« Pour découvrir les meilleures règles de
société qui conviennent aux nations, il faudroit une intelligence
supérieure qui vit toutes les passions des hommes et qui n'en
éprouvât aucune ; qui n'eut aucun rapport avec notre nature et
qui la connut à fond ; dont le bonheur fut indépendant de nous
et qui pourtant voulut bien s'occuper du notre ; enfin, qui dans
le progrès des tems se ménageant une gloire éloignée, put
travailler dans un siècle et jouir dans un autre. »
« Les usurpateurs amènent ou choisissent toujours
ces tems de troubles pour faire passer, à la faveur de l'effroi
public, les lois destructives que le peuple n'adopteroit jamais de
sang froid. Le choix du moment de l'institution est un des caractères
les plus sûrs par lesquels on peut distinguer l'oeuvre du
législateur d'avec celle du tyran. »
« Si l'on recherche en quoi consiste précisément
le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout sistème de
législation, on trouvera qu'il se réduit à deux objets
principaux : la liberté et l'égalité. La liberté, parce que
toute dépendance particulière est autant de force ôtée au corps
de l'état ; l'égalité parce que la liberté ne peut subsister
sans elle. »
« ..quand à la richesse , que nul citoyen ne soit
assez opulent pour en pouvoir acheter un autre, et nul assez pauvre
pour être contraint de se vendre. Ce qui suppose du côté des
grands modération de biens et de crédits, et du côté des petits,
et convoitise. »
« D'où il suit que, plus l'état s'agrandit, plus
la liberté diminue. »
« D'un autre côté, l'agrandissement de l'état
donnant aux dépositaires de l'autorité publique plus de tentations
et de moyens d'abuser de leur pouvoir, plus le gouvernement doit
avoir de force pour contenir le peuple, plus le souverain doit en
avoir à son tour pour contenir le gouvernement. »
« (De la démocratie) à prendre le terme dans la
rigueur de l'acception, il n'a jamais existé de véritable
démocratie, et il n'en existera jamais. Il est contre l'ordre
naturel que le grand nombre gouverne et que le petit soit gouverné.
On ne peut imaginer que le peuple reste incessamment assemblé pour
vaquer aux affaires publiques, et l'on voit aisément qu'il ne
sauroit établir pour cela des commissions sans que la forme de
l'administration change. »
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