir des circonstances atténuantes du type "enfance malheureuse". Au final, aboutissent, en général, les viols jugés "conformes": avec des preuves physiques ( traces de coups, présence de sperme...) ayant eu lieu dans la rue, la nuit, par un inconnu...Quant à ceux qui se déroulent dans les appartements, entre personnes qui se connaissent, entre époux, sans signes de torture, c'est à dire la majorité des viols: ils finissent plus facilement par un classement sans-suite, par un non-lieu ou par une déqualification en "agression sexuelle" - qui renvoie la plaignante des assises en correctionnelle et surtout nie la nature du crime."

"Croire à la pulsion sexuelle irrépressible et à la perte de contrôle, c'est méconnaître la nature politique du viol. Comme les autres violences sexistes, "il est la conséquence de la subordination des femmes envers les hommes et un moyen de maintenir cette subordination. Les actes de violence sur les femmes sont des actes de contrôles et non pas de perte de contrôle."  La société profondément sexiste dans laquelle nous vivons trouve donc un intérêt dans ces agressions et la déresponsabilisation des hommes violents. Elle s'en sert pour délimiter clairement les rôles ( et la valeur) de chaque genre.

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