Philosophiquement
et théologiquement l'essence est ce qui constitue la nature d'une
chose. Ce qui est, ce qui existe. « Nous ne sommes sûrs de
connaître complètement l'essence de quoi que ce soit, a dit
Lachâtre, si ce n'est des concepts de notre esprit ». Pour ceux qui
ramènent tout à Dieu, « Dieu est l'essence première de toute
chose ». Un tel axiome permet évidemment toute les déviations
philosophiques et est une explication simpliste pour ceux qu'anime le
désir de savoir et de connaître, et nous préférons, anarchistes,
accepter comme axiome la proposition suivante de Bakounine : « Tout
ce qui est, les êtres qui constituent l'ensemble indéfini de
l'Univers, toutes les choses existantes dans le monde, quelle que
soit, d'ailleurs, leur nature particulière, tant sous le rapport de
la qualité que sous celui de la quantité, les plus différentes et
les plus semblables, grandes ou petites, rapprochées ou immensément
éloignées, exercent nécessairement et inconsciemment, soit par
voie immédiate et directe, soit par transmission indirecte, une
action et réaction perpétuelles et toute cette quantité infinie
d'actions et de réactions particulières en se combinant en un
mouvement général, constitue ce que nous appelons la vie, la
solidarité et la causalité universelle : la NATURE. Appelez cela
Dieu, l'Absolu, si cela vous amuse, que m'importe pourvu que vous ne
donniez à ce mot Dieu d'autre sens que celui que je viens de
préciser : celui de la combinaison universelle naturelle, nécessaire
et réelle, mais nullement prédéterminée, ni préconçue, ni
prévue, de cette infinité d'actions et de réactions particulières
que toutes les choses réellement existantes exercent incessamment
les unes sur les autres » (Bakounine, Système du Monde, œuvres
tome III, pp. 217, 218). Nous voyons par ce qui précède que
Bakounine considère que la nature est l'essence de toute chose, et
qu'il lui importe peu qu'on la dénomme Dieu, Absolu, ou qu'on la
désigne sous tout autre terme. Le Dieu de Spinoza, le célèbre
panthéiste du XVIIème siècle, est également l'essence première
de toute chose, mais bien que le système de Spinoza ait été,
interprété différemment par différentes écoles philosophiques,
il apparaît que son Dieu n'est pas celui des croyants mais celui des
athées, et que du spinozisme découle directement le déterminisme
universel. * * * Chimiquement on donne le nom d'essences naturelles
aux produits aromatiques extraits des végétaux. Essence de roses,
essence de violettes, essence de menthe, etc... ; les essences
artificielles sont des substances aromatiques obtenues par des
compositions chimiques et destinées à remplacer certaines essences
naturelles dont le prix de revient est trop élevé. Les essences
minérales que l'on emploie pour le chauffage, l'éclairage et aussi
comme carburant dans les moteurs à explosions sont obtenues par
distillation des pétroles bruts. En raison de son inflammation, la
manipulation de l'essence minérale est des plus dangereuses.
L'essence minérale est donc un sous-produit du pétrole, et,
malheureusement, ce produit si utile, si nécessaire à l'activité
de la vie moderne, menace de mettre à nouveau le monde à feu et à
sang. Les progrès de l'aviation provoquent une soif de pétrole dans
les différentes nations du monde et comme en régime capitaliste ce
ne sont pas les besoins mais les intérêts qui passent d'abord,
chaque groupe de capitalistes internationaux se dispute les sources
de pétrole actuellement contrôlées par l'Amérique et
l'Angleterre. Il est probable que la prochaine guerre, et cela se dit
ouvertement, sera la guerre du pétrole. Espérons que les peuples
qui ont versé tant de sang pour la défense des intérêts de leurs
maîtres respectifs, se refuseront à l'avenir à s'entretuer pour un
produit qui ne doit être la propriété de « personne » mais de
tous
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