MAIRIE DU
IIIe ARRONDISSEMENT
Citoyens,
Nous venons vous rendre compte de notre administration depuis le 1er
avril.
Au lendemain
du vote qui nous assurait la majorité de vos suffrages, en prenant
possession de la mairie du IIIe arrondissement, nous nous sommes
trouvés devant des bureaux vides ; tous les employés de l’état
civil ayant obéi au mot d’ordre des insurgés de Versailles, qui
était : abandonner toutes les administrations publiques pour isoler
la Commune et la rendre responsable de la désorganisation que leur
criminalité avait créée.
Nous aurions
pu nous emparer d’individus dont les services étaient dus, non à
un pouvoir politique, mais à la chose publique, et les obliger de
faire un travail qui intéresse toute la population.
Mais
pénétrés du sentiment que la Révolution restait à faire dans
toutes les administrations routinières, et qui ont fonctionné sous
la République du 4 septembre comme sous l’Empire, nous avons
accueilli sans regret le départ des anciens employés, persuadés
que nous les remplacerions avec avantage.
Voici, du
reste, un tableau qui est plus éloquent que tout ce que nous
pourrions dire :
Etat du
personnel de l’état civil de la mairie du IIIe arrondissement,
avec le chiffre de ses appointements jusqu’au 31 mars 1871 :
Un
secrétaire, chef des bureaux, ci par an 6 500 f. Un sous-chef 3 400
f. Trois commis … par an 3 000 fr. 9 000 f. Deux commis 2 700 fr. 5
400 f. Quatre commis — 9 600 f. Un commis 2 100 f. Un commis 1 500
f. Quatre commis 1 200 fr. 4 800 f. Soit par an 42 300 f.
Le jour même
où ces dix-sept employés abandonnèrent leur poste, ils étaient
remplacés par nos soins.
Seulement, à
ce chiffre de dix-sept, nous substituâmes celui, suffisant pour ce
travail, de neuf employés, qui réduiront cette somme de trois mille
cinq cent vingt-cinq francs à celle plus modique de quatorze cents
francs.
Dans les dix
premiers jours de gestion, nos employés ont eu un surcroît de
travail, et, quoique nouveaux dans l’administration, s’en sont
acquittés à la satisfaction du public, qui n’a pas un instant
souffert dans ses intérêts.
De plus, et
c’est tout dire à la honte des hommes qui ont toujours dirigé les
administrations municipales avec les errements de l’Empire, nous
avons trouvé des travaux de l’état civil en retard de plusieurs
mois.
Il est bien
entendu que nous n’incriminons en rien l’administration
précédente, qui recevait les ordres de la mairie de Paris, mais
nous appuyons sur ce fait que l’état déplorable des
administrations impériales a subsisté jusqu’à la Révolution
communale du 18 mars. Le travail rétribué à sa juste valeur ; le
mérite seul récompensé, plus de faveurs, plus de sinécures, voilà
notre programme.
Croirait-on
(et nous affirmons le fait) que pendant toute la durée de la guerre,
alors que l’on marchandait une allocation dérisoire à la garde
nationale, M. Jules Ferry exigeait que l’on donnât des
appointements à des jeunes gens sous les drapeaux, fils de famille
pour la plupart, et qui n’avaient pas besoin de cela pour vivre !
Ce
système-là, citoyens, doit avoir fait son temps. L’épuration
complète de l’administration nous procurera de grandes ressources,
qui nous permettront de nous sortir de la position critique où nous
ont mis l’intrigue, la corruption et la mauvaise foi de ceux qui
nous gouvernaient.
Pour les
services en dehors de l’état civil, et surtout pour celui de
l’assistance, nous voulons au plus tôt les simplifier ; améliorer
le sort des nécessiteux et établir par des enquêtes minutieuses
l’état des personnes vraiment dignes d’intérêt ; écarter les
demandes illégitimes, et surtout employer aux services divers qui
sont en rapport avec le public des personnes polies, remplissant sans
mauvaise grâce le devoir qui incombe à tous ceux qui ont du cœur.
Soulager la
misère.
Etre, en un
mot, les véritables mandataires de nos électeurs, en nous tenant
toujours à leur disposition quand des réclamations justes seront
produites ; rendre justice à tous, sans rechercher une vaine
popularité. Le sentiment du devoir accompli, l’assurance que nous
aurons rempli le mandat que vous nous avez confié, seront notre
récompense.
Nous voulons
chaque mois, chaque semaine, vous tenir au courant des intérêts
municipaux, qui sont les vôtres.
Et surtout
maintenir haut et ferme, jusqu’à la mort, le drapeau de la
République démocratique et sociale. Les membres de la Commune élus
du IIIe arrondissement, ARNAUD (ANTOINE), DEMAY, DUPONT (CLOVIS),
PINDY.
10 avril
1871.
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