« Le défaut capital de l'école orthodoxe en
économie politique – l'école libérale ou, plus exactement,
anarchique – consiste à séparer en principe le domaine économique
du domaine moral, le défaut capital du socialisme consiste à
confondre plus ou moins à identifier à tort ces deux domaines
distincts, bien qu'indivisibles. »
« La lutte entre les deux camps hostiles n'est pas
une lutte de principe, elle n'a pas lieu à raison de ce qui est
contenu dans le principe, mais seulement au sujet de l'extension de
sa réalisation ; les uns ont souci de la prospérité
matérielle de la minorité capitaliste, les autres ont le souci de
la prospérité pareillement matérielle de la majorité ouvrière ;
et, dans la mesure où cette majorité, la classe ouvrière
elle-même, commence à se préoccuper exclusivement de son intérêt
matériel, elle se révèle aussi cupide et égoïste que ses
adversaires et perd l'avantage moral qu'elle avait sur ceux-ci. »
« Les socialistes et leurs adversaires apparents –
lrs ploutocrates – se donnent inconsciemment la main sur le point
essentiel.La ploutocratie soumet les masses du peuple à ses intérêts
cupides et égoîstes, en dispose à son propre avantage, n'y voyant
que des travailleurs, des producteurs de richesses matérielles. Le
socialisme proteste contre « semblable exploitation »,
mais sa protestation est superficielle, elle est dépourvue de
fondement de principe, puisque le socialisme lui-même ne reconnaît
en l'homme qu'un agent économique ( ou, en tout cas, plus que tout
et avant tout)- et, s'il n'est que cela, il n'y a pas de raison
essentielle pour le protéger contre cette exploitation. »
« Quand la peur de la révolution sociale incite
les ploutocrates à invoquer sans sincérité les principes et
l'idéal, ceci apparaît comme un jeu inutile : les masques de
morale et religion, dont ils se couvrent en hâte, ne trompent pas
les masses populaires qui sentent bien quel est le véritable objet
de culte de leurs maîtres, ayant appris de leurs supérieurs ce
culte, les ouvriers veulent en être les sacrificateurs et non les
victimes. »
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